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MiraMIRAMémoire des Images Réanimées d'AlsaceCinémathèque régionale numérique

Parcours thématiques
      • Charles Bueb et les Mines de Potasse d'Alsace

      • Un parcours thématique réalisé par Eva Beutel, étudiante en Master II Patrimoines audiovisuels à l’INA Sup.

        Charles Bueb (1921-2007), a été un membre actif de la communauté des Mines Domaniales de Potasse d’Alsace. D’abord professeur d’éducation physique et sportive des futurs mineurs au Centre d’apprentissage à Pulversheim après la guerre, en 1946, il devient journaliste-reporter pour la Gazette des mines, journal d’entreprise des Mines Domaniales de Potasse d’Alsace, dont il devient rédacteur en chef en 1975. Il est le réalisateur à l'origine de ce fond cinématographique au format semi-pro 16 mm.
      • Charles Bueb et les Mines de Potasse d'Alsace
        • Géomètre du fond au MDPA © MIRA
      • Photographe des Mines de Potasse d’Alsace

        Les Mines de Potasse d’Alsace, ou Mines Domaniales de Potasse d’Alsace (MDPA) désigne l’entreprise minière ayant assuré l’exploitation du gisement de potasse, découvert dans la banlieue Nord de Mulhouse en 1904 sous l’impulsion d'Amélie Zurcher, propriétaire foncière alsacienne. Durant ces 92 années d’activité, de 1910 à 2002, les MDPA ont assuré l’extraction d’environ 140 millions de tonnes de chlorure de potassium pur, et se sont imposées territorialement comme une nouvelle zone socio-économique et culturelle.

        L’organe de presse officiel des MDPA, La Gazette des Mines éditée de 1946 à 1974, puis Potasse-Magazine de 1975 à 2001, assure la communication entre la direction et les mineurs. La revue devient un vecteur de sentiment d’appartenance, non seulement à l’entreprise, mais également au Bassin potassique. En effet, jusqu’aux années 60, le journal d’entreprise endosse le rôle de source d’information fiable, sur les activités autant minières qu’associatives. Il est également le porte-voix des valeurs paternalistes et morales du patronat, considérées comme nécessaires pour "maîtriser" la masse ouvrière, de peur que le « rouge » en eux ne se révèle.

        Rédacteur en chef au service "Information et Communication", Mr Bueb a notamment été responsable de la modernisation visuelle et éditoriale de la Gazette des Mines, devenue alors Potasse-Magazine, signe d’une volonté de rajeunissement de la part des MDPA.

        À partir de 1975, fort de son expérience de photographe, il a été chargé d’élaborer la mise en page graphique et le choix des photographies. Afin de mener à bien cet effort de rajeunissement et de réactualisation du journal, il avait pour devise : « C'est l'image qui attire le lecteur, c'est la légende qui engage à lire ». Il applique cette devise, qui accorde un rôle primordial à l’image, autant dans le monde professionnel que dans sa sphère privée, dédiée à ses loisirs et à sa famille, sujets aux thèmes centraux dans ses films amateurs. Charles Bueb filme avec des outils semi-professionnels des scènes de vie familiale, à la maison ou en vacances, dans lesquelles les enfants sont évidemment les principaux acteurs, souvent en compagnie d’animaux. En effet, il est équipé d’une caméra et de pellicule couleur 16mm, format adopté par la télévision pour les reportages et fictions à partir des années 60, qu’il utilise pour filmer de (très belles) scènes de famille ! Il est toujours à la pointe du progrès en ce qui concerne le matériel qu'il utilise et s’offre même ponctuellement de la pellicule sonore.

         

        Fonds Bueb © MIRA

         

        Fonds Bueb © MIRA

         

        Les images qu’il a filmées en service témoignent quant à elles de l’activité d’extraction de la potasse, notamment dans des courts-métrages consacrés à des opérations de fonçage d’un puits, de cimentage, de construction de chevalements. Il aborde aussi des sujets courts sur les machines récemment acquises, spécifiques à l’exploitation minière, comme par exemple les haveuses et machines d’extraction. À travers ces images, les 24 puits et chevalements des MDPA constituant 11 sites d'extraction, se dévoilent aux yeux des curieux du point de vue des ouvriers.  

         

        Fonds Bueb © MIRA

         

        Cette découverte de l’intérieur des différents sites des MDPA ne se fait pas sans leurs principaux acteurs, à savoir les mineurs au travail. Leurs journées de travail quotidiennes se dessinent à travers les films de Charles Bueb lorsque la caméra entre dans le vestiaire des mineurs pendant la pause ou encore quand la descente des mineurs est filmée. Alors même que le sujet du court-métrage peut être parfois purement technique, l'attention portée aux mineurs donnent un visage humain à la mine.

