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Parcours thématiques
      • Les films de voyages de Robert C. Weiss

      • Un parcours thématique écrit par Ondine Duché
      • Les films de voyages de Robert C. Weiss
        • © Jean-Frédéric Weiss
      • Tout au long de sa vie, Robert C. Weiss (1909 - 2011) fut un infatigable voyageur : sa pratique filmique est le reflet de cette passion. En 8mm puis en super 8, toujours en couleurs, cette collection de films de voyages constitue le noyau et l'intérêt du fonds Weiss. 

        Le voyage à l’origine de la vocation de cinéaste


        En parcourant les archives de la famille Weiss et en échangeant avec ses proches, on comprend que les voyages occupent très tôt une place centrale dans la vie du jeune alsacien. Dès l’âge de 18 ans, Il rédige un document intitulé « Mes voyages » dans lequel il fait état de ses pérégrinations. Il y conte les visites familiales au sortir de la guerre, ses premières escapades entre amis et son apprentissage de la conduite qui  ira de pair avec ses nombreux déplacements. 

        C’est très certainement cette appétence pour l’ailleurs qui mène Robert C. Weiss à se munir d’une caméra. Les premiers films qu’il tourne semblent confirmer cette piste : ce sont des films de tourisme, un séjour en Allemagne en 1936, puis en Autriche et Hongrie en 1939, visites qui s'avèrent correspondre à des moments historiques majeurs du XXème siècle.

        C’est également ce que son rapport au matériel laisse entendre : de la pellicule 8mm au super 8, il ne se départira jamais du petit format et des caméras compactes. Le 16mm et l’équipement lourd ne l’attirent pas, malgré l’incontestable gain en qualité d’image. Cet attachement nous dit à quel point la maniabilité du matériel, sa simplicité d’utilisation pour pouvoir capter des scènes sur le vif, la proximité avec les sujets filmés, la possibilité de tourner en toutes circonstances (dans l’avion, le bus, la jeep, le bateau…) priment sur la qualité plastique de l’image.

        Fonds Weiss © MIRA

        Entre le film de famille et le documentaire

        Le fonds Weiss regorge donc de nombreux films de voyages : des vacances en famille à sillonner la France et l’Europe en voiture, des croisières et des séjours aux sports d’hiver à l’étranger, mais surtout de grandes excursions de plusieurs semaines aux quatre coins du monde que Robert C. Weiss organise activement. Très investi au sein du Rotary (il y occupera les rôles de Président, puis de Gouverneur de la région Est), il planifie les itinéraires avec des guides, se met en contact avec des personnes de son réseau sur place et fédère autour de lui un groupe de voyageur·euses, mêlant plusieurs des cercles de sociabilité dans lesquels il évolue.

        Quelques mois après le retour se tiennent des soirées de projections autour des films montés par le cinéaste. Les montages sont accompagnés de commentaires, en direct ou enregistrés et suivis de discussions. Ces soirées mondaines participent à l’attractivité et la renommée des voyages du groupe, tout en étant de vrais évènements culturels qui permettent à un public alsacien de découvrir des paysages et traditions souvent inconnues.

        C’est pourquoi définir le statut de ces films peut s’avérer complexe. Il s’agit résolument de films amateurs de par le style et les moyens de production utilisés par le cinéaste. Par certains aspects, ils répondent aux attentes du film de famille, car nombre des participant·es aux excursions assistent aux projections. Au cours du visionnage, iels peuvent se remémorer l’expérience collective et les bons moments partagés, ce qui peut renforcer les liens du groupe. Cependant, on constate à l’image que les participant·es du voyage sont loin d’être les sujets principaux des films : il est par exemple très rare de trouver des séquences où les touristes posent intentionnellement pour la caméra à côté de monuments ou devant des paysages.

        De fait, ces films ne sont pas visionnés dans un cadre exclusivement privé, mais plutôt semi-public : ils ne s’adressent pas qu’aux participant·es et proches du filmeur. Au-delà de l'événement ponctuel du voyage, il y a une vraie volonté de la part de Robert C. Weiss de rendre compte de la culture, du patrimoine des territoires visités, que l’on pourrait qualifier de documentaire. La richesse de la collection de voyage de Robert C. Weiss réside en partie à l’intersection de ces différents registres filmiques cinématographiques.

           

                                                                        Fonds Weiss © MIRA

        Une collection qui reflète une démarche ambitieuse

        En s’intéressant donc au contexte dans lequel ces films circulent, on comprend davantage la démarche dans laquelle s’inscrit le cinéaste, démarche qui semble excéder le film de famille pour tirer presque vers le reportage ou le documentaire. Toutefois, on retrouve cette volonté à chaque étape de la production des films.

