• Contactez-nous
  • Déposer un film
  • Espace presse
  • Rhinédits
  • En vous identifiant à l'aide d'une adresse e-mail et d'un mot de passe, vous pourrez découvrir gratuitement l'intégralité des collections de MIRA, conserver un historique de vos recherches et de vos séquences favorites !

    MIRA s'engage à ne pas transmettre vos données personnelles à des tiers. Les informations recueillies font l’objet d’un traitement informatique destiné à l'inventaire du patrimoine cinématographique alsacien. Les destinataires des données sont l'association MIRA. Conformément à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée en 2004, vous bénéficiez d’un droit d’accès et de rectification aux informations qui vous concernent, que vous pouvez exercer en vous adressant à : Association MIRA - 7 rue des Alisiers 67100 Strasbourg. Vous pouvez également, pour des motifs légitimes, vous opposer au traitement des données vous concernant. Déclaration CNIL n°1767467v0

    Votre courriel
    Votre mot de passe

xxx FILMS | xxx COLLECTIONS

MiraMIRAMémoire des Images Réanimées d'AlsaceCinémathèque régionale numérique

Portraits de cinéastes
      • Portrait de cinéaste : Robert C. Weiss

      • Par Ondine Duché
      • Portrait de cinéaste : Robert C. Weiss
        • © Jean-Frédéric Weiss
      • Le fonds Weiss est l’un des premiers et sans doute l’un des plus passionnants dépôts réalisés auprès de la cinémathèque. S’étalant sur plus de cinq décennies et forte de 192 bobines, cette collection est l’œuvre d’un amateur dévoué au film : Robert C. Weiss. Celui-ci s’empare de la caméra pendant la période déjà troublée de 1936 et nous livre un témoignage fort des années de guerre et d’occupation en Alsace. Puis, à l’aube du tourisme de masse, il nous permet de découvrir des images de régions du monde souvent éloignées et peu accessibles alors. Ses films reflètent également l’attachement indéfectible du filmeur à la capitale alsacienne, ainsi que son engagement dans les activités culturelles et politiques de la ville.

        Robert C. Weiss est né le 6 novembre 1909 à Strasbourg dans une famille de cordiers établie depuis de nombreuses générations. Il grandit à Strasbourg et passe la première partie de sa jeunesse dans une Alsace occupée. Au sortir de la Grande Guerre, la famille voyage en train puis en automobile à travers la France, alternant visites familiales à Paris et longs séjours provinciaux. Comme il l’écrira dans ses mémoires, à 18 ans, le jeune homme peut se targuer de connaître l’Alsace comme sa poche, d’avoir vu les cinq frontières de la France, de s’être baigné dans ses quatre mers et d’avoir visité 69 des 84 départements de l’hexagone[1]. Cette passion du voyage ne le quittera jamais.

        Il effectue son service militaire au 159ème régiment d’infanterie Alpine à Briançon dont il sera rapidement réformé, suite à la contraction de la paratyphoïde. Il entre dans l’affaire familiale en 1928 et prend sa direction à partir de 1935, après le décès de son père. Les premiers films recensés de la collection datent de cette période. Il est fort probable que Robert C. Weiss se soit doté d’une caméra avec l’arrivée du format 8mm et des appareils compacts, matériel parfaitement adapté aux conditions de voyage. Du 8mm au super 8, il restera fidèle toute sa vie à ce format, privilégiant la simplicité et la maniabilité du matériel et une prise de vue directe, instantanée, aux caméras 16mm plus perfectionnées, mais plus contraignantes. Sa pratique filmique est donc éminemment liée aux sujets qui l’animent et le passionnent : les voyages, l’architecture, les grands évènements de la vie culturelle ou politique des cercles dans lesquels il évolue.

         

         

                                             Robert C. Weiss avec sa caméra © Jean-Frédéric Weiss

         

        Filmer l'évolution de la guerre

         

        Les premiers films du fonds mêlent de manière exemplaire ces intérêts : il s’agit des Olympiades de Berlin en 1936 et de la célébration du Millénaire de Saint Stéphane à Budapest en 1938. Ces deux voyages se déroulent dans une Europe déjà terriblement marquée par le nazisme. La caméra suit le regard du filmeur qui saisit avec stupeur l’atmosphère et les nombreux signes de manifestation du régime : bannières, salut hitlérien, affiches placardées sur les magasins juifs fermés, etc.

        La guerre est proche. Elle est imminente la nuit du 2 septembre 1939 lorsque Robert C. Weiss prend la route pour le premier d’une longue série de voyages qu’il effectuera en vue des évacuations des alsacien·nes en Dordogne. En effet, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, il a presque 30 ans, il est reformé et possède une automobile. Il s’est rapproché des Auxiliaires de la Défense Passive du Parti Social Français, au sein duquel il sera actif pendant la guerre et l’occupation, réalisant en un an plus de 60 000 kilomètres entre l’Alsace et la Dordogne[2]. Il ouvre une boutique à Périgueux, gère ses affaires entre le sud-ouest et Strasbourg, fonde avec l’ADP des centres d’accueil pour les réfugié·es et participe au ravitaillement. Il œuvre surtout activement à l’intégration des alsacien·nes au sein des communautés locales, parfois quelque peu suspicieuses à l’égard d’une culture et d’une langue alsacienne, tantôt assimilée à l’allemand et donc aux « boches ». Avec l’organisation de conférences, d’évènements et de fêtes, il s’évertue à faire davantage connaître la culture et la mentalité alsacienne, afin d’améliorer la cohésion et le dialogue entre les groupes.