         

        Fonds Bueb © MIRA

         

        Professeur de Sport…

        Avant de mener une vie rythmée et encadrée par les MDPA, comme évoqué ci-dessus, en tant que rédacteur en chef du journal d’entreprise, photographe officiel, Charles Bueb fut professeur d’éducation physique et sportive des futurs mineurs au Centre d’Apprentissage des MDPA de Pulversheim. Ce centre de formation dispose d’un statut particulier et unique dans la mesure où il dépend à la fois de l’enseignement secondaire, ayant le statut de Collège d'enseignement technique délivrant un CAP, et des MDPA, qui offrent aux diplômés une voie prioritaire de recrutement. Accessible uniquement après un concours d’entrée sélectif, l’école des Mines de Potasse est réputée pour la vitalité de ses équipes de sport, régulièrement sur les podiums des classements régionaux, voire nationaux. Adepte de sports en tou genre, Charles Bueb s’illustre en outre par la création des équipes sportives de handball, de basket-ball et d'athlétisme de l’école, et prend ensuite la responsabilité du pôle athlétisme de l’Union Sportive de Pulversheim (USP).

        Le Bassin Potassique se distingue donc rapidement par l’ascension croissante des équipes de sports dans la hiérarchie régionale. Ce dynamisme local tire les performances vers le haut, ainsi que le nombre de licenciés dans les sociétés sportives agréées par les Mines qui peut atteindre 3 000 adhérents en 1966. La Gazette des Mines se fait le relais de ces chiffres imposants, et célèbre régulièrement les victoires des clubs sportifs du Bassin potassique sur les autres clubs régionaux, notamment en termes de dynamisme du mouvement associatif sportif.

        L’esprit de compétition est tel que l’US Pulversheim d’athlétisme finit par être proclamée la section d’athlétisme « la plus active d’Alsace » en 1954, remportant le classement par équipe au championnat d’Alsace.

        Grâce à son dynamisme, à son investissement dans la vie du club et à l’aide financière des MDPA, le projet de construction du complexe sportif olympique de Pulversheim est achevé en 1966, il est le symbole d’une « grande époque » pour les clubs miniers du Bassin potassique. Le choix de la commune minière de Pulversheim s’explique non seulement par la présence de l’école des Mines de Potasse, mais également par sa localisation privilégiée, au cœur géographique du Bassin potassique. Les MDPA très investies dans le secteur associatif sportif font du stade de Pulversheim le témoin matériel de cette période de prospérité promue par leur politique associative intense.

        30 ans après le fameux discours à la jeunesse du 10 juin 1936 de Léo Lagrange, sous-secrétaire d'État aux sports et à l'organisation des loisirs du Front populaire, il semblerait que la volonté de « mettre l’art et le sport à la disposition de tous » ait été accomplie par les clubs sportifs du Bassin potassique.

        … Médaillé !

        C’est au titre de ces accomplissements que Charles Bueb occupe des postes influents dans le secteur sportif départemental, régional et national. En effet, il est nommé président du Comité départemental d'Athlétisme puis de la Ligue régionale, et ensuite du Comité directeur de la Fédération Française d'athlétisme. Il devient également vice-président du Conseil départemental des Sports et membre du Comité directeur du Comité olympique et sportif d'Alsace. Et pour couronner le tout, il est récompensé par la médaille d'or de Jeunesse et Sports décernée aux personnes pour les services rendus lors d'un engagement bénévole dans le secteur sportif. Et pour son rôle de professeur d’EPS, il obtient le grade d’Officier des Palmes Académiques, grade décerné aux personnes ayant rendu des services éminents à l’éducation.

        Curieux vis-à-vis de tous les sports, même ceux qu’il ne pratique pas, Charles Bueb suit les sportifs d’autres disciplines pour filmer leurs exploits. C’est ainsi qu’il filme les figures acrobatiques dans le ciel des pilotes de deltaplane.

         

        Fonds Bueb © MIRA

        Les Mines et le sport : un passé commun

        La place centrale donnée au sport par les MDPA peut de prime abord étonner. Pourtant, l’interventionnisme des Mines dans le secteur associatif sportif s’inscrit dans la continuité d’un système de pensée hérité de l’hygiénisme apparu au milieu du XIXe siècle. En plus de se préoccuper d’enjeux de santé publique, d’urbanisme et d’architecture, les hygiénistes ont ouvert la voie à des préoccupations médicales et diététiques qui ont mené le patronat des exploitations industrielles et minières à considérer le sport comme un outil de contrôle social et physique. Cette idée est confirmée par le Dr Ley, représentant au CCE du service médical des MDPA qui affirme que « les activités physiques et sportives sont synonymes de santé », tout en vantant leurs avantages financiers pour l’entreprise puisque les « sportifs perdent trois fois moins de temps après un accident de travail que les autres » pour revenir au travail. De ce point de vue, pas étonnant que les Mines favorisent les clubs sportifs.

