Par Marion Brun et Elisa Twardowski

Ce fonds rassemble quatre films tournés en 9,5 mm entre les années 1935 et 1938 par Ernest Weber, greffier au tribunal de Strasbourg. Déposés par sa petite fille, Christine Durr, ces séquences familiales particulièrement belles, tournées principalement sur les routes des Vosges et d'Alsace, sont un témoignage touchant de l'insouciance retrouvée à l'entre-deux-guerres. 

 

Fonds Durr © MIRA

Nature et complicité 

Comme nombre de leurs pairs citadins et bourgeois depuis le début du siècle, les Weber aspirent au grand air et à ses bienfaits. Ils aiment à sillonner les chemins du massif vosgien du village d'Aubure au Lac Blanc, et leurs marches sont fièrement filmées par Ernest Weber. Au-delà des paysages, il se concentre sur l'humain et les relations sociales. Dans le film "Journées par la caméra : Excursions I", une journée de camping réunit famille et amis de tous âges. Comme ailleurs, les hommes s'occupent du feu, les femmes préparent le repas. Tous s'amusent devant et avec la caméra. Pitreries et grimaces laissent parfois la place aux démonstrations de vitesse et de force, dans une célébration du corps sain, souligné par l'atmosphère vosgienne. 

 

Fonds Durr © MIRA

L'enfant au centre 

Ernest Weber filme aussi des moments doux et simples qui traversent le quotidien de sa famille. Apprentissage du tricot, course à pied, danse autour d'un feu de camp sont autant de scènes qui font de ses enfants les acteurs principaux de ses films. Les plus petits s'amusent, tandis que les plus grands mettent en scène leurs qualités sportives. Les repas de Noël de la famille sont aussi à l'honneur et riches d'enseigements : la symbolique religieuse tend à s'effacer au profit de la famille et de l'enfant qui reçoit des cadeaux mécanisés, voire électriques, belle nouveauté au milieu des années 1930 ! 

 

Fonds Durr © MIRA

Un filmeur conscient de son temps 

Il est difficile d'imaginer, en regardant les films tournés par Ernest Weber, que la Seconde Guerre mondiale est sur le point d'éclater, tant il en émane un sentiment de bonheur et de tranquillité, trait d'ailleurs commun à de nombreux films amateurs. 
C'est pourtant un de ses films qui nous ramène à la réalité, tranchant avec les images joviales d'une famille s'épanouissant dans les Vosges. Tandis que de l'autre côté de la frontière Hitler est déjà au pouvoir, Weber filme scrupuleusement les chars et les soldats défilant aux abords de la place de la République de Strasbourg, à l'occasion de la célébration du 14 juillet 1935. Dans un pays se voulant pourtant encore pacifiste, il fixe sur pellicule cette immense démonstration de force, notable dans une ville retournée à la France seulement vingt ans plus tôt. 

 

Fonds Durr © MIRA