        A la demande de sa mère, et sur les conseils du Colonel de la Roque, il rentre finalement en 1940 à Strasbourg pour faire tourner l’entreprise familiale[3]. Durant ces quelques années, il filme l’évacuation de Strasbourg, les cordiers en Dordogne ainsi que la vie quotidienne des réfugié·es, la capitale alsacienne déserte, les bâtiments détruits, l’occupation et les fêtes militaires. Puis, enfin, la libération et les nombreuses célébrations. Ainsi, cet homme qui a connu les deux libérations de Strasbourg nous livre par le film amateur un témoignage saisissant de cette période sombre.

         

           

                                                                Fonds Weiss © MIRA

        La caméra au quotidien

        L’année 1945 est celle de l’armistice, mais également celle de la célébration du mariage de Robert C. Weiss et de sa fiancée Lilly Funke, rencontrée aux sports d’hiver en Autriche en 1943. Dans les années qui suivent, sa caméra se tourne de nouveau vers ses sujets de prédilections, les voyages ou encore l’architecture avec, par exemple, la reconstruction de la ville de Strasbourg. Il enregistre également des moments importants de la vie du couple : voyage de noces, vacances entre ami·es, naissances des enfants, baptêmes, cérémonies et repas de famille dominicaux.

        En plus de la direction de son entreprise, cet homme infatigable s’investit dans de nombreuses associations. Il est tour à tour, voire tout à la fois, Président de la Fédération Internationale des Cordiers, Trésorier de l’Alliance Française, Président de la Société des Amis du Vieux Strasbourg, Gouverneur du Rotary ou encore Consul de Suède, pour ne citer que ces quelques titres. Ces nombreuses fonctions en font un observateur privilégié des grands évènements politiques et culturels de la région, qu’il s’agisse de la visite du Général Leclerc à Strasbourg en 1946 ou du 25ème anniversaire du Conseil de l’Europe en 1974. Son engagement de plus de 25 ans auprès de la Société des Amis du Vieux Strasbourg témoigne de son attachement à la ville, dont il filme inlassablement les transformations architecturales et les divers chantiers de grandes ampleurs. Les archives qu’il nous laisse sont des documents précieux pour saisir les évolutions urbaines de la ville depuis la Seconde Guerre mondiale.

         

                               Fonds Weiss © MIRA

        Une vie rythmée par les voyages

        Enfin, ce qui tient la place principale dans cette importante collection, ce sont les incroyables films des grands voyages qui ont rythmé la vie de Robert C. Weiss. Qu’il s’agisse d’itinéraires de vacances pour des ami·es, de circuits en bus à travers l’Europe ou de véritables expéditions au bout du monde, il prend plaisir à organiser des voyages et participe activement à leur planification. Très impliqué dans les activités du Rotary, il est à l’initiative de nombreux voyages de groupe aux quatre coins du globe : croisière autour de la méditerranée, voyage aux États-Unis et grands tours en Amérique du Sud, safaris en Afrique de la Tanzanie à l’Ouganda. On découvre encore de grandes excursions au Moyen-Orient ainsi qu’au Maghreb. Il se rend à plusieurs reprises en Asie, explorant passionnément l’Inde du Nord et particulièrement des régions reculées telles le Ladakh ou Jammu et Cachemire. Ces expéditions le mènent sur les routes de la Soie jusqu’en Afghanistan. On découvre des pays peu ouverts au tourisme, comme le Bouthan dont la situation géographique en restreint l’accessibilité, ou encore la Chine en 1978 dont le régime autoritaire est la cause de l’isolement.

         

           

                                                                         Fonds Weiss © MIRA

        Il est le cinéaste attitré de ces expéditions qu’il filme extensivement, des populations locales aux hôtels, en passant par les plus belles attractions touristiques et démonstrations de folklores traditionnels. Il prend de nombreuses notes auprès de ses guides, enregistre parfois des sons sur place (par exemple, lors de représentations de théâtre), mais ramène également des disques de musiques traditionnelles qui peuvent lui servir pour la post-production. A son retour, il s’attèle minutieusement et pendant des mois au montage. Les années allant, les films sont de plus en plus longs, dépassant parfois plusieurs heures. Ils sont ponctués par des cartons réalisés à la main et sont longuement commentés par une voix-off enregistrée par le filmeur lui-même. Une fois satisfait du résultat, il organise des soirées de projections qui se déroulent sur plusieurs semaines, auxquelles sont convié·es les participant·es du voyage, mais aussi les divers cercles d’ami·es et de connaissances. Mettant à contribution sa famille et réunissant plusieurs dizaines de personnes, ces soirées iront jusqu’à se tenir dans une salle de la chambre des métiers où elles seront ouvertes au public.

        Aujourd’hui, ce patrimoine familial aux multiples facettes continue de vivre, notamment grâce aux efforts de Jean-Frédéric Weiss, petit-fils du filmeur. La documentation et l’engagement qu’il a fourni ont permis de révéler toute l’étendue de la richesse de cette collection.

         

        [1] Source : document de 1928 intitulé : Mes voyages. Archives familiales.

        [2] Informations tirées des annexes du mémoire de fin d’études de Baptiste Picard, Vivre la guerre : Regards de cinéastes amateurs alsaciens, 1939-45, sous la direction d’Alexandre Sumpf, soutenu en juin 2021 à l’université de Strasbourg.

        [3] Source : d’après la retranscription d’une interview de 1999 réalisée par Eileen M. Angelini dans le cadre de ses recherches. Archives familiales.

         

      • Films en lien

31, rue Kageneck 67000 Strasbourg | Tél. 03 88 22 03 32 | www.miralsace.eu | contact@miralsace.eu
powered by diasite | designed by yurga.fr

Recevez la newsletter | Se désinscrire | Mentions légales