MiraMIRAMémoire des Images Réanimées d'AlsaceCinémathèque régionale numérique
En 2014, Thérèse Willler, Conservatrice du patrimoine et directrice du Musée Tomi Ungerer, confie à MIRA un fonds de 27 films de famille. Ces séquences 8 mm tournées entre 1930 et 1960 par son oncle Alphonse Farine témoignent d’une vie passée derrière la caméra. Du noir et blanc à la couleur, le cinéaste se fait l’observateur discret des deux après-guerres mais livre aussi des images de joie et d’insouciance.
Durant l'entre-deux-guerres, les films d’Alphonse Farine se distinguent par leur caractère historique. Deux séquences notables portent en effet, l’une sur le sportif de haut niveau Robert Herold et l’autre sur l’Exposition universelle de Paris en 1937.
Né en 1910 en Alsace, Robert Herold s’illustre dans de nombreuses compétitions nationales de gymnastique et participe aux Jeux Olympiques de 1936 à Berlin. Dans un film des années 1930, Alphonse Farine filme ainsi l’athlète en plein entraînement.
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Robert Herold |
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Robert Herold |
En 1937, quelques années avant la guerre, le cinéaste se rend à l’Exposition universelle de Paris. Entre quelques vues de la Tour Eiffel et des animations, on découvre à l’image les deux pavillons communiste et allemand : le marteau et la faucille d’un côté, l’aigle et la croix gammée de l’autre…
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Pavillon communiste - Exposition universelle - Paris - 1937 |
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Pavillon allemand - Exposition universelle - Paris - 1937 |
Un troisième film datant de 1938 donne à voir quant à lui une Fête-Dieu ainsi qu’un moment de détente à la piscine de Bellefosse. Inaugurée en 1936 par le Ski Club Bellefosse-Strasbourg, elle constitue la première piscine plein air d’Alsace. Cette séquence montre également une fête du Négus où des hommes blancs se griment en hommes noirs, pagnes et lances à la main, des images qui choquent aujourd’hui par leur caractère raciste.
Alors que la Seconde Guerre mondiale éclate, Alphonse Farine se réfugie dans une ferme à Solbach où il laisse sa caméra de côté. Il y revient dès la fin de l’année 1945 et brosse alors un portrait apaisant de la campagne alsacienne. Lors de ses promenades à Soultzeren, Orbey, Obernai, ou encore Gérardmer, il capte des moments simples et conviviaux : des randonnées familiales dans des paysages grandioses de l’Alsace et des Vosges. Les larges panoramiques sur la nature s’attardant sur une famille heureuse. En 1952, le cinéaste revient même dans la ferme de Solbach où le chaos de la guerre a fait place à l’insouciance.
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Fonds Farine-Willer © MIRA |
Cette affection pour l'Alsace se traduit également par la captation de nombreux événements et fêtes régionales comme le carnaval de Strasbourg en 1960 ou la fête des jonquilles de Gérardmer en 1951.
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Fonds Farine-Willer © MIRA |
Malgré les apparences, les traces des deux guerres mondiales sont bien présentes. Dans une séquence des années 1950, Alphonse Farine se rend en effet sur le site du Grand Ballon avec à son sommet le monument des Diables bleus, à la mémoire des soldats de la Première Guerre, ainsi que le Hartmannswillerkopf : un cimetière militaire sur la plaine du Vieil Armand. Celles de la Seconde Guerre se font jour également. Au détour d’un défilé se dévoilent en effet les ruines de bâtiments détruits – vestiges d’un passé douloureux encore récent.
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Fonds Farine-Willer © MIRA |
Si ses films en majorité se déroulent en Alsace, il existe quelques exceptions. Alphonse Farine est né en Suisse, et le retour dans son pays natal se fait sous l’œil attentif de sa caméra. Il nous montre ses voyages depuis le tarmac de l’avion qui l’emmène notamment dans les Alpes, à Braunwald, dans le canton suisse-allemand de Glaris. C’est l’occasion de filmer les activités liées aux sports d’hiver, mais loin de s'arrêter à un film de vacances, Alphonse Farine prend le temps de s’attarder sur les paysages qui l’entourent. Suivant sa famille dans de longues randonnées, il capte des images impressionnantes des sommets Suisse, quadrillant les montagnes sous tous les angles avec un sens certain de l’esthétique.
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Fonds Farine-Willer © MIRA |
Le fonds Willer constitue ainsi un ensemble riche composé de séquences courtes – quelques minutes seulement – dessinant une vie prise dans l’histoire.
PORTRAIT D'ALPHONSE FARINE
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