Par Elisa Twardowski

Dans les années 1950, Charles Messmer capture les événements marquants de sa vie avec la qualité remarquable qu'offre le 16mm. En nous introduisant dans les coulisses de l'entreprise de textile "Tabliers de Saint-Louis", qu'il reprend en été 1955, il témoigne notamment des conditions de travail des ouvrières. Passionné de cinéma, il met également en scène plusieurs événements locaux, comme la foire régionale des vins d'Alsace ou le passage du Tour de France à Saint-Louis. Il crée aussi des souvenirs familiaux grâce à une attention minutieuse aux personnes et à l'espace qui l'entoure. 

Charles Messmer - Fonds Gower © MIRA

Le travail du textile

Charles Messmer débute sa carrière au sein des Etablissements Wallach à Mulhouse en tant que dessinateur sur tissus, puis s'installe dans la ville de Saint-Louis pour travailler dans l'entreprise textile, dirigée par M. August Schneider. Entreprise qu'il rebaptisera "Tabliers de Saint-Louis" lorsqu'il prendra sa tête en 1955. C'est au XIXe siècle que le monde du textile connaît un essor important dans en Alsace. En 1840, la filature alsacienne trône à la première place sur le marché national, avec la Haute-Normandie avec de décliner à partir du milieu du XXe siècle. 
Dans le film “Tabliers et textiles de Saint