MiraMIRAMémoire des Images Réanimées d'AlsaceCinémathèque régionale numérique
Recueil de souvenirs, récits intimes, fragments de vie, ce calendrier de l’Avent s’attache, chaque jour, à donner voix aux archives grâce à la mémoire et la parole de celles et ceux qui en sont les plus proches.
L'ensemble des montages a été réalisé par Julie Hafner
Voir le calendrier de 01 à 12
« Mon grand-père était à l'origine de la troupe de l’ensemble théâtral Strasbourgeois et a également écrit des pièces satiriques en alsacien.
Il avait récité la liste des articles du magasin Magmod, ancien nom des Galeries Lafayette, et proposait aux spectateurs de rajouter des produits à la liste. Les personnes aimaient participer et à chaque fois, la liste se rallongeait d'objets rigolos, en alsacien bien sûr… J'en ai les larmes aux yeux. »
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Un texte de Martine Eber, petite-fille de Victor Rombourg, cinéaste
Victor Rombourg était président de l’amicale de l’Assemblée du théâtre alsacien, association de comédiens, créée en 1939. Lui-même était acteur et écrivait des textes.
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« Camp itinérant en Corse en 1961
Depuis Altkirch, la colonie « Hirondelles », dirigée par M. Bartho fait découvrir à des jeunes élèves du Centre d’Enseignement Technique d’Altkirch, des pays ou des contrées dans le cadre d’un camp itinérant sous la tente canadienne. Les mots clés de cette expédition sont : découverte, autonomie, débrouille, partage, entre-aide et confiance.
En 1961 le camp emmène un groupe de jeunes en Corse. Après l’arrivée en bus à Marseille, colons et encadrants empruntent le Ferry pour une traversée en Méditerranée.
Le camp est installé sous l’ombre des arbres et à proximité d’une rivière de montagne. Les jeunes déjeunent sur les rochers et font leur toilette dans l’eau limpide mais fraîche du cours d’eau. Chacun participe quotidiennement à la préparation du repas, à la corvée de nettoyage de la vaisselle mais toujours dans la bonne humeur.
Lors de ce périple, les colons embarquent avec sac à dos dans un train typique de la compagnie locale pour un périple montagnard en groupe sur des sentiers escarpés. Petite exploration dans une faille rocheuse à l’abri du vent et autour d’un bon feu de bois mort. Casse-croûte sur le pouce, bivouac dans le sac de couchage et ascension matinale sur les hauteurs du sommet pour admirer le lever du soleil.
Puis ce sera la descente pour rejoindre la gare d’altitude où chacun reprendra le tortillard pour rejoindre le camp de base avec des souvenirs plein la tête. »
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Un texte d’Alain Quiquerez, ancien adhérent et actuel trésorier de l'Association Éducative et Populaire (Centre Jean Barthomeuf) de Chavannes-sur-l'Étang, dépositaire des films de Jean Barthomeuf
Professeur de mathématiques, Jean Barthomeuf fonde l’Association d'Education Populaire de Chavannes-sur-l'Etang en 1962. Il emmenait régulièrement les jeunes du village de 14 ans en bus à la découverte de pays comme l'Italie, la Tchécoslovaquie, les Baléares. Voyages qu'il a filmé et durant lesquels il initiait les jeunes à la caméra.
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Un portrait de cinéaste lui est consacré
« C'est le jeudi 28 mai 1981, le jour de l'Ascension.
La famille a organisé un pique-nique dans le jardin.
On a posé une échelle pour cueillir les cerises.
Les enfants se régalent.
Ils sont ravis de se retrouver entre cousins. »
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Un texte de Marie-Claude Prost, cinéaste
Marie-Claude Prost filme au format Super 8mm des années 1970 aux années 1980. Elle capte de nombreuses prises de vue familiales de Thann et de Mulhouse ou lors de vacances en Normandie
« Ce film, je ne l’ai jamais vu, mais il remue de vieux souvenirs, car j’ai pu le voir aujourd’hui sur la tablette de mon fils. En Alsace, la communion solennelle se faisait à 14 ans. Le curé était une personnalité importante du village. Entrée en pension à 10 ans, j’avais perdu de vue toutes mes camarades de classe, car je ne rentrais à la maison que tous les 15 jours. Pourtant, je me rappelle d’une communiante, Marie*. Elle avait déjà l’apparence d’une femme. Grande de taille, elle portait ce jour-là une superbe robe blanche à la coupe impeccable, frou-froutante et vaporeuse, une couronne de fleurs sur la tête : une vraie mariée. Quelques années plus tard, avec les aubes, on essaya de mettre tout le monde à égalité. Autre fait marquant : certaines familles commençaient déjà la liste de mariage de leur fille. Ainsi, on pouvait offrir un couvert, une ou deux assiettes, une nappe etc. à la communiante. Au point de vue religieux, il n’y avait pas de doute possible et se poser des questions ne se faisait pas. On jurait fidélité à l’Eglise Catholique. A l’époque, la communion solennelle se préparait longtemps à l’avance, c’était une grande fête religieuse et familiale, où le paraître tenait une grande place. Quels sacrés souvenirs ! »
* Le prénom a été changé.
