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MiraMIRAMémoire des Images Réanimées d'AlsaceCinémathèque régionale numérique

Portraits de cinéastes
      • Portrait de cinéaste : Henri Boltz

      • Par Thomas Bernolin
      • Portrait de cinéaste : Henri Boltz
        • Henri Boltz, fonds Stirn © MIRA
      • Chirurgien-dentiste dans la périphérie de Mulhouse, Henri Boltz a filmé entre les années 1950 et 1970 sa famille et ses voyages. Il enregistre également les symptômes d’une époque marquée par les tensions géopolitiques de la Guerre froide. Comprenant des commémorations officielles de la Première Guerre mondiale, des images de son excursion à Berlin après la construction du Mur ou de sa visite des anciens couloirs de la mort de Dachau, la collection d’Henri Boltz, dont MIRA a sauvegardé 21 films, est d’une grande richesse historique. Ces pellicules retranscrivent aussi bien son amour pour l’Histoire et le patrimoine alsaciens que son fort attrait pour le tourisme de mémoire.

        Pendant près de 25 ans, de 1953 à 1979, le cinéaste alsacien Henri Boltz a consacré plus de 100 films à ses loisirs en France et en Europe. Ses bobines ont été confiées à MIRA par son petit-fils, Didier Stirn, à Mulhouse, en 2021.

        Né le 20 mars 1924 à Mulhouse, Henri André Arbogast Lucien Boltz connaît par cœur sa région natale : ses industries, ses savoir-faire, ses tragédies… Féru de randonnée, il dédie notamment plusieurs films à ses expéditions familiales dans les ruines des anciens châteaux-forts d’Alsace tels que le Fleckenstein et le Wasigenstein. Comme la plupart des Alsaciens, il choisit le Grand Ballon et le Markstein pour ses retraites dominicales.
         

        Au château de Freudstein - Goldbach-Altenbach (Haut-Rhin)
        Henri Boltz, fonds Stirn © MIRA


        Ce fonds s’éloigne pourtant des standards du film de famille en privilégiant souvent une approche documentaire. Il contient à ce titre son lot de drames.

        À Masevaux, depuis une fenêtre, Henri Boltz filme notamment l’incendie de l’église Saint-Martin qui a été presqu’intégralement détruite le 27 juin 1966. Dans ses images apocalyptiques, le feu teinte la commune d’une couleur ocre et les fumées laiteuses puis noires de jais assombrissent le ciel avant l’éboulement de la charpente. Les flammes engloutissent le monument en l'espace d'une heure et seule une Piéta datant du XVème siècle leur échappe. Un gigantesque élan de solidarité, impulsé par Louis Zimmermann, directeur du quotidien régional L’Alsace, se forme à partir de 1972 pour reconstruire l'église telle que nous la connaissons aujourd’hui.

        Incendie de l'église Saint-Martin à Masevaux-Niederbruck
        Henri Boltz, fonds Stirn © MIRA


        Une sensibilité certaine pour l'Histoire


        Henri Boltz se rend à de nombreuses reprises au Hartmannswillerkopf, ou Vieil Armand, connu pour avoir été le lieu de terribles affronts entre les Allemands et les Français en 1915-16, pendant la Première Guerre mondiale. À l’occasion du cinquantième anniversaire des conflits sur le territoire alsacien le 20 juin 1966, Henri Boltz enregistre le cortège des fourgons militaires, la marche des vétérans et des soldats puis la pose officielle de gerbes au cimetière du Silberloch. Le « mangeur d’hommes », surnom donné au Vieil Armand à l'issue des batailles, abrite encore les vestiges des casemates et des blockhaus où vécurent les soldats durant près d’une année, ces blocs de béton détonnant souvent dans la nature.

        Le 11 octobre 1968, à la Nécropole française du Wettstein, où repose une partie des hommes tombés au sommet du Linge pendant la Grande Guerre, Henri Boltz donne à voir l’inhumation du corps d’un soldat. Totalisant 17 000 pertes françaises et allemandes, les frontistes étant en moyenne âgés de 20 ans, les batailles nécessitaient de se débarrasser des corps, aussi rudimentaires fussent les conditions. Créé en 1915 par l’armée française, le Wettstein fut désigné arbitrairement comme lieu de dépôt temporaire d’une partie des cadavres (la plupart n’ayant jamais été retrouvés). En 1939, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, il obtint officiellement le statut de nécropole. Deux ossuaires ont été créés en 1968, date à laquelle un nouveau mât fut posé. Depuis, comme ce film le montre, il accueille régulièrement les dépouilles des soldats exhumés sur le champ de bataille au fil du temps, notamment en 1969, où les restes mortels furent déposés dans l’ossuaire n°2. Les tranchées du Linge et ses baraques ont été réhabilitées en mémorial en juin 1981.

