Par Sybille d'Hardemare

Jean-Pierre Stoll, éducateur et grand défenseur de la cause environnementale, marqua sans aucun doute l’histoire régionale de son temps. Cinéaste amateur, sa collection de films nous transmet sa mémoire.   

Le moulin de La Chapelle : un lieu d'expérimentation

En 1965, Jean-Pierre Stoll acquiert l’ancien moulin de La Chapelle. Situé au bord de l’Ill, au cœur de la forêt de Sélestat, il en fit un lieu d’accueil et d'expérimentation autour de la sensibilisation à la nature¹.
Décédé en 2013, il laisse derrière lui de nombreux documents manuscrits² ainsi qu’une vingtaine de films, dont dix-sept sont entrés dans les collections de MIRA. Tournés aux formats 8 mm, Super 8 mm et 16 mm, ils témoignent de son attachement à la nature mais aussi de son engagement auprès de la jeunesse et son désir de transmission.

La nature comme espace de liberté

Convaincu du potentiel libérateur et émancipateur des liens à la nature, Jean-Pierre Stoll n’eu de cesse de les rebâtir. Une ambition qui prenait corps à travers des sessions d’observation de la faune et la flore et le compagnonnage d'un troupeau de chevaux pour des jeunes en difficulté. 
Enfants et adultes sillonnaient ainsi à ses côtés les paysages vosgiens lors de grandes excursions équestre ou le temps de la transhumance. Ponctuées de moments de partage, comme autour d'un repas ou d'un feu de camp, ces longues randonnées permettaient autant de renouer avec l’animal que de faire communauté.

La vie sauvage

Mais Jean-Pierre Stoll, loin d’un projet de centre équestre, recherchait avant tout le contact avec la vie sauvage. Issue d'une race de montagne, les Pottoks, originaire du Pays-Basque, la horde de chevaux était souvent farouche et indocile. De nombreuses séquences filmées nous montrent ainsi les jeunes gens tentant de rassembler le troupeau dispersé, avant de monter les bêtes à crue ; sans plus d'équipement qu'un simple harnais de corde. Lancés alors dans de longues chevauchées, les cavaliers faisaient, sans doute, l’expérience d’une grande évasion – comme une certaine idée de la liberté.

Une pédagogie en héritage

Sublimées par la beauté du format 16 mm, ces images nous communiquent cette soif de vie et d’émancipation. Véritables supports de transmission, elles nous donnent à penser, et repenser, notre lien à la nature et l'héritage de ce cinéaste précurseur. Telle une philosophie en action, la pédagogie de Jean-Pierre Stoll se construisait au jour le jour, sans règles ni prérequis. Surnommé l’Indien de l’Illwald³, il incarnait une voie singulière, hors des sentiers battus.

 

Jean-Pierre Stoll, fonds Schneeberger © MIRA

 

1-2-3 Anne Vouaux, "Une Pédagogie du bien être" L'Alsace, 13 avril 2018 https://www.lalsace.fr/bas-rhin/2018/04/13/une-pedagogie-du-bien-etre