        En effet, il effectue sur place un riche travail de documentation. Il collecte de nombreuses informations sur les régions visitées auprès des guides locaux : le salaire moyen d’un·e travailleur·euse chinois·e ou d’un·e paysan·ne indonésien·ne, le prix du bétail dans les montagnes reculées de l’Inde ou d’un voyage en bus, la signification de diverses fresques, peintures, monuments et cérémonies, des termes précis de vocabulaires, etc. Ces informations se retrouvent par la suite dans le commentaire audio qu’il appose sur les films montés.

        À quelques occasions, il lui arrive d’enregistrer des sons sur place, principalement lors de pièces de théâtre ou de spectacles de danses et musiques traditionnelles, qu’il intègre aux montages. Ou bien, il se procure des disques de musiques locales qui lui servent à l’habillage sonore de ses créations. Il rédige encore des journaux, correspond avec des membres du Rotary ou des alsacien·nes expatrié·es, conserve minutieusement les cartes touristiques, brochures des hôtels, qui peuvent lui servir à réaliser des cartons ou des intertitres.

        Au fil du visionnage du fonds apparaît également une sorte de protocole scénaristique rodé, dont certains éléments sont récurrents au gré des destinations et définissent la « patte » du filmeur. Par exemple, les films de voyage s’ouvrent assez invariablement par des cartes et le repérage des itinéraires empruntés. Puis, des scènes s’enchaînent dans divers aéroports, le décollage et l’atterrissage de l’avion, quelques séquences prises par le hublot, l’aile de l’avion qui se dessine sur une mer de nuages, etc.

                                                                           Fonds Weiss © MIRA

        Un autre « motif » identifiable serait les hôtels : Robert C. Weiss filme les chambres, les salons, les piscines, les restaurants, les jardins… Ces séquences vont jusqu’à rythmer certains films ; elles sont parfois accompagnées de commentaires plus ou moins élogieux sur les infrastructures. Établissements systématiquement haut de gamme, le standing varie néanmoins en fonction des pays et des régions. Lors des croisières, le cinéaste s’attarde sur les activités à bord, les repas, les règles de sécurité. Ainsi, rendre compte même de la manière dont on est accommodé fait, pour lui, partie intégrante du récit de voyage.

        Dans un souci d’exhaustivité, le filmeur tente de donner à voir à la fois l’ensemble et le détail. On découvre par exemple, au fil des films, des paysages plus grandioses les uns que les autres. Mais, on peut aussi repérer dans la majorité des séries de voyage une séquence condensée qui énumère quelques-uns des spécimens de la flore observée, et filmés en plans rapprochés. Le même va-et-vient s’opère entre les vues générales de grands sites archéologiques et les spécificités des fresques, peintures, sculptures, etc.

        Mis bout-à-bout, ces éléments structurent l’ensemble de la collection. Les destinations, les paysages, les communautés rencontrées sont extrêmement variées, certains films sont plus longs que d’autres (d’une vingtaine de minutes à plus de deux heures), ils sont tantôt sonorisés, commentés, ou muets, avec ou sans cartons... Mais il y a finalement une certaine unité, qui tient à la démarche documentaire de Robert C. Weiss.

        Donner à voir la diversité des cultures 

        Nous l’avons dit, à travers ses productions, le projet du filmeur est de partager les différentes cultures rencontrées et observées au cours de ces excursions, plutôt que d’enregistrer les moments mémorables d’une activité de groupes entre ami·es. Les visites de grands sites et monuments historiques, l’architecture et l’ambiance des villes parcourues ainsi que la nature et les paysages admirés tout au long du voyage sont les thèmes principaux et le socle commun de la collection.

        Savamment orchestrées, ces expéditions se superposent parfois  à de grands évènements religieux, païens ou sportifs. Entre autres, le festival de Hémis en Inde, célébration de la naissance de l’un des fondateurs du bouddhisme tibétain, la fête de XXX en Indonésie, un tournoi équestre de Bouzkachi, événement sportif en l’honneur du roi d’Afghanistan, ou encore le Carnaval de Rio de Janeiro. Voyageant régulièrement dans des régions reculées comme le Ladakh ou l’intérieur des terres de l’Ouganda, le groupe est considéré comme une attraction par les autochtones qui profitent de leur passage pour organiser des démonstrations de danse et de musique ou bien des cérémonies traditionnelles. Ainsi, les voyageur·euses ont accès à une culture mise en avant (souvent à leur attention) que les cinéastes et photographes du groupe peuvent documenter à loisir.

        Lors de certaines excursions comme en Amérique du Sud, le groupe se déplace beaucoup en avion. Cependant, les moyens de locomotion les plus fréquents sont le train et la voiture. Les trajets pour relier deux points d’intérêts peuvent être très longs, ou bien être le seul moyen d'accéder à certaines régions (c’est le cas lors d’un voyage au Maroc, mais aussi au Liban). Mais ces déplacements sont systématiquement des occasions privilégiées pour découvrir des paysages somptueux. En Afrique, dans le cadre de safaris, les incursions en Jeep ou en barque dans les réserves naturelles nous emmènent à la rencontre d’une faune sauvage très diversifiée.

