• Contactez-nous
  • Déposer un film
  • Espace presse
  • Rhinédits
  • En vous identifiant à l'aide d'une adresse e-mail et d'un mot de passe, vous pourrez découvrir gratuitement l'intégralité des collections de MIRA, conserver un historique de vos recherches et de vos séquences favorites !

    MIRA s'engage à ne pas transmettre vos données personnelles à des tiers. Les informations recueillies font l’objet d’un traitement informatique destiné à l'inventaire du patrimoine cinématographique alsacien. Les destinataires des données sont l'association MIRA. Conformément à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée en 2004, vous bénéficiez d’un droit d’accès et de rectification aux informations qui vous concernent, que vous pouvez exercer en vous adressant à : Association MIRA - 7 rue des Alisiers 67100 Strasbourg. Vous pouvez également, pour des motifs légitimes, vous opposer au traitement des données vous concernant. Déclaration CNIL n°1767467v0

    Votre courriel
    Votre mot de passe

xxx FILMS | xxx COLLECTIONS

MiraMIRAMémoire des Images Réanimées d'AlsaceCinémathèque régionale numérique

Portraits de cinéastes
      • Portrait de cinéaste : Robert Schwindenhammer

      • Par Alice Velte
      • Portrait de cinéaste : Robert Schwindenhammer
        • Scène d'ivresse entre amis, Collection Ville de Turckheim, © Collection MIRA
      • A Turckheim, commune haut-rhinoise située dans la vallée de la Fecht, le nom de la famille Schwindenhammer est loin d’être inconnu. Propriétaires dune grande usine de papier fondée en 1798 sur le site d’un ancien moulin, les générations successives dindustriels ont marqué lhistoire de la ville.

        Aujourdhui, MIRA compte dans ses collections trente et un films réalisés au format 9,5mm entre 1927 et 1937 par Robert Schwindenhammer. Fils de Charles Schwindenhammer, il hérite de la direction de la papèterie familiale à partir de 1935 et continuera de la gérer jusquen 1968. Il partage de temps en temps sa caméra Pathé-Baby avec sa femme Alice Kuhn, elle-même la fille d’un éminent docteur de la ville qui apparaissent tous deux régulièrement dans les films. Ces derniers constituent autant de séquences qui donnent, sur dix ans, un vivant ­­­­­aperçu de la vie de cette famille bourgeoise au gré des vacances, fêtes de famille, après-midis entre amis dans le parc de leur demeure - la Villa Mon Désir- ainsi que plusieurs excursions dans les Vosges et au-delà.

         

         
        La cheminée de la papèterie. Fonds Ville de Turckheim © MIRA.                                          Le docteur Kuhn dans Jeux devant la caméra. Fonds Ville de Turckheim © MIRA                            

                                           

        Filmer sa famille: créer du lien

        Le sujet principal des films, ce sont les individus qui composent la vie du cinéaste. A quelques exceptions près, Robert Schwindenhammer s’empare de sa caméra pour filmer ses proches et documenter leur vie quotidienne hors du travail, dans les moments de repos et de loisirs. Comme avec un appareil photographique, elle lui sert d’abord à enregistrer les événements de la vie de sa famille pour en fabriquer des souvenirs. Il se focalise spécifiquement sur son fils Jacques, dont il fait le portrait évolutif en observant sa manière d’occuper l’espace et d’appréhender ses mouvements d’enfant. On le voit ainsi grandir au fil des années, depuis ses premiers pas jusqu’à son apprentissage du vélo en passant par sa première récitation de poésie. Il filme aussi sa femme, notamment dans une très belle séquence de baignade ou bien ses amis, qui viennent rendre visite à la famille à la Villa.

