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MiraMIRAMémoire des Images Réanimées d'AlsaceCinémathèque régionale numérique

Portraits de cinéastes
      • Portrait de cinéaste : Jean Kleinknecht

      • Par Antoine Mansier
      • Portrait de cinéaste : Jean Kleinknecht
        • Fonds Kleinknecht © MIRA
      • Éternel fidèle du 16mm, Jean Kleinknecht a capturé sur trois décennies des fragments de vie de sa famille. Des moments intimes aux grands voyages, ses films témoignent d’un homme qui aime documenter les moments marquants comme les instants les plus simples de sa vie, constituant une mémoire touchante qui parcourt également l'histoire militaire et industrielle de l'Alsace.

        Sur les traces de l'histoire régionale

        Ingénieur textile, Jean Kleinknecht a été directeur des filatures et tissages de Villé (Bas-Rhin), site aujourd’hui en friche, de la Seconde Guerre mondiale jusqu’en 1959. L’année suivante, il se met à diriger l’usine textile de Steinheil-Dieterlen à Rothau (Bas-Rhin), qui a prospéré pendant des décennies avant de céder face à la mondialisation. Plus qu’un simple établissement industriel désaffecté, c’est un témoin de l’histoire industrielle de la vallée de la Bruche. Cette manufacture a été capturée par son ami Jean-Jacques Matern dans un film de 1958 (Travail ouvrier dans une usine textile de Steinheil Dieterlen) documentant les étapes de fabrication de l’usine où machines et hommes cohabitent pour donner naissance au produit fini. L’histoire ouvrière de la région jaillit également dans un film de Jean Kleinknecht de 1945 (Déchargement de charbon - Cérémonie d'hommage Seconde Guerre mondiale) montrant le déchargement du charbon de la Sarre par des ouvriers à la gare de Villé. Un document précieux lorsque l’on sait le rôle pionnier qu’ont joué les mines de charbon de la Sarre dans l’histoire de la région, où l’exploitation de la houille est attestée depuis la fin du Moyen-Âge.

        Les ouvriers déchargent du charbon, fonds Kleinknecht (1945). À droite, une ouvrière dans l'usine textile de Rothau, filmé par Jean-Jacques Matern (1958) © MIRA

        Outre la mémoire industrielle de la région, c’est aussi l’histoire politique de l’Alsace qui circule dans ses films. La deuxième partie du film mentionné ci-dessus constitue à cet égard un témoignage des conséquences de la Seconde Guerre mondiale sur le paysage urbain. On y voit le village d’Ammerschwir, près de Colmar, réduit à l’état de ruines. Seule l’église Saint-Martin, en cours de reconstruction, est reconnaissable. Le site, qui était un des plus pittoresques du vignoble alsacien, a en effet été détruit à 85% par les bombardements de la guerre. Autre lieu de mémoire capturé dans le film : un cimetière, dans lequel un groupe d’hommes et de femmes se recueille devant la tombe d’un soldat inconnu.

        À gauche, le village d'Ammerschwir détruit. Au milieu, la tombe d'un soldat inconnu (1945). De Gaulle arrive pour l'inauguration du mémorial de Natzweiler-Struthof (1960). À droite, il salue la foule place Kléber (1964). Jean Kleinknecht, fonds Kleinknecht © MIRA

        Cette mémoire militaire est d’autant plus manifeste dans un autre film de Jean Kleinknecht présentant l’inauguration du mémorial de Natzweiler-Struthof par le général de Gaulle, le 23 juillet 1960. Unique camp de concentration implanté sur le territoire français, le camp du Struthof constitue aujourd'hui encore un lieu de commémoration majeur de la région. La deuxième partie du film présente un discours de Charles de Gaulle proclamé devant une foule immense réunie sur la place Kléber à Strasbourg, à l’occasion du vingtième anniversaire de la libération de la ville, le 22 novembre 1964. On reconnaît toute l’éloquence du général à travers les mouvements de ses mains et sa salutation iconique les bras en l’air. Le chef de l’État, alors en poste depuis 6 ans, espère embrasser une réconciliation franco-allemande durable pour l’avenir du pays et de l’Europe.

        À gauche, les voitures bourdonnent sur la piste des 24h du Mans. À droite, les cyclistes défilent par centaine devant l'opérateur. Jean Kleinknecht, fonds Kleinknecht © MIRA

        L'opérateur Jean Kleinknecht a aussi témoigné à travers sa caméra de la mémoire du sport des années 1950 et 1960 dans deux de ses films. Le premier prend place durant les 24 Heures du Mans de 1953. La 21e édition de l'épreuve des 13 et 14 juin bat son plein : les voitures propulsées à toute allure frappent le bitume chaud du circuit. Leur course folle les entraîne dans un ballet mécanique auquel assistent un public et des photographes aux aguets. Bien que le film soit muet, le simple visionnage des images nous fait entendre le vrombissement des véhicules. Dans un autre film, le cinéaste immortalise une partie du Tour de France de 1962 et de 1967. Suivis par les voitures et encouragés par les spectateurs, les coureurs pédalent en chœur sur les routes sinueuses de moyenne-montagne des Vosges, tandis que la famille Kleinknecht patiente comme les autres sur le bord de la route.

        L'intime et le bucolique

        Jean Kleinknecht s’attache surtout à capturer la mémoire intime de sa famille. Les films fourmillent de moments bucoliques et de parenthèses champêtres. À Rothau ou à Villé, l’opérateur immortalise l’âme du lieu de vie de la famille. La maison, le jardin et les reliefs vosgiens sont autant d’évocations de ce havre de paix qui dresse le portrait d’une enfance simple et joyeuse. Cette émotion est particulièrement visible dans un film de 1963 (Vacances au Pays-Bas), où l’on voit la fratrie Kleinknecht s’amuser avec un avion en papier, une bicyclette et un ballon dans la cour de la maison. Ou bien dans un film de 1947 (Récolte des cerises dans une famille d'amis agriculteurs (1)), où, perchés dans un arbre, hommes et femmes cueillent avec soin des cerises avant de s’en délecter. Ce spectacle simple et bucolique apparaît comme un instant suspendu dans l’après-guerre et fredonne la douce mélodie de l’innocence. 

        La filouterie, une histoire de famille, Jean Kleinknecht, fonds Kleinknecht © MIRA

        Plus qu’un décor annexe, le jardin et la cour occupent régulièrement un espace de délassement où hommes et femmes profitent des plaisirs simples d'un transat ou d’un verre sur la terrasse. C'est aussi le lieu privilégié des enfants pour leurs premiers pas et leurs activités récréatives. En père de famille, Jean Kleinknecht porte son attention sur l'enfant, qu’il immortalise dès son éveil à la vie. À l’instar d’un film de 1951 (Images d'enfance à Gérardmer) où l’on passe des paupières baissées d’un nouveau-né aux yeux grands ouverts d’un bébé qui découvre la vie. La beauté fragile de l'enfance jaillit dans ses films sous plusieurs visages : un nourrisson lové dans les bras de sa grand-mère, un enfant profitant des joies d’un bain ou encore la complicité des jeunes frères Denis, Alain et Yves. Film après film, on s'amuse à les voir grandir.

         

        Moments de détente, Jean Kleinknecht, fonds Kleinknecht © MIRA

        Sensible à la famille, Jean Kleinknecht ne manque pas l’occasion de se saisir de sa caméra pour capter les moments de convivialité en groupe, à la terrasse d’un café ou autour d’un bon repas. Hommes et femmes en pleine discussion passent régulièrement devant l’objectif du cinéaste qui se plaît à immortaliser les interactions, les rires et les émotions qui se dessinent sur les visages. En filmant ces expériences partagées, il tisse un patrimoine visuel qui célèbre les liens humains. Cette sensibilité se manifeste dans son approche esthétique. Soucieux de la qualité technique de ses films, Jean Kleinknecht fait régulièrement preuve d'un sens aigu de la composition et de la gestion des contrastes. La douceur de certains plans transforment quelques secondes en un instant poétique.

        Si ses films mettent en scène un décor plutôt local et régional, l’opérateur n’hésite pas à quitter son territoire pour partir en voyage.

        Au fil de l'eau

        Jean Kleinknecht se distingue par son goût du voyage. Et pour goûter à ces explorations, il nous fait emprunter un élément, l’eau. De la simple baignade en famille à la croisière intra-continentale, l’eau apparaît comme le terrain de jeu privilégié de la famille. Nombreuses sont les images où elle constitue une source de plaisir : à Saint-Jean-de-Luz en 1938 où le filmeur (ici Pierre Marchal, oncle de Jean Kleinknecht) capture sa famille venue se prélasser dans le sable jaune et l’eau claire de la baie ; dans les Landes en 1968, où il filme des bateaux qui constituent le fil rouge de l’activité de la famille. Par l’omniprésence de ce thème naval, ses films sont de vraies invitations à prendre le large. C’est ainsi que Jean Kleinknecht entreprend plusieurs croisières en famille et entre amis ; sur les eaux scandinaves en 1952 (2), sur le Rhin en 1963, où sont principalement filmés la rive et les navires, à Rotterdam en 1965, où il filme un paysage marqué par l’activité industrielle et portuaire, ou encore en plein milieu de l’océan Atlantique en direction de l'Amérique. L’opérateur nous invite à contempler le littoral sur lequel se dresse la silhouette des villes et le relief des territoires. 

        À gauche, Jean Kleinknecht pose devant la caméra dans les Landes (1968). Au milieu, déjeuner sur les eaux des Pays-Bas (1963). À droite, Jean Kleinknecht capture ses amis et sa femme à l'arrière d'un bateau en Scandinavie (1952). Jean Kleinknecht, fonds Kleinknecht © MIRA

        Sur la terre ferme, il emprunte les pavés de la ville et filme volontiers les monuments historiques emblématiques de ses étapes. Églises, cathédrales, palais et châteaux composent le spectacle urbain de films qui se montrent plutôt touristiques. Un tourisme culturel, mais dont l’opérateur cherche parfois à s’extraire en quittant les grands centres urbains. Les images oscillent ainsi régulièrement entre la frénésie des villes modernes et la tranquillité des grands espaces, où le temps semble suspendu.

         À Stockholm et près d'un lac suédois (1952). À droite, halte à Rotterdam (1963) © MIRA

        Son goût du voyage atteint son point culminant lors de son départ en 1955 pour les États-Unis à l’occasion du Jubilé du Rotary Club International, fondé à Chicago en 1905. Partie du Havre, la famille Kleinknecht s'offre une escale new-yorkaise avant de poursuivre le voyage vers Toronto, Los Angeles, le Grand Canyon et San Francisco, principalement en train. Au gré des étapes, se dresse le mythique décor américain, balançant d'une nature silencieuse à l'agitation urbaine. Filmées par son ami Jean-Jacques Matern (3), ces images constituent un patrimoine audiovisuel précieux sur l'Amérique des années 1950.

        Les films de Jean Kleinknecht, accompagnés par ceux de Jean-Jacques Matern, tiennent ainsi un rôle essentiel dans la préservation de la mémoire industrielle de la vallée de la Bruche. Si la mémoire de la région, assombrie par l'histoire tragique de la première moitié du XXe siècle, transparaît à plusieurs instants, l'opérateur invite aussi à la légèreté et à la contemplation, à travers la famille et le voyage. Sur trente ans, ce fidèle du 16mm a entériné une mémoire qui offre une réflexion touchante sur le passage du temps, rappelant à nouveau que rien n’est plus vivant qu’un souvenir. 

        ___________

        (1) Il ne s'agit en réalité pas de la famille Kleinknecht, mais d'une autre famille que nous tentons d'identifier avec le déposant.

        (2) On y voit le passage des bras de mer pour les deux Citroën Traction

        (3) Cette pérégrination de plusieurs semaines, qui réunit les deux amis et leurs conjointes respectives, a également été capturé par Jean Kleinknecht.

         

        JEAN KLEINKNECHT EN TROIS FILMS

         

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