• Contactez-nous
  • Déposer un film
  • Espace presse
  • Rhinédits
  • En vous identifiant à l'aide d'une adresse e-mail et d'un mot de passe, vous pourrez découvrir gratuitement l'intégralité des collections de MIRA, conserver un historique de vos recherches et de vos séquences favorites !

    MIRA s'engage à ne pas transmettre vos données personnelles à des tiers. Les informations recueillies font l’objet d’un traitement informatique destiné à l'inventaire du patrimoine cinématographique alsacien. Les destinataires des données sont l'association MIRA. Conformément à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée en 2004, vous bénéficiez d’un droit d’accès et de rectification aux informations qui vous concernent, que vous pouvez exercer en vous adressant à : Association MIRA - 7 rue des Alisiers 67100 Strasbourg. Vous pouvez également, pour des motifs légitimes, vous opposer au traitement des données vous concernant. Déclaration CNIL n°1767467v0

    Votre courriel
    Votre mot de passe

xxx FILMS | xxx COLLECTIONS

MiraMIRAMémoire des Images Réanimées d'AlsaceCinémathèque régionale numérique

Parcours thématiques
      • L'Alsace nazie dans les collections de MIRA

      • Un parcours thématique réalisé par Odile Gozillon-Fronsacq.

        MIRA a été sollicitée pour accompagner la remarquable exposition de la BNU « Face au nazisme, le cas alsacien » inaugurée en septembre 2022.

        D’une part plusieurs extraits de nos films amateurs ont été sélectionnés par les commissaires de l’exposition pour enrichir leur scénographie. D’autre part, nous avons présenté une soirée cinéma autour du thème du nazisme. En avant-programme d’un remarquable documentaire italien réalisé à base d’archives sur le parcours d’un soldat pendant la Deuxième Guerre mondiale (Il Varco de Federico Ferrone et Michele Manzolini), MIRA a proposé un montage d’une quinzaine de minutes sur les rapports entre Alsace et cinéma à l’époque de la terrible annexion nazie (1940-1944/45).
      • L'Alsace nazie dans les collections de MIRA
        • © BNU
      • Nous avons choisi de montrer la diversité de nos collections sur ce thème :  des images professionnelles, mais non destinées à des salles de cinéma, et surtout des films amateurs tournés par des Alsaciens pendant la guerre. Certaines images ont été réalisées en 16 mm, les autres en 8 mm, toutes sont en noir et blanc et muettes. Nous avons choisi de les montrer selon un ordre chronologique, qui répond aussi à une évolution historique.

        Nous avons réalisé notre sélection autour d’une question : que nous montrent les films inédits, de la vie en Alsace à l’époque nazie ? Certains nous donnent l’image d’une Alsace heureuse, d’autres celle d’une région mise au pas par un régime totalitaire. Cela dépend de la date de prise de vues, du cinéaste, et du contexte.

        La vie douce dans la propagande nazie   

        Les premières images sont extraites du film Maidel im Landjahr (1936) (Jeunes filles à la campagne)

        Ce film allemand de 12 minutes a été retrouvé dans une école de Molsheim : la propagande nazie a été obligatoire dans toutes les écoles de l’Alsace annexée. Avec un appareil de projection 16mm, on présentait des Kulturfilms1. Ces films existent depuis 1918, mais leur production double sous le IIIè Reich, sous l’impulsion du Ministère du Reich à l'Éducation du peuple et à la Propagande, dirigé par Joseph Goebbels.

         

        Lever du drapeau au RAD (Reichsarbeitsdienst, Service du Travail du Reich)
        Brochure de propagande nazie

         

        Les images montrent qu’un des buts de la propagande était d’enlever les jeunes à leurs familles, de les rassembler pour leur inculquer un esprit de camaraderie soudé par une idéologie commune, le nazisme. La Bund Deutscher Mädel ou BDM2. (la Ligue des jeunes filles allemandes) regroupe toutes les jeunes filles de 10 à 18 ans. Elles doivent aller au RAD (Reichsarbeitsdienst, Service du Travail du Reich), comme on le voit ici. Dès 1941 les jeunes filles alsaciennes sont soumises elles aussi à cette obligation, et nous avons pu recueillir des témoignages3 confortant les scènes montrées par ce film : dortoirs aux lits superposés, part importante de l’activité physique, importance de l’hygiène. Le premier des « dix commandements de la santé » est rédigé ainsi : « Ton corps appartient à la nation, ton devoir est de veiller sur toi-même ». Le film veut montrer aussi comment le nazisme a pu apporter le bonheur et la prospérité aux Allemands qui préalablement étaient les victimes d’une grave crise économique.

         

        La joie que procurent vie en commun, travail et idéologie partagés : ce sont les thèmes exaltés dans le film Mädel im Lanjahr, projeté dans les écoles d’Alsace.
        Affiche de propagande pour la BDM.

         

        Le film fait enfin l’apologie du travail (ici travail aux champs), et montre la joie d’être ensemble dans un groupe uni par la même idéologie. Vie en groupe du matin au soir, lever du drapeau, uniformes … l’individu est au service du Reich. 

        La vie douce dans les films de famille (1940-1944)

        Un fonds important nous a été confié par une famille de médecins, qui a compté des martyrs, et aussi des résistants. Les films nous montrent à la fois la douceur de la vie privée, au sein de la famille, et la terrible mise au pas de la population dans la vie officielle.

        Les fiançailles (14 janvier 40)

        La première séquence montre la fille du médecin de Molsheim le jour de ses fiançailles, avec son futur époux. Le couple sourit à la caméra, le fiancé est en tenue militaire : c’est un uniforme français. Il est médecin, il a été mobilisé en septembre 1939 dans le service de santé de l’armée française4.

         

        Bonheur amoureux malgré la mobilisation.
        Photogramme du film, janvier 1940.

         

        Parties de campagne autour d’un bébé (août 1940)

        Nous sommes en août 1940. On a une série de scènes typiques des films de famille : scènes de bonheur partagé, joies autour d’un petit enfant. Il fait beau, il fait chaud, on profite du soleil et du bébé. Des jeunes femmes dans l’herbe, certaines en maillot de bain, s’amusent au jardin.

         

        Bonheur d’été autour d’un bébé
        Photogramme du film, août 1940

         

        Pourtant le contexte est dramatique : les nazis ont envahi l’Alsace et le 19 juin 40 la croix gammée flotte sur la cathédrale de Strasbourg. Mais l’armistice du 22 juin a mis fin aux combats et les jeunes Alsaciens mobilisés dans l’armée française sont libérés. Le 15 juillet 1940, les Allemands libèrent à leur tour 2000 prisonniers alsaciens. On est en paix. C’est un immense soulagement. On peut encore ignorer quelle sera la politique du Gauleiter Robert Wagner, qui a reçu mission de germaniser et nazifier l’Alsace.

        Ces images intimes du bonheur peuvent sembler politiquement incorrectes à nous autres spectateurs qui connaissons la suite de l’histoire. Elles se heurtent au récit régional d’une Alsace soumise à un régime totalitaire. Mais on oublie toujours que même pendant la guerre, les gens vivaient, avaient des enfants, s’amusaient avec eux s’ils le pouvaient. La famille était plus que jamais un refuge, une autre dimension de la vie. Et les films de famille n’enregistrent que les moments heureux.

        Trois femmes, un bébé, un militaire (1944)

        On est toujours dans les beaux jours d’été. Mais on voit un jeune père en uniforme allemand5. C’est un simple soldat. Médecin, il a été enrôlé de force dans la Wehrmacht (enrôlement obligatoire des Alsaciens dans l’armée allemande en août 1942). C’est une véritable déportation militaire que vont subir les Alsaciens, en violation totale du droit international. Même les films de famille sont témoins de cette tragédie. Mais il faut décrypter ce que cachent les sourires obligés des réunions familiales. 

        La mise au pas (film amateur, 20 octobre 1941)

        Le cinéaste amateur a filmé le Kreistag (rassemblement de district) de Molsheim du 20 octobre 1941.

        Dès octobre 1940 le Gauleiter a annoncé le rattachement de l’Alsace-Lorraine au Reich, et l’Alsace passe sous administration nazie. Elle va subir, bien malgré elle, germanisation et nazification.

         

        Germanisation et nazification : le programme du Gauleiter pour l’Alsace, illustré par ce document de propagande.
        Archives d’Alsace, Colmar, estampe 365.

         

        Germanisation : Wagner met en place la « purification ethnique ». D’abord purifier la race par l’expulsion des indésirables : Juifs, Français, francophiles, tziganes, condamnés de droit commun etc. sont expulsés par un édit du 2 juillet 40. Il lui reste à opérer la nazification de ceux qui restent, le Volk, auquel les Alsaciens sont censés appartenir, et ces images en montrent un exemple : c’est une grande manifestation nazie place de l'Hôtel de ville de Molsheim. L’hôtel de Ville était le siège du NSDAP (parti nazi). Beaucoup de monde : la présence de tous était obligatoire.

        Kreistag à Molsheim, octobre 1941.
        Photogramme du film.

        Dans la foule, de nombreuses infirmières de la Croix-Rouge, et un chef de la Croix-Rouge parmi elles (il est reconnaissable à une croix sur le col de sa veste) ; c’est un civil, mais sa casquette indique un gradé). Comme toutes les organisations ou associations, la Croix-Rouge est passée sous domination nazie. Nous sommes dans un régime totalitaire. Le choix n’existe plus. Pour continuer à soigner, il faut se soumettre au NSDAP.

         

        Le symbole de la Croix-Rouge surmonté de l’aigle du Troisième Reich et de la croix gammée : toutes les organisations ont été nazifiées de force.
        © Collection Ivan Epp.

         

        Toute la population est mobilisée, la Croix-Rouge aussi. Ici un civil, responsable de la Croix-Rouge, et des infirmières en arrière-plan. Le sourire exprime l’amitié avec le cinéaste, lui aussi au service de la santé.
        Photogramme du film.

         

        A Molsheim, la nazification a été menée avec dureté par Paul Schall, un des autonomistes alsaciens, précoce militant nazi (il est en entré au NSDAP dès 19406 ). Et le Kreistag doit manifester la réussite de la nazification : drapeaux nazis partout, foule de spectateurs, immense défilé nazi qui passe au milieu du public. On y voit des membres du parti nazi avec un brassard à croix gammée, des jeunes femmes portant des chapeaux de la BDM, des responsables du RAD, un chef SA, une fanfare (est-ce une fanfare venue d’Allemagne ou une fanfare locale nazifiée ?), des adultes en uniforme de l’Opferring (étape préalable à l’entrée dans le parti nazi), tout un groupe de SA : c’est la mise en scène d’une nazification généralisée.

        Catastrophes (film amateur, 1940 à 1944)

        Ce film amateur a été tourné par un dentiste strasbourgeois à Strasbourg pendant la Deuxième Guerre mondiale.  Il est exceptionnel par la qualité des images et par leur sujet : on a peu d’images amateurs sur la présence nazie.

        La nazification de Strasbourg présente de multiples aspects, dont témoignent ces images. L’opérateur a méthodiquement montré l’omniprésence nazie dans la ville. Il a filmé la présence militaire : de multiples défilés manifestent l’ordre et la puissance nazis dans les rues.  Il montre l’omniprésence des symboles nazis :  la croix gammée partout, depuis la flèche de la cathédrale jusqu’aux façades des maisons ; la propagande par affiches (antisémites et antifrançaises), par placards de textes annonçant la victoire du Reich : « Parole der Woche ») … ; les noms de lieux nazifiés (Adolf Hitler Platz…) ; les drapeaux des organismes nazis (drapeau du Reichsarbeitdienst avec les épis) …

         

        Rassemblement obligatoire pour le discours du Gauleiter Wagner, 4 mai 1941.
        Photogramme du film. 

         

        Il filme aussi des manifestations de masse obligatoires rassemblant des milliers de figurants et de spectateurs, faisant croire à une victoire totale des nazis en Alsace (manifestation du 4 mai 1941 « Strassburg grusst seinen Gauleiter » (Strasbourg salue son gouverneur). Les images de la synagogue voisine en ruines illustrent l’élimination des « indésirables », l’aigle du Reich semble avoir triomphé…

         

        Un paysage strasbourgeois nazifié ; la place Broglie devient Adof Hitler Platz.
        Photogramme du film.

         

        Vermisst : comme André, plus de 30 000 Alsaciens moururent comme déportés militaires

        Même les films de famille, qui montrent plutôt des visages souriants, traduisent le terrible drame des Malgré-Nous. Ce jeune homme confiant que la caméra nous montre tenant dans ses bras son jeune neveu, puis embrassant sa mère et sa sœur, est incorporé de force dans la Wehrmacht en janvier 1943. Il sourit à la caméra en faisant le salut militaire français. Mais après le printemps 1944, André n'apparaît plus sur les films : il meurt sur le front de l'Est, alors qu'il n'avait que 22 ans. 

        Uniforme de la Wehrmacht, mais salut militaire français… Symbole des Malgré-Nous, André Muller ne reviendra pas vivant de son enrôlement de force dans l’armée du Troisième Reich.
        Photogramme du film.

         

        Conclusion : la nécessaire documentation des images

        Les images ont pu nous montrer tout et son contraire sur la vie en Alsace pendant l’annexion nazie. La vie douce, la vie dure : LES IMAGES NE VEULENT RIEN DIRE. Ce sont des matériaux, des documents pour l’histoire. Il est nécessaire de les documenter, et de les resituer dans leur contexte. C’est tout le travail de l’historien, toujours fondamental, peut-être plus encore dans les évocations de l’Alsace face au nazisme.

        Merci à tous ceux qui nous confient leurs images pour enrichir la documentation sur l’histoire si complexe de l’Alsace.

         

        Die Kulturfilm-Institut G.m.b.H. a été fondé en 1919 par l’historien de l’art Hans Curlis. Il a été actif pendant la République de Weimar, sous le IIIe Reich et au début de la Bundesrepublik.

        La BDM est en fait la branche féminine des Jeunesses hitlériennes. Toutes les autres organisations y sont incorporées ou interdites par le régime ; par la loi du 1er décembre 1936, l'appartenance au mouvement devient obligatoire à l’époque du Troisième Reich, le seul autorisé après l'arrivée au pouvoir des nazis en 1933. Parmi ces jeunes filles, les plus jeunes — âgées de 10 à 14 ans — sont orientées vers le Jungmädelbund, organisation rattachée à la BDM.

        cf. témoignage Jeanne Linder 

        4 Le 1er septembre, à la suite de l'attaque allemande contre la Pologne, la mobilisation générale française est décidée, applicable à partir du 2 à minuit ; la frontière avec l'Allemagne est fermée, les habitants de la zone frontalière sont évacués (notamment Strasbourg).

        5 Uniforme allemand d’un médecin militaire. L'Assistenzarzt et l'Oberarzt (lieutenants) avaient certaines responsabilités au niveau de la compagnie médicale. Le Stabsarzt (capitaine) était responsable au niveau du bataillon médical. Il était le subordonné du docteur de division avec qui il partageait les tâches.

        6 En 1927, il fonde avec Karl Roos l'Unabhängige Landespartei (ULP), dont il est le porte-parole. Il est invité la même année au premier congrès du parti autonomiste breton à Rosporden aux côtés d'Hermann Bickler. Arrêté le 30 décembre 1927, il est jugé au procès de Colmar pour atteinte à la sûreté de l'État et condamné à 5 ans de prison. Accusé  en 1940 avec les leaders autonomistes, il est incarcéré à Nancy. Il est libéré par les Allemands en 1940. Aussitôt entré au NSDAP, il est nommé Kreisleiter de Molsheim et rédacteur en chef adjoint aux Strassburger Neuste Nachrichten. Il n’hésite pas à se vanter, dans un discours du 14 février 1943, d'avoir participé à des manifestations national-socialistes à Kehl dans les années trente, et d'avoir personnellement rencontré le Führer. Condamné à mort à la Libération, pour trahison, il fuit en Souabe et obtient la nationalité allemande en 1956. Il fut rédacteur en chef au journal Der Westen jusqu'en 1970.

      • Films en lien

31, rue Kageneck 67000 Strasbourg | Tél. 03 88 22 03 32 | www.miralsace.eu | contact@miralsace.eu
powered by diasite | designed by yurga.fr

Recevez la newsletter | Se désinscrire | Mentions légales