         

        A gauche, Robert Schwindenhammer en tenue de motard. Au centre, Jacques, son fils. A droite, Alice Kuhn, son épouse. Collection Ville de Turckheim © MIRA

         

        La plupart du temps, les films sont localisés à Turckheim et ses alentours, à l’exception d’une excursion du couple à Nice où l’on aperçoit un magnifique casino sur pilotis aujourd’hui disparu. Les séquences familiales prennent aussi place à Thannenkirch, au Grand Ballon, au col Wettstein ou encore à la ferme-auberge Uff Rain, située tout près du col du Platzerwasel, à quelques kilomètres de la Route des Crêtes. C’est devant cette auberge que toute la famille s’attèle tour à tour et avec enthousiasme au sciage éprouvant de bûches pour se réchauffer. Cette séquence est représentative de la bonne humeur qui anime les Schwindenhammer : on y voit notamment Robert jouant de l’harmonica pour encourager le docteur Kuhn, qui semblait particulièrement espiègle ce jour-là. (Cf. Les joyeux scieurs de l’auberge Uff Rain). Une autre séquence mémorable de ce genre est un pique-nique alcoolisé en plein air où le groupe, hilare, grimace et se tire la cravate en se resservant du vin à foison, pendant que les femmes fument et rient. (Cf. Scène d’ivresse entre amis)

        Ces séquences sont à l’image du reste du fonds, dont la beauté réside en grande partie dans ces moments de pure joie collective, qui nous lient et nous rapprochent de ces individus ayant vécu il y a près d’un siècle. En plus de nous donner à voir la vie sociale et familiale des personnalités influentes de Turckheim à cette époque, les films offrent une succession de portraits très vivaces qui capturent l’essence de certains individus. Ils témoignent aussi d’une proximité émotionnelle forte entre les différents membres de la famille, que la caméra rend manifeste et semble même renforcer.

        Si les films ne sont pas sonores, le rire y est très présent et transparaît souvent. Plus généralement, ces images de bonheur sont symptomatiques du film amateur : hier comme aujourd’hui, on s’empare le plus souvent de la caméra pour filmer des moments heureux et conviviaux avec ses proches.

         

         
        Les joyeux scieurs de l’auberge Uff Rain, Collection Ville de Turckheim © MIRA.   Scène d’ivresse entre amis, Collection Ville de Turckheim © MIRA

         

        Des images ancrées dans leur territoire: documenter son lieu de vie

        En parallèle de cet usage du cinéma à des fins de conservation d’une mémoire intime et familiale, Robert Schwindenhammer a tout de même aussi le réflexe de filmer pour documenter ce qui l’entoure et conserver une image des lieux qu’il habite. Il fait donc le portrait de sa ville natale et de ses contours en la filmant d’abord depuis un point de vue panoramique pour la situer dans son environnement et ses reliefs. Il pénètre ensuite à l’intérieur des fortifications de la vieille ville pour filmer notamment la porte de France, son entrée principale. La séquence d’un exercice de pompiers, déployant leur dispositif dans la cour de la papèterie, confirme la volonté du cinéaste de documenter l’activité de sa ville et de son usine, qui en occupe une grande partie. Il filme d’ailleurs scrupuleusement les différentes infrastructures appartenant à la papèterie familiale en veillant à adopter plusieurs angles, ce qui nous permet de constater son importance dans le paysage turckheimois  (Cf. Papèterie Schwindenhammer).

        Dans un autre film, on voit brièvement l’intérieur de la salle des machines, alimentée par l'eau de la Fecht dérivée par le canal de Muhlbach. Ces images sont d’autant plus précieuses que l’usine, dont la cheminée emblématique a dominé cette partie de la vallée pendant près de trois centenaires, a été démantelée en 2019. Les films de la famille Schwindenhammer, dont les membres ont été des acteurs influents dans la région au cours des XIXè et XXè siècles, constituent donc aussi des archives significatives pour ses habitant.e.s. intéressé.e.s par leur histoire et leur patrimoine.

         

         
        Vues panoramiques de la ville de Turckheim, Collection Ville de Turckheim © MIRA   Exercice de pompiers à la papèterie, Collection Ville de Turckheim © MIRA

         

        La caméra comme moteur du jeu et de la mise en scène comique

        Ce qui frappe particulièrement dans ce fonds, cest lextraordinaire complicité liant les différents membres de la famille et les amis, qui nhésitent pas à jouer devant la caméra. A la Villa Mon Désir, on blague, on grimace, on danse, on senivre, on se chatouille, on se taquine. Ce qui caractérise lensemble des films, c'est l'incroyable joie de vivre ensemble et de se réunir, ainsi quune émouvante insouciance propre à lentre-deux-guerres. Souvent drôles, les personnes qui gravitent autour de la famille semblent beaucoup samuser de la présence de la caméra, qui les pousse à adopter diverses attitudes comiques.

        La caméra est ainsi utilisée comme une sorte de jouet qui provoque l’événement et que l’on sort entre amis pour passer du bon temps. Robert Schwindenhammer s’en empare régulièrement pour capter les facéties fugaces de ses proches qui interagissent avec elle avec amusement.

        Cette relation ludique à la caméra s’explique en grande partie par le contexte historique dans lequel ces images ont été tournées. Lorsque Robert commence à filmer, le premier dispositif de cinéma amateur en 9,5mm lancé par Pathé Baby en 1922 vient à peine d’intégrer les foyers des plus aisés, dont font partie les Schwindenhammer. Il faut donc s’imaginer que pour le cinéaste comme pour celles et ceux qu’il regarde à travers l’objectif, le geste de filmer est tout à fait nouveau et excitant (voire assez extraordinaire). Contrairement à l’appareil photographique qui contraignait jusqu’alors les corps à une certaine fixité due à la pose longue, la caméra semble activer un désir de se mettre en scène qui se caractérise par exemple par l’amplification de certaines expressions faciales ou par une manière de se présenter devant l’objectif en exagérant ses mouvements. Cette expressivité accrue s’explique sans doute par une forme de reproduction des mimiques d’acteurs du cinéma commercial muet, que l’on retrouve par exemple dans le film « Amusement entre adultes », dans lequel un groupe défile et multiplie clowneries et danses comiques pour la caméra.

        (Pour aller plus loin sur ce sujet :« La pratique du portrait dans le cinéma privé » par Ondine Duché)

         

         

        Moment convivial avec un appareil photographique, Collection Ville de Turckheim © MIRA

         

         

        Amusement entre adultes, Collection Ville de Turckheim © MIRA

         

         

        Scène d’ivresse entre amis, Collection Ville de Turckheim © MIRA

         

         

        Amusement entre adultes, Collection Ville de Turckheim © MIRA

         


        Pour finir, le cinéaste nous livre aussi une autre facette de l’usage de la caméra, non moins intéressante. Il s’agit d’une séquence « voyeuriste » lors de laquelle Robert Schwindenhammer, caché derrière des buissons, filme manifestement ses voisins en maillot de bain se prélassant au bord de leur piscine. On ressent dans cet instant volé toute la tension d'un acte interdit:  l'image y est tremblante, les branchages obstruent la majeure partie du champ. Si cette situation est plutôt cocasse, elle nous rappelle aussi que le cinéma est affaire de curiosité, de pulsion et de regard sur l'Autre.

         

        Scènes volées - École, Collection Ville de Turckheim © MIRA

         

        Découvrant l’outil cinématographique à la fin des années 1920, Robert en saisit rapidement les différents modes d’utilisation. En l’espace de dix ans, son usage amateur est représentatif des manières d’appréhender l’image en mouvement : le film devient à la fois support de mémoire pour la famille, vecteur d’espiègleries ou encore archive documentaire.

         

        ROBERT SCHWINDENHAMMER EN TROIS FILMS

         

      • Films en lien

31, rue Kageneck 67000 Strasbourg | Tél. 03 88 22 03 32 | www.miralsace.eu | contact@miralsace.eu
powered by diasite | designed by yurga.fr

Recevez la newsletter | Se désinscrire | Mentions légales