        Olivier Chovaux parle de ces clubs comme d'« instrument de contrôle social sous couvert de paternalisme sportif et d’intentions physiologiques ». Ces clubs sportifs des entreprises minières restent néanmoins un facteur d’intégration dans la communauté des mines, où ils contribuent au sentiment d’appartenance à la communauté potassique. Les préceptes énoncés par Léo Lagrange dans le même discours à la jeunesse évoqué précédement se voient également accomplis par le secteur associatif sportif des Mines de Potasse dans la mesure où cette partie « de la jeunesse française [trouve] dans la pratique des sports, la joie et la santé et [peut se] construire une organisation des loisirs telle que les travailleurs puissent trouver une détente et une récompense à leur dur labeur ».

         

         

        Encore du sport en colonie de vacances

        Face au constat d’une population rajeunissante toujours plus nombreuse, en demande d’activités sportives, les clubs de sports ne suffisent plus. Cet enjeu de société, commun à tout le territoire français dans les années 60, est bien compris par la Direction des Mines qui y voit un atout considérable pour la situation économique et sociale du Bassin Potassique. En effet, en fidélisant la population d’origine minière dès leur plus jeune âge, les Mines se garantissent une main-d'œuvre renouvelée de génération en génération avec un haut potentiel de travail.

        Pour répondre à ce désir de loisir des populations jeunes du Bassin potassique, ainsi qu’aux aspirations mercantiles de l’entreprise, des colonies de vacances co-organisées par les Mines sont proposées aux enfants des mineurs. En partie organisées par l’association "La Cigogne", totalement consacrée à cette mission, les colonies de vacances permettent à la jeunesse des Mines de Potasse de découvrir les vacances dans des lieux de villégiature auxquels ils n’auraient autrement pas pu accéder.

        Symbole d’une période de démocratisation des vacances et d’éducation populaire, les colonies de vacances telles que celles proposées par La Cigogne et les MDPA, vivent leurs heures de gloire dans les années 60. En effet, dès 1960, La Cigogne propose 15 lieux de villégiature dans des centres de vacances pouvant accueillir jusqu’à 2 359 petits colons, filles et garçons confondus.

         

         

        Fonds Bueb © MIRA

         

        Moniteur brièvement et membre actif de l’association, Charles Bueb, contribue à l’organisation des colonies, au choix des lieux et profite de ces moments de groupe pour mettre en scène face à la caméra les jeux des enfants. Un véritable effort de mise en scène est fourni par les enfants qui pour l’occasion se fabriquent des déguisements et s’improvisent acteurs de western ou péplum, genres cinématographiques rencontrant un regain de popularité à l’époque.

         

        Fonds Bueb © MIRA

        Les chantiers du Corbusier à Ronchamp

        En dehors de ses activités en tant qu’employé des MDPA ou membre de la communauté potassique, au sens large, Charles Bueb se consacre à ses loisirs, impliquant toujours l’image, que ce soit avec la photographie ou les films de famille.

        En matière de photographie, c’est la récente redécouverte de ses clichés de la chapelle Notre-Dame du Haut de Ronchamp qui force l'admiration. En effet, ses clichés noir&blanc documentent, avec précision et sens de la composition, les étapes de la construction de l'œuvre du Corbusier. L’opportunité qu’a eu Charles Bueb de se rendre sur les lieux lors de la construction de la chapelle lui a été offerte par l'abbé Marcel Ferry, ami et membre de la "Commission d'art sacré du diocèse de Besançon. Cette commission venant de donner son accord pour la construction de la nouvelle chapelle "Notre Dame du Haut" pour laquelle l'architecte choisi était le Corbusier. L'abbé Ferry propose à Mr Bueb de se rendre sur place pour faire photos et reportages pour la construction de l'édifice. Charles Bueb photographie avec son Rolleiflex les deux ans nécessaires pour l'édification de la chapelle, de 1953 à 1955. Revenu pour l’inauguration de la chapelle par le Corbusier, il en profite également pour la filmer cette fois-ci en couleur. Il continuera toute sa vie à s'y rendre, devenu un ami proche du chapelain de la chapelle l'abbé Bolle-Redat, et y célébrera tous les temps forts de sa vie familiale.

        Membre actif de la vie associative et sociale des Mines de Potasse, Charles Bueb a su associer ses passions avec son occupation professionnelle auprès des MDPA. En s’engageant dans le secteur sportif associatif, il a contribué à son dynamisme à l'échelle du Bassin potassique, dont les témoins matériels, tels que le stade olympique de Pulversheim, restent toujours visibles aujourd’hui. Attribut du Bassin potassique, son réseau associatif sportif demeure l’un des patrimoines de l’industrie de la potasse en Alsace, auquel a contribué Charles Bueb.

        La Mine de Potasse a joué un rôle essentiel pour le développement de la vie sociale du Bassin, et Charles Bueb a autant été acteur de ce développement que rouage de ce système.

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