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      • Le cyclisme en Alsace

      • Par Thomas Bernolin
      • Le cyclisme en Alsace
        • Charles Messmer, fonds Gower @ MIRA
      • En Alsace, le cyclisme contribue à façonner l'identité régionale. Pratique quotidienne pour les uns, activité sportive pour les autres, symbole écologique ou passion pour certains, le vélo connaît une forte médiatisation depuis l'avènement de l'emblématique Tour de France en 1903. Il participe surtout aux transformations économiques et sociales du XXe siècle.

        Le Tour de France en Alsace


        La naissance du Tour de France se situe dans le contexte parisien et bourgeois de la Belle Époque. Créé en 1903, le Tour de France est premièrement organisé par le quotidien sportif L’Auto d’après une idée de Géo Lefèvre, membre du comité journalistique présidé par l’ancien coureur cycliste Henri Desgrange. Cette compétition cycliste incarne à juste titre l’épanouissement de la société industrielle et la métamorphose des moyens de locomotion terrestre dès les premières années 1900. Depuis maintenant plus d’un siècle, l’événement médiatique rassemble de nombreuses équipes internationales de coureurs cyclistes professionnels espérant conquérir le maillot jaune du leader. Étape après étape, la « Grande Boucle » traverse la France sous forme de caravane itinérante qui regroupe organisateurs, concurrents cyclistes, véhicules publicitaires, aides techniques et journalistes. Diffusée à la télévision dans 190 pays, elle est notamment le troisième événement sportif le plus regardé dans le monde, derrière les Jeux olympiques d’été et la Coupe du monde de football.

        Le Tour de France est originellement raconté par la presse écrite spécialisée jusqu’aux années 1930, où les animateurs de radio viennent l'enrichir de leurs commentaires en live. Réalisateurs professionnels et amateurs, quant à eux, sortent leurs caméras pour immortaliser le tournoi.

        Le 28 juin 1947, à Strasbourg, le cinéaste amateur Géo Rieb filme les nombreuses voitures publicitaires ouvrant la voie aux coureurs cyclistes. L’édition de 1947 est particulière pour plusieurs raisons : interrompu pendant sept ans à cause de la guerre, le Tour, remis au goût du jour, officialise symboliquement la réconciliation des régions françaises. Organisé en « chemin de ronde », le circuit du Tour longe effectivement les frontières du territoire français et s’autorise quelques échappées en Belgique ou au Luxembourg. Le passage du Tour à Strasbourg, dès sa quatrième étape, correspond à une logique symbolique de « refrancisation » de l’Alsace.

        Tour de France, 1947
        Géo Rieb, fonds Rieb @ MIRA


        Le Tour de France est, notamment après la Première Guerre mondiale, une fête marquée du sceau du progrès. L’épreuve cycliste, qui constitue une grande boucle et se termine toujours à Paris, forme un encerclement professionnel du pays qui manifeste ostentatoirement les valeurs de la France moderne et industrielle, le dynamisme et la santé éclatante de la jeunesse sur le chemin de ronde de la France. Troupe d’élite, bataillon sacré du sport, les coureurs du Tour de France sont accueillis dans les villes-étapes comme des amis et comme des soldats. 

        L’événement sportif permet également de mettre un coup de projecteur sur les sociétés partenaires de la course. Impressionnantes et monumentales, les démonstrations publicitaires apportent une plus-value aux entreprises représentées. Si les industries collaboratrices sont principalement locales et liées au monde du sport au début du XXe siècle, l’essor de la publicité de masse et du sponsoring extra-sportif modifie la tendance.

        Dans le film de Géo Rieb, les automobiles logotées promulguent ainsi plusieurs fabriques françaises comme OCB, papeterie bretonne fondée par René Bolloré en 1918, la maison d’édition de Paul Beuscher, productrice de titres populaires comme La Vie en Rose d’Édith Piaf, ou encore le tout récent quotidien L’Équipe (inauguré l'année précédente, en 1946). Deux semaines plus tard, le 17 juillet, le cinéaste utilise la même bobine pour filmer une course bicyliste dans le quartier strasbourgeois des Contades. Dans l’une comme dans l’autre compétition, les spectateurs répondent présent en grand nombre et rendent ainsi manifeste l’engouement collectif pour le cyclisme.

        Tour de France, 1970
        Bernard Hoffner, fonds Hoffner @ MIRA


        Face à l’héroïsation populaire des coureurs-cyclistes, les organisateurs du tournoi complexifient le niveau du parcours pour ainsi mieux légitimer les exploits des sportifs : étapes de montagne, régions difficiles d’accès, contrées vides, loin des villes et des spectateurs, perçus par les journalistes comme des décors divins et impitoyables. Le massif des Vosges, avec ses escarpées serpentines et sa grande vallée, correspond parfaitement à cette nouvelle quête d’excellence doublée d’une sacralisation de la nature héritée des grands récits mythologiques.

        Maurice Biraud au Tour de France, 1970
        Bernard Hoffner, fonds Hoffner @ MIRA


        En 1970, le photographe et cinéaste amateur alsacien Bernard Hoffner se saisit de sa caméra 16 mm pour capturer le passage éclair du peloton. Regroupés autour d’un sentier de montagne vosgien, plusieurs centaines de visiteurs saluent, encouragent et admirent les coureurs cyclistes. C’est l’été, il fait beau et les gens sont heureux de retrouver leurs proches à l’occasion de ce spectacle en plein air. Le défilé des motards pour la marque « Byrrh » traduit à merveille l’ambiance foraine et spectaculaire du Tour. Un fourgon « Sonolor », du nom de l’ancienne équipe française de cyclisme professionnel sur route dirigée par le champion belge Lucien Van Impe, inaugure la procession automobile avant que le passage d'un énorme camion célébrant les bières de Champigneulles, près de Nancy, ne soit acclamé par les spectateurs. À bord de la caravane décapotable portant les logos de L’Équipe et du Parisien, l’animateur de radio et acteur français Maurice Biraud s’adresse à la foule au micro et précède les cyclistes qui dévalent la pente à toute vitesse. Par son déroulé événementiel, le cortège du Tour de France convoque aussi bien la réjouissance des kermesses populaires que la solennité des escortes officielles.  

        Le vélo : un acteur social et politique
         

        La bicyclette puise d’abord ses valeurs dans l’univers séparé de la classe bourgeoise. Au XIXème siècle, elle est liée aux consommations excédentaires d’argent et de temps (loisirs, sport, tourisme) et symbolise le progrès et l’aisance sociale. Les pratiques cyclistes naissent à la ville et depuis la ville. Paris, haut lieu de luxe et de plaisir, forme le centre du monde où s’élaborent modes et découvertes, où se définissent styles de vie et constructions identitaires. L’imaginaire associé au progrès s'exporte largement au-delà de la capitale. Vers 1940, simultanément aux débuts de la Seconde Guerre mondiale et de l'annexion de l'Alsace au territoire nazi, un couple se promène à bicyclette dans les alentours de Strasbourg. Le père, vêtu d’un élégant pardessus et d’un chapeau feutre, conduit son vélo, une cigarette entre les lèvres. Il balade son fils encostumé, installé à l'extrémité avant de sa selle. Embarquant sa caméra 8 mm pendant son trajet, le cinéaste Georges Lortz filme les femmes l’accompagnant alors qu’elles conduisent leurs deux-roues avec une tenue très chic (tailleur et jupon).

        Promenade dominicale près de Strasbourg, 1940
        Georges Lortz, fonds Lortz @ MIRA


        Concernant la petite reine, le Tour de France joue un rôle prépondérant dans la popularisation de sa pratique. Prenant les héros de la route comme icônes, les gens considèrent rapidement le vélo comme un symbole de courage et de liberté. Pour les classes ouvrières qui fabriquent pièce par pièce les vélos dans les usines, le bicycle constitue un instrument d’appropriation familière de l’espace hors-travail, aussi bien pour les adultes que pour les enfants. De plus, à partir des années 1970, la baisse drastique de ses tarifs permet aux foyers les plus précaires de s’en procurer un modèle.

        Journée populaire de la bicyclette à Strasbourg, 1973
        Jean Albert, fonds Albert @ MIRA


        Le 29 avril 1973, une Journée populaire de la bicyclette est organisée dans le cadre de la foire « Exposition de printemps ». Prenant place dans le quartier strasbourgeois du Wacken, l’événement réunit enfants et adultes autour d’une seule et même pratique : le cyclisme. Passionné par le vélo auquel il s’adonne également en Algérie pendant la guerre d’indépendance, le cinéaste amateur Jean Albert filme les préparations d’une course prenant place dans tout le Bas-Rhin (Eckwersheim, Truchtersheim, Vendenheim, Olwisheilm, Rohr, et d’autres). Il réalise des gros plans sur le laçage des chaussures spécialisées, une gourde dans un porte-bidon… Certains des coureurs enfilent des cuissards et des maillots adaptés tandis que la plupart revêt joggings et vêtements de sport plus classiques. Le réalisateur transmet sa passion pour le vélo en insistant sur l’énergie et la joie communes des participants malgré le temps grisâtre. Ses images soulignent l’influence intergénérationnelle du vélo et son caractère initiatique.
         

        Journée populaire de la bicyclette à Strasbourg, 1973
        Jean Albert, fonds Albert @ MIRA


        Au fil des années 70-80, les projets mêlant pédagogie et cyclisme émergent au sein des programmes éducatifs. Vers 1984, le cinéaste Gérard Guth immortalise notamment ses filles lors d’une sortie scolaire de trois jours qui a la particularité de se dérouler à vélo. Les enfants et les accompagnateurs suivent l’instituteur dans les rues et les hauteurs de Nordheim. La démarche consiste à sensibiliser les élèves à l'histoire locale tout en leur proposant des activités ludiques et sportives, portées sur le collectif.

        Sortie pédagogique à Nordheim, 1984
        Gérard Guth, fonds Guth @ MIRA


        Parallèlement, avec l’apparition, à la fin des années 1960, des mouvements de défense de l’environnement – la première journée de la Terre date de 1970, année du premier « Clean Air Act » du Congrès américain – et à la suite du choc pétrolier de 1973, la bicyclette devient le symbole d’une philosophie écologique opposée aux puissants magnats de l’automobile et du pétrole. Le vélo sert ainsi d’étendard pour les militants anti-industriels.

        De nombreuses zones piétonnières et cyclistes ont été aménagées dans les grands centres-villes européens durant les années 1970, dont Strasbourg est un illustre exemple. Là encore, d’anciens militants des années 1960, fortement mobilisés autour de la transformation de l’espace urbain, sont à l’origine de ces initiatives.

        Précurseuse de la « vélorution » menée le 22 avril 1972 par des manifestants-cyclistes parisiens, l’ancienne députée européenne et activiste strasbourgeoise Solange Fernex transporte sa caméra Super 8 mm au cœur d’une manifestation contre la centrale nucléaire de Fessenheim en 1970. C’est par le vélo que le groupe de militants déclare son opposition aux actions industrielles jugées néfastes pour l’environnement et les humains. À l’instar de la caméra, le vélo est ici utilisé comme une arme politique, un emblème contestataire.

        Manifestation cycliste contre la centrale nucléaire de Fessenheim, 1970
        Solange Fernex, fonds Fernex @ MIRA


        Depuis les années 1980, l’institutionnalisation du VTT et le développement de nouvelles activités sportives dites « extrêmes » comme le BMX (bicycle motocross) multiplient les opportunités de monter sa selle. Socialement valorisé pour ses atouts sanitaires et énergétiques, le vélo contribue également à concourir voire à freiner le marché de l’automobile comme le démontre sa large profusion dans les rues de la capitale alsacienne. 

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