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Un texte de Geneviève Pommereuil-Schmidt, fille de Pierre Schmidt, cinéaste
Le docteur Pierre Schmidt, né en 1912 à Strasbourg, fut durant la Seconde Guerre mondiale chirurgien à l’hôpital Bon-Secours de Metz. Après la guerre, il ouvre son propre cabinet médical à Erstein. Il était connu et respecté de tous pour son immense générosité à l’égard de ses patients, en particulier les plus pauvres. Pierre Schmidt était aussi un fervent écologiste, passionné par la flore et la faune de sa région, il a tourné au format 16 mm de très nombreux films d’une grande beauté sur l’écosystème régional.
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Un portrait de cinéaste lui est consacré
« Je dois avoir trois ou quatre ans, c’est dans le jardin de mes parents à Pâques, il fait très beau et nous cherchons nos cadeaux cachés dans des nids que nous avions fabriqués quelques jours avant et dans un carton qui m’est destiné et que j’ouvre sort en sautant un vrai lapin. C’est mon grand frère Marc à côté de moi qui avait organisé tout ceci et qui a éclaté de rire en découvrant ma joie !
C’est mon père qui nous filme ! Ce sont de merveilleuses images pour moi ! Et de si bons souvenirs d’enfance ! »
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Un texte de Sabine Guin-Klein, fille de Rodolphe Klein, cinéaste
Rodolphe Klein est né en Alsace en 1899. Il fut avocat au barreau de Strasbourg et maire de Marlenheim de 1945 à 1971. Ses films tournés au format 8mm sont essentiellement consacrés à sa famille mais aussi à la vie de sa commune et aux événements historiques dont la Libération de Marlenheim.
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« Fanny LACOUR (1872-1948)
Elle était appelée « L’Ange-gardien du Donon » : Fanny Lacour, née à Schirmeck, fille de Gédéon Marchal, a consacré sa vie, à partir de 1918, aux fouilles celtiques et gallo-romaines du Donon en Alsace. Passionnée par l’histoire du lieu et attachée à sa région, elle avait fait du sanctuaire un véritable fief. Elle participait elle-même aux fouilles qu’elle finançât avant que les Beaux-Arts lui viennent en aide. C’est ainsi qu’on lui doit la découverte de pierres sacrificielles, de pierres votives ou autres stèles sur le chemin qui monte au temple du Donon, temple d’inspiration gallo-romaine qu’elle fit construire pour rassembler les pierres et autres monuments mis en valeur par ses fouilles qui se poursuivirent jusqu’en 1938. Aujourd’hui, seules des copies sont exposées au sommet du col du Donon, comme la Colonne de Jupiter, ou dans les environs du Temple. Les originaux sont conservés au Musée archéologique du Palais Rohan de Strasbourg où une salle Fanny Lacour leur est dédiée. Anecdote qui illustre bien son personnage convivial et attachant : c’est dans un esprit de résistance à l’occupant allemand qu’elle suggéra à un commerçant de Schirmeck d’appeler son hôtel-restaurant, toujours en activité aujourd’hui, du nom de la déesse « Velléda » résistante germanique à la domination romaine comme le raconte si bien Chateaubriand. Un clin d’œil à l’histoire ! »
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Un texte de François Jacquel, petit-fils de Jean Hutin, cinéaste.
Né à Ligny en Barrois le 2 avril 1885, Jean Hutin était médecin généraliste à Epinal où il a exercé jusqu’à sa mort le 25 mai 1963. Mobilisé comme médecin pendant les deux grandes guerres (Croix de guerre 14-18 et 39-45, Chevalier de la Légion d’Honneur), il soignait les blessés sur la ligne de front où le rejoignait incognito , déguisée en homme de troupe, sa femme Yvonne Hutin Lacour née à Schirmeck, fille de Fanny Lacour, surnommée « L’Ange-Gardien » du Donon près de Schirmeck (Bas Rhin) en raison des nombreuses fouilles archéologiques qu’elle y a effectuées.