        Et puis, il y a les heureux aléas du voyage : les paysan·nes au champ, des femmes qui font leur lessive dans une rivière, un marché animé, une procession religieuse, l’arrière d’un restaurant donnant sur des cuisines, les caravanes d’éleveur·euses en bord de route, les enfants aux fenêtres des maisons-bateaux… Impossible de toutes les énumérer, mais ces rencontres fortuites, parfois fugaces, donnent lieu à de très belles séquences. Jamais passives face à la caméra, les personnes filmées renvoient aisément au cinéaste son regard curieux (à de rares occasions, inquisiteur), le constituant également comme un sujet d’observation.

                                                                            Fonds Weiss © MIRA

        Un regard sur le monde en mutation

        Depuis le premier instant où il s’est muni d’une caméra, Robert C. Weiss a capté le monde dans des périodes de bascule ou de transition. À la fin des années 1930, ses voyages en Allemagne et en Europe rendent compte de la terrible montée en puissance du nazisme. Des années 1950 aux années 1990, ses incursions dans des régions reculées du globe font de lui  un spectateur des  mutations des territoires et des cultures. 

        En 1971 par exemple, l’alsacien et ses compatriotes sillonnent ce qu’il nomme les « pays de l’Himalaya » : Népal, Inde, Pakistan et Afghanistan. Le commentaire audio fait souvent référence aux « évènements récents » de l’année : il s’agit de la troisième guerre indo-pakistanaise qui mène à l’indépendance du Bangladesh, qui s’est déroulée quelques mois avant la visite du groupe. Robert C. Weiss dit craindre que les affrontements, qui ont notamment eu lieu dans la région du Sikkim, ne retardent encore le développement du tourisme dans ces pays de montagnes, si riches à découvrir.
        Au contraire, il déplore en 1977 l’ouverture prochaine d’un aéroport reliant l’Inde continentale à la ville de Leh, jusqu’alors difficilement accessible. Il s’interroge sur l’impact à venir du tourisme intensif sur les modes de vie dans les régions alentour.

        On peut évoquer encore la visite de la nation chinoise de 1978, seulement deux ans après le décès du Grand Timonier : voyage très encadré, dont le programme des activités cherche résolument à exposer aux voyageur·euses occidentaux·ales le fort dynamisme du pays. À l’aube de la décennie 1980 et des réformes économiques visant à favoriser la croissance et la modernisation de la Chine, celle-ci est toujours visiblement marquée par la politique et le régime de Mao Zedong.

        On pourrait enfin mettre sur des plans similaires la visite dans les années 1990 des différentes villes des Émirats arabes unis et celle de la ville de Macao. Les premières sont à l’aune de leur développement fulgurant, tandis que la métropole chinoise, alors encore sous protectorat portugais, est tout bonnement méconnaissable par rapport à la « Las Vegas asiatique » qu’elle est désormais. Robert C. Weiss, en tant que touriste, est à la fois acteur et spectateur de ces changements qu’il documente et dont il rend compte, la plupart du temps consciemment.

                                                                            Fonds Weiss © MIRA

        Avec le passage du temps et l’évolution des mœurs, des scènes anodines deviennent des traces d’un phénomène historique : dans le cas présent, un pan du tourisme dans la seconde partie du XXème siècle. Il s’agit, bien évidemment, d’un type de tourisme particulier que l’on pourrait qualifier d’éclairé, au vu des moyens investis dans ces voyages. A travers le regard du filmeur, lui-même partie prenante de ce phénomène, on peut voir se dérouler sur plusieurs décennies l’évolution du tourisme et de ses infrastructures à travers le monde.

        Pour finir, certains de ces films inédits revêtent une valeur documentaire qui excède certainement celle envisagée par le filmeur. Parfois, de manière dramatique : on s’arrête devant les images des grands bouddhas de Bamyan en Afghanistan, ou bien des ruines de Palmyre en Syrie, de nos jours partiellement, voire totalement, détruites. Il est saisissant de découvrir le site de Machu Picchu au Pérou, arpenté par quelques touristes épars qui côtoient des lamas paisibles, quand on sait aujourd’hui le problème que pose la sur-fréquentation du site. C’est encore admirer les temples d’Abou Simbel à leur place d’origine, au bord de l’eau dans toute leur splendeur, avant la construction du haut barrage d’Assouan. 

        Fonds Weiss © MIRA

         

        Tous les films de la collection Robert C. Weiss sont à découvrir sur le Catalogue de films en ligne de MIRA. Un portrait de cinéaste consacré à Robert C. Weiss est à lire ici.

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