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MiraMIRAMémoire des Images Réanimées d'AlsaceCinémathèque régionale numérique

Portraits de cinéastes
      • Portrait de cinéaste : Pierre Boll

      • Par Rose Emonot
      • Portrait de cinéaste : Pierre Boll
        • © Pierre Boll, fonds Schaffhauser
      • Pierre Boll filme à l’aide de sa caméra 16 mm son quotidien en Alsace et ses voyages dans les années 1950. Ses cinq films confiés à MIRA révèlent son talent pour la prise d’images. C’est sa passion pour la photographie qui pousse ce directeur d'usine à s’intéresser aux films. Avec adresse, il sublime la vie de tous les jours, dans ses occupations et ses gestes les plus simples.

        Ce qui distingue ce cinéaste amateur de ses pairs, c’est qu’il n’hésite pas à demander à ses proches, protagonistes de ses films, de se mettre en scène tels de véritables comédiens. Au début de ses films, il pense même à les introduire au spectateur par des portraits filmés ou dessinés. Les saynètes, le plus souvent comiques – tour de magie, réveil dans une voiture, bataille d’eau, amènent le réalisateur à dépasser son rôle de caméraman pour prendre celui de metteur en scène. D’ailleurs, les « acteurs » de ses films ne semblent pas intimidés face à la caméra et se prêtent volontiers au jeu.

         

        Pierre Boll, fonds Schaffhauser © MIRA

         

        C’est aussi la recherche d’une forme d’esthétisme qui transparaît dans ces mises en scène. Dans son film « Zoo de Mulhouse – Thann – Fêtes de famille », Pierre Boll invite des petites filles fêtant leur anniversaire à poser seules face à leur gâteau, à côté d’un bouquet de fleurs. La scène est picturale et réjouissante – on ne peut que s’imaginer le bonheur de plonger sa cuillère dans un gâteau rien que pour soi. Les éléments sont soigneusement disposés sur la table, évoquant une nature morte.

         

        Pierre Boll, fonds Schaffhauser © MIRA

         

        Les saynètes s’inscrivent parfaitement dans le reste des séquences des différents films. Elles sont le miroir des gestes et des occupations du quotidien, à la maison ou en vacances. En cela, elles permettent de faire ressortir le potentiel artistique de chaque instant, et d’amener le spectateur à prendre conscience de la beauté se dévoilant dans la trivialité du quotidien.

        Pierre Boll démontre par ailleurs sa qualité technique de caméraman. Il alterne ses plans – serrés, en contre-plongée ou verticaux –, de manière à porter l’attention de ses spectateurs sur l’action centrale de la scène, sur une émotion ou sur une énergie, sans jamais se limiter par la recherche du cadre parfait. Dans son film « Road Trip en Italie », il filme avec efficacité l’animation dans une ferme italienne : les individus vont et viennent, se tournent vers une direction puis une autre, discutent et rient sans se soucier de la caméra. Lorsque des hommes montent un cheval à cru, il s’attache à capter les mouvements des corps des hommes et de l’animal en symbiose.

         

        Pierre Boll, fonds Schaffhauser © MIRA

         

        Le cinéaste amateur se révèle en outre particulièrement attentif à la lumière naturelle ou artificielle, du soleil de midi ou de fin de journée. Il joue avec les rayons lumineux et les contrastes. En intérieur (dans son film « Zoo de Mulhouse – Thann – Fêtes de famille »), lors d’une soirée entre amis, Pierre Boll nous livre de magnifiques portraits en noir et blanc où les expressions et les traits du visage sont soulignés par l’arrivée de la lumière d’une lampe, dans un jeu de clair-obscur.

        Dehors (dans son film « Vacances d’été d’Annecy à la Côte d’Azur »), il saisit des images de sa femme marchant à travers les arbres et les rayons du soleil couchant, comme dans un conte.

         

        Pierre Boll, fonds Schaffhauser © MIRA

         

        À Londres (dans son film « Voyage touristique à Londres »), il s’amuse avec les néons lumineux des panneaux publicitaires du Piccadilly Circus. Le théâtre de la surconsommation laisse place, le temps d’une séquence, à une mise en scène artistique où les couleurs se succèdent et éclatent sur le fond noir de la nuit.

         

        Pierre Boll, fonds Schaffhauser © MIRA

         

        Afin de parfaire ses films, il ajoute des cartons entre les différentes parties de ses courts-métrages. Là encore, textes et visuel sont travaillés. Il insère des dessins caricaturaux et comiques ou des compositions florales pour enjoliver le carton. Même lorsque la fonction est purement pratique, il pense une fois de plus à l’esthétisme de son film et à l’expérience de ses spectateurs.

         

        Pierre Boll, fonds Schaffhauser © MIRA

         

        Les films de Pierre Boll reflètent sa maîtrise. Soucieux de la qualité artistique de ses images, il se situe dans cette catégorie de cinéaste amateur plus qu’éclairé.

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