Grand sportif pratiquant notamment le rugby et l’alpinisme, chasseur dans les plaines d’Alsace notamment à Blaesheim, Jean Hutin aimait filmer sa famille au Col du Donon ainsi que ses voyages comme en témoignent ses films tournés en 9,5 mmm Pathé Baby dès 1927.
Il a notamment donné le goût de l’image à ses petits-enfants et notamment à François Jacquel qui a fait toute sa carrière à la Télévision Française.
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« Mariage de mes parents, Laurette et Arthur, juillet 1946, église Saint-Urbain, quartier du Neudorf à Strasbourg
Une jeune femme en blanc, portant un bouquet, au bras d’un homme plus âgé à la chevelure blanche : la fille, Laurette, et le père, Emile. Emile est marié à Elise, et ils habitent le quartier du Neudorf. Lui dirige son entreprise de serrurerie-ferronnerie, elle est couturière. Il est aussi gymnaste, et a fondé avec l’ébéniste Marcel, le groupe de danses folkloriques alsaciennes Argentoratum. La sœur de la future mariée, Lucie, est l’épouse d’Alphonse, le « cameramen » de la cérémonie. Elle est affairée, donne le voile de Laurette à porter à un garçonnet, leur neveu Jean-Jacques. Arthur, le futur marié, semble un peu en retrait de l’effervescence générale. L’assistance est élégante : les hommes sont en costume sombre, une fleur à la boutonnière, les femmes sont chapeautées et en robe longue. Une calèche attend les mariés à leur sortie de l’église.
Un autre plan, qui vient après ceux des traditionnelles photos de mariage. C’est sans doute mon préféré. L’action se passe dans la nature, quelque part au bord de l’Ill. Les deux sœurs, Laurette et Lucie. Leurs silhouettes claires, qui au début semblaient se fondre ensemble, se détachent peu à peu l’une de l’autre ; le même garçonnet joue à leurs pieds. Elles s’approchent de celui qui filme, en souriant et du même pas. Plus tard, elles s’adossent au parapet d’un pont, et parlent. Elles sont très unies.
Dans la dernière séquence, les femmes de la famille se sont regroupées et avancent en rang vers celui qui filme. Quelques secondes après, c’est au tour des hommes. C’est alors l’occasion pour Lucie de prendre la relève de son mari et c’est elle qui met dans la boîte les dernières images de ces moments heureux et fragiles. »
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Un texte de Thérèse Willer, nièce d’Alphonse Farine, cinéaste
Alphonse Farine filme au format 8mm des années 1930 aux années 1960. Ses images témoignent des deux après-guerre. Il immortalise notamment le gymnaste Robert Hérold, qui participa aux Jeux olympiques de Berlin, l’Exposition universelle de Paris en 1937 et les dégâts de la guerre.
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Un portrait de cinéaste lui est consacré
« Le début du film montre des vacances en famille au chalet du Hohrodberg, surnommé par la famille la “maisonnette”, dans la douceur de Pâques 1949.
3 générations de Sulzer-Weill se succèdent: On aperçoit au début de la bobine, mon arrière- grand-mère Marie, ma grand-mère Céline, sa sœur Andrée Salomon et son mari Tobie, ma tante Michèle âgée de 5 ans en compagnie de son jeune cousin Jean Salomon et les cousins suisses de Porrentruy.
Mon père Georges Weill capte ces instants précieux de bonheur simple de retrouvailles familiales et de moments de partage de repas ou de randonnées, l’ensemble filmé dans l'immédiat après-guerre en Alsace.
La suite du film révèle des scènes de la vie strasbourgeoise dans toute sa diversité: La famille déambule des rives du Rhin avec les cousins germains de mon père venus de Porrentruy, au Parc de l'Orangerie, pour achever ces promenades printanières en escapade au Mont Saint Odile. »
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Un texte de Luc Weill, fils de Georges Weill, cinéaste
De confession juive, Georges Weill reçoit sa première caméra en 1947 lors de sa Bar-Mitzva. Avec, il immortalise la vie de ses proches. Il projetait ensuite ses films lors d'anniversaires ou quand il y avait des invités.
Habitant de Strasbourg, on retrouve les lieux emblématiques de la ville, comme la place de la République, le parc de l’Orangerie ou encore le port du Rhin. Il tourne également lors de ses voyages en Israël. Enfin, il nous lègue des images précieuses d’Andrée Salomon, résistante qui sauva de nombreux enfants juifs persécutés par l'Allemagne nazie.
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Un portrait de cinéaste lui est consacré
« Les années Stoll
Jeune maître d'école, passionné de nature, j'ai été entraîné dans la « mouvance » du Moulin de la Chapelle par Patrick Barbier, l'actuel maire de Muttersholtz, nous étions deux étudiants en fac de biologie, futurs normaliens.
Portés par les débuts de l'écologie, c'est avec un enthousiasme fort, que nous nous sommes engagés dans l'animation des activités du Moulin de la Chapelle. Tout y était découvertes ou recentrage sur des sensations, des souvenirs d'enfance, des mémoires sensorielles... Le contact avec une ferme, des chevaux, dormir dans le foin, manger autour du feu, faire le feu, traverser des rivières, boire de l'eau qui coule, rencontrer, partager, rêver d'un monde où tout se mélangeait : retour à la nature, écologie militante, refus d'un certain progrès.
J'ai été imprégné de la parole puissante de Jean Pierre Stoll, qui parlait de son Ried, de sa nature idéale avec des mots forts, des mots qui marquent un futur maître d'école, des mots qui jalonnent une vie. Il a fallu aussi s'en démarquer, s'éloigner de ces discours parfois utopiques. Le moulin de la Chapelle fut une étape dans ma vie d'enseignant, elle m'a conduit à vivre, avec Patrick Barbier, une aventure canadienne sur les rivières sauvages du Québec Nord, à partager des transhumances avec une cinquantaine de chevaux du Climont à Sélestat, à emmener des enfants ou des groupes d'adultes à la recherche des daims sauvages de l'Ilwald ou à la découverte du Ried. Ce sont des souvenirs ancrés dans ma jeunesse et qui ont, avec d'autres, construit ma vie d'homme. »
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Un texte d’Alain Christophe, ancien animateur au centre pédagogique du Moulin de la Chapelle fondé par Jean-Pierre Stoll, cinéaste
En 1965, Jean-Pierre Stoll, éducateur et grand défenseur de la cause environnementale, acquiert le Moulin de la Chapelle au cœur de la forêt de Sélestat. Il en fit un lieu d’accueil pour la jeunesse autour de la sensibilisation à la nature. Il organisait en particulier des expéditions avec un troupeau de chevaux semi-sauvage.
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Un portrait de cinéaste lui est consacré
« Les soirées cinéma à la maison.
C’était à la fin du repas, lors des fêtes de fin d’années où lors d’anniversaire que mon père sortait son matériel de projection Pathé-Baby de l’armoire qui contenait sa collection de films 9,5.
Pour nous, enfant c’était un moment magique. Il s’agissait de préparer l’écran et de monter la bobine de film sur le projecteur, une opération délicate…
Quand on éteignait la lumière de la salle à manger, alors, telle la locomotive des vieux westerns, la lumière du vieux projecteur scintillante et le cliquetis de son moteur nous entraînait dans un rêve à remonter le temps.
Ces projections que mon père appelait « Ses Actualités », retraçaient la vie de la famille sur plus de 30 ans. Pour nous enfants, ces images paraissaient venir d’un autre âge.
Toutes ces séances étaient agrémentées de larges commentaires, mais aussi d’interruptions de projection suite à la rupture du film.
C’est ainsi que l’histoire de la famille se construisait et que nous découvrions, la vie d’avant. »
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Un texte de Jean-Charles Spindler, fils de Paul Spindler, peintre, photographe et cinéaste.
Paul Spindler a filmé toute sa vie dans différents formats, des années 1920 aux années 1970. Il tourne notamment des images de la vie rurale en Alsace et les membres de famille, des intellectuels et artistes de l’époque.
« Ce réveillon de Noël 1977 se déroule dans le bel appartement de mes grands-parents, situé au 22 Quai Rouget de Lisle à Strasbourg.
Toute la famille est réunie : mes parents, mes grands-parents, mes oncles et tantes, et même mon arrière-grand-mère Alice, née en 1890, qui a donc 87 ans cette année-là.
Dans le film, on aperçoit aussi les plus jeunes de la famille : mes cousines Laetitia, âgée de 4 ans, et sa sœur Alexia, qui a 1 an et demi. Ma sœur Caroline, née en mars, qui se déplace à quatre pattes à seulement 9 mois. En ce qui me concerne, j’ai 2 ans ½ et je porte un pull blanc.
Comme à chaque fois, ma grand-mère a décoré la table avec goût, créant une ambiance chaleureuse et élégante.
Je semble très fier de dîner en tête-à-tête avec ma cousine Laetitia, un moment spécial de cette soirée festive entouré de mes proches.
Ce film, filmé par mon grand-père Robert C Weiss me rappelle de très bons souvenirs.
Il capture non seulement les visages de chacun mais aussi l’esprit de famille, le bonheur et la convivialité de cette soirée de Noël 1977. »
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Un texte de Jean-Frédéric Weiss, petit-fils de Robert C. Weiss, cinéaste
Robert C. Weiss s’empare de la caméra dans les années 1930 et livre un témoignage fort des années de guerre et d’occupation en Alsace. Il tourne également de très nombreux films de voyage au quatre coins du monde mais aussi sa ville, Strasbourg, et ses transformations culturelles et politiques.
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Un portrait de cinéaste lui est consacré ainsi qu'un parcours thématique sur ses films de voyage
« Ce petit film se situe à Pfastatt en 1957, dans la longue rue des anges. Cette rue est en pente et attirait beaucoup de familles en période de neige. Cet enneigement était habituel à l’époque, et nous ne boudions pas notre plaisir. Nous habitions dans cette rue, la maison située le plus en hauteur, et nous étions les premiers et les mieux placés pour en profiter. Le cinéaste, mon père, filme de l’entrée de notre jardin. Sur les luges je reconnais mes frères et sœurs, mes voisins et des personnes du village, connues ou inconnues. Moi-même je suis sur les skis. Je suis très surprise de redécouvrir l’environnement de l’époque : une usine Schneider au sommet de la colline sur la rue de la République, et un grand verger face à notre maison, où nous avions installé une chèvre. L’usine a disparu depuis longtemps, même de notre mémoire, et sur le terrain arboré, ont poussé plusieurs maisons. En voyant ces images, je regrette un peu que nos enfants et petits-enfants n’aient plus cette liberté de pouvoir jouer dehors en toute insouciance, et cela, quelle que soit la saison. »
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Un texte d’Emmanuelle Bueb et Marie-Joe Bueb, filles de Charles Bueb, cinéaste
Professeur de sport, Charles Bueb est aussi journaliste, photographe et cinéaste. Il réalise de nombreux films au format 16mm dont des reportages pour la gazette des Mines de Potasse d’Alsace sur le travail des mineurs dans les années 1950. Il tourne également lors de colonies de vacances pour les enfants de mineurs, des compétitions sportives ainsi que sa vie de famille.
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Un parcours thématique est consacré aux films tournés dans les mines de potasse
« À « la Noël », cette nuit-là, la neige s’appliqua à donner un moelleux d’édredon à chaque brindille. Nos jeunes vies pétillaient depuis la courte veillée : papa venait de choisir ses actrices pour le réveil blanc du 25 décembre. À 8 heures, nous allions simuler la surprise au tintement de la pendulette, il faudrait ne pas pouffer, juste sourire tout en quittant plumon et lit d’enfant rose-poudré ! Les flammes au vrai sapin étaient à souffler, les angelots prenaient soin de tout ce petit monde, l’un suspendu au plafond apportait la lumière de ses tulipes, d’autres allaient et venaient, céramiques émaillées captant l’attention des petites sagement agenouillées. La crêche très peuplée était une ruche active…
C’est qu’il n’y avait plus une seconde à perdre pour appeler le petit Jésus à considérer notre sagesse : qu’allait-il choisir pour nos chaussons et les souliers de nos parents ? Nous nous interrogions en secret, de quoi serait fait notre « petit Noël »?
De 1951 à 1955, la famille s’étoffa. Deux grandes conduisaient deux petites vers les cadeaux mirifiques du journal de Papa. Le Père Noël de La Liberté de l’est prenait le relais et nous venions vers lui en décembre, suivant de peu le passage de Saint-Nicolas dans les rues d’Epinal. Plus question de Père Fouettard ce soir-là ! Nombreux enfants, nombreux paquets : l’heure moderne de nos Noëls anciens était venue. Adieu baigneurs et poupons, adieu petit chien blanc à roulettes ! Bonjour trousses de couture ou de manucure, et le premier métier à tisser…
La caméra 9,5 mm poursuivait les petites avec application et tendresse. Placées dans la lumière, nous restons sans fin les reines de notre caméraman. »
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Un texte de Dominique Amet-Bourdeaux, fille de Jean Amet, cinéaste
Jean Amet fait l'acquisition de sa première caméra 9,5 mm au début des années 1950 et tourne durant plus de dix ans une trentaine de films de grande qualité. Journaliste et photographe à La Liberté de l'Est, quotidien régional d'Épinal, il filme la vie de sa famille, les grands et petits événements de la vie, les activités de loisirs à la maison ou à l’école. Ses films souvent scénarisés témoignent d’une grande maîtrise du récit et de la mise en scène.
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