        Âgé de seulement 16 ans au moment de l’Annexion de fait de l’Alsace en 1940, Henri Boltz fut directement concerné par l’introduction du service militaire obligatoire en 1941 puis par l’incorporation de force dans les rangs de la Wehrmacht et de la Waffen-SS. Si ses images ne nous permettent pas d’en savoir plus sur sa trajectoire pendant la guerre, on lui doit cependant un film troublant sur le camp de concentration de Dachau moins de dix ans après sa libération par les forces américaines.

        Inauguré par le Reichführer-SS Heinrich Himmler le 20 mars 1933, ce premier KZ a été sous le commandement du tortionnaire Theodor Eicke. Celui-ci incarcère dès le lendemain de son investiture les opposants politiques du NSDAP ainsi que les présumés ennemis du Reich (Juifs, Musulmans, Tsiganes, homosexuels...). Comme le panneau d’entrée le précise, le KZ, au début des années 1950, est sous le contrôle de l’U.S. Army. Gratuit pour les Anciens Combattants, le musée, dans sa forme officieuse, permet de découvrir les chambres à gaz et les crématoriums de la baraque X. Au fil d’un panorama dont la longueur trahit le cynisme, Henri Boltz s’attarde sur les pavillons et la vie reprenant son cours à quelques mètres seulement du KZ. Les gros plans sur les cartels et plaques commémoratives rappellent quant à eux les horreurs de la guerre : chenils des SS, sapins depuis lesquels furent pendus les détenus, fosses...
         

        De 1945 à 1946, les Américains installent un tribunal militaire chargé de juger les crimes de guerre allemands dans l'ancien camp de concentration de Dachau. Celui-ci demeure sous l'autorité de l'U.S. Army jusqu'aux années 1960.
        Henri Boltz, fonds Stirn © MIRA


        Définitivement adepte du tourisme de mémoire, Henri Boltz parcourt, après son périple à Munich en 1963, le camp de concentration nazi de Mauthausen, en Autriche, où il filme la place de l’appel et le camp-satellite de Gusen I. Des milliers de prisonniers de guerre, principalement des officiers soviétiques, des socialistes, des Roms, des homosexuels et des femmes issues des camps de Ravensbrück et d’Auschwitz, y furent privés des commodités les plus élémentaires.

        Un cinéaste en prise avec son temps : représentations de la Guerre froide
         

        Considérant sa caméra comme un témoin oculaire tiers, Henri Boltz s’en sert visiblement comme pare-feu à la faillibilité de la mémoire humaine. S’il fait beaucoup référence au passé, ses films s’inscrivent également dans le moment T. Le cinéaste a effectivement la particularité de rendre compte des instabilités géopolitiques de son époque, très marquée par la Guerre froide, la menace nucléaire et « l’équilibre de la terreur ».

        Avec sa famille, il roule en camping-car jusqu’à Berlin, qui a été divisée en quatre secteurs à la fin de la Seconde Guerre mondiale puis en deux blocs distincts. Après avoir visité la partie Ouest anciennement occupée par la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis, la famille Boltz franchit le très surréaliste checkpoint Charlie, le garde-frontière à la lisière du district de Mitte (secteur soviétique) et celui de Kreuzberg (secteur américain), sur la Friedrichstrasse. Les moyens de propagande communistes (Saluts fraternels du Parti communiste de l’Union soviétique et du Comité central léniniste) qui rivalisent avec le maccarthysme d'origine états-unienne, apparaissent ça-et-là dans les rues de Berlin-Est et les voitures soviétiques de marque Gaz Volga jonchent les places de parking. Le très récent théâtre Maxime-Gorki, du nom de l’auteur russe, programme des dramaturges soviétiques depuis 1952. Henri Boltz donne ainsi à constater le choc des cultures et l'effervescence du modèle communiste dans la capitale allemande.

        Garde-frontières du secteur allié au checkpoint Charlie
        Henri Boltz, fonds Stirn © MIRA

         

        Dans ce film, il nous lègue aussi ses premières impressions du jeune Mur construit en 1961. Tournées en plongée de sorte à capter les deux parties scindées par le Mur en un seul plan, ses images retranscrivent l'autoritarisme de cette fragmentation de l’espace public. La présence du mémorial de Bernd Lünder, étudiant berlinois retenu dans la partie Est et abattu par les garde-frontières après avoir tenté de s’évader par les toits, et les tags « KZ » inscrits à-même le Mur retracent la genèse des premières contestations contre le climat anxiogène et si particulier de l’Allemagne d'après-guerre.

        De plus, comme l’atteste ces images du Land frontalier de Rhénanie-Palatinat en 1952, les dégâts humains et matériels causés par les bombardements alliés sont encore prégnants dans l’Allemagne des années 1950 et 1960 et la politique de reconstruction tarde à porter ses fruits.

        Henri Boltz, fonds Stirn © MIRA

         

        Fin observateur de l’instabilité du monde, parcouru d’unions et de divisions, le cinéaste Henri Boltz semble déjà envisager la diffusion de ses films au-delà du cercle familial et prédire que ses images deviendront de précieuses archives pour les générations futures.

        Remerciements : Didier Stirn, déposant et petit-fils d'Henri Boltz

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