Un projet de création audiovisuelle mené avec le Service de Réinsertion et de Probation du Bas-Rhin en 2025

Pour cette deuxième édition le projet Archi-vives, des images pour se raconter, prend la forme d’une série d'ateliers de création audiovisuelle échelonnés sur les mois de février et mars 2025. Pensé conjointement par l’équipe de MIRA et le Service de Réinsertion et de Probation du Bas-Rhin, le projet a été proposé à des adultes qui suivent un programme de réinsertion suite à leur récente sortie d’incarcération.

En partant des collections de MIRA, ils ont produit ensemble une œuvre artistique singulière intitulée C'est aujourd'hui. Ils ont pu également s’initier aux pratiques de tournage et de jeu dans le cadre de l’éducation aux médias et à l’information tout en développant leur sensibilité esthétique et leur esprit critique. 

Eléonore Cheynet, réalisatrice documentaire et artiste, a accompagné les séances de médiation et de création avec les participants du projet du 12 février au 05 mars 2025.
 

« Renouer avec son passé à travers les archives et ré-apprendre à vivre libre. »

L’atelier de création Archi-vives II a démarré par la découverte d’un corpus d’images autour de la danse. Reprendre pied dans la société, redécouvrir son corps en liberté, poser les pieds sur la terre mouillée, retrouver des sensations de vent, de fraîcheur sur la peau, des odeurs oubliées. Se retrouver assis autour d’une table et réfléchir au sein d’un collectif mixte à ce qu’on pourrait essayer de raconter ensemble avec des archives et une caméra.

« Les gens ont l’air joyeux, on voit des sourires sur leurs visages. » Tarek

Fraîchement sortis de prison, le récit de soi n’est pas apparu comme une évidence pour les participants au projet. Plutôt que de susciter l’introspection, les archives de danse ont suscité chez eux l’envie d’évoquer des souvenirs heureux mais surtout de se mettre en mouvement. Dès lors, le film a servi de prétexte à se déplacer un maximum en extérieur, à aller à la rencontre de danseur.euse.s, à s’intéresser à l’autre, à la pratique de la danse et à littéralement se mettre en mouvement. 

« On a tous des regrets. » Laala

« La vie c’est comme un labyrinthe, tu suis le bon chemin ou celui qui est rempli de frappadingues. » Laala

Les participants ont lu le texte de leurs camarades et par un procédé d’échanges et d’allers-retours, les textes ont été modifiés, complétés et enregistrés. Les textes ont trouvé échos dans les images d’archives et le désir de vie et de liberté a suscité des images saisies par la caméra.

« J’esquive les coups de poing et les coups bas de la vie, j’me laisse guider par le vent, par mes envies. Ne m’envie pas mon ami. J’essaye d’anticiper pas facile, pas le genre de mec à rester docile, en bas de chez moi c’est hostile.  Étant jeune j’étais têtu imbécile, proche de la réussite, impeccable. Le jugement sera dur, impartial, reste solide, ne soit pas impatient, et ta victoire sur eux sera épatante. » Djalali

« Piégé, contraint, enfermé, je me revois voler, sur le terrain. C’est comme un tournant dans ma vie, je veux profiter de la famille. » Tarek

Extraits de textes écrits dans le cadre de l’atelier.
Texte de présentation : Eléonore Cheynet, réalisatrice intervenante. 

Intervenante audiovisuel :
Réalisatrice documentaire et artiste, Eléonore Cheynet s'est formée en art vidéo à la Haute École des Arts du Rhin et en cinéma documentaire de création à Lussas. Elle est engagée depuis 2010 dans la transmission et la pratique collective du cinéma dans des contextes d’éducation populaire et participe notamment à la série documentaire « Le quartier par mes yeux ». Par ailleurs, elle participe au projet Mémoire et films anciens porté par MIRA, pour glaner des récits de vie particuliers et tenter de saisir quelque chose de l’ensemble du territoire Alsacien. Elle accompagne les élèves sur le projet File ta bobine ! pour transmettre quelque chose de l’histoire et de la beauté des images d’archives et laisser parler les imaginaires. Et a réalisé deux portraits documentaires dans le cadre du projet Alsace-Algérie, histoires et images de l’intime.

Un projet soutenu par la DRAC Grand Est dans le cadre de l'appel à projets Culture & Justice, Service d’Insertion et de Probation du Bas-Rhin et le dispositif Passeurs d'images.

Avec la participation de la compagnie Corps et Graph et de la danseuse Hyacinthe Gau-Lopez.
Un film réalisé avec Laala Ghanem, Djilali Laraiche, Bryan Mfumu, Tarek Zaoui, accompagné par Eléonore Cheynet.

Avec les collections MIRA : fonds Bélatrèche, Gill, Heyberger, Israël, Waag.