Par Sybille d'Hardemare

Né à Caen en 1935, Jean Albert se passionne pour la photo puis acquiert une caméra avec laquelle il tourne de nombreux films des années 1950 aux années 1970. D’une grande qualité d’image, les seize films 8mm, que comptent aujourd’hui les collections de MIRA témoignent d’un grand sens du cadrage et constituent, de surcroit, des documents historiques précieux.

Un soldat en Algérie

En effet, dès 1956, en pleine guerre d’indépendance, Jean Albert est envoyé en Algérie pour son service militaire. Au cours de cette période, il filme plusieurs séquences importantes comme le discours du général de Gaulle en 1958 à Constantine. Du simple quotidien des troupes aux défilés militaires, il livre à travers l’oeil de la caméra une perspective rare : celle individuelle et personnelle d’un soldat pendant la guerre.

Engagé en tant que parachutiste, il enregistre en particulier des images de l’armée de l’air, nous conduisant au plus près des manœuvres militaires auxquelles il participe.

 

Fonds Albert © MIRA

 

Fonds Albert © MIRA

Le quotidien en temps de guerre

Envoyé par la suite à Kehl, il rencontre Denise Lobstein avec laquelle il se marie en 1959 à Strasbourg. Démobilisé, le cinéaste souhaite malgré tout retourner en Algérie, pays qu’il a aimé. Ensemble, le couple s’installe à Hydra où Jean Albert travaille pour la compagnie Air Algérie. Bien que la guerre sévisse toujours, ses films manifestent pourtant le quotidien en apparence tranquille et heureux d’une famille, célébrant les grands événements de l’existence comme la naissance de leur fils à Bab-el-Oued. Car si le cinéaste croise la grande histoire, c’est d’abord le récit de la vie intime qui caractérise bien souvent le film amateur.

 

Fonds Albert © MIRA

Retour en Alsace : vie familiale et engagement associatif

Il n’est donc pas étonnant que le fonds Albert contienne aussi des films de voyages, de vacances, des scènes de carnavals et de fêtes populaires ainsi que de nombreuses courses de vélo — une autre passion du cinéaste.

Revenus en France peu avant l’indépendance en 1961, Denise et Jean Albert s’installent en 1963 à Strasbourg dans le quartier de l’Esplanade. En pleine mutation, le quartier est investi par des associations telle que l’ARES (Association des Résidents de l’Esplanade à Strasbourg) dont Jean Albert est membre. Organisant de grandes manifestations sportives, l’association se donne pour mission de créer et renforcer le lien social entre les habitants. À cette occasion, Jean Albert filme l’édition 1967 des Jeux Esplanadiens au cours de laquelle est disputée une grande partie de street hockey.

 

Fonds Albert © MIRA

 

Fonds Albert © MIRA

 

Pour aller plus loin, retrouvez sur notre site internet le parcours thématique dédié à Denise Albert : Une Alsacienne en Algérie ainsi que la collection de témoignages Alsace-Algérie : histoires et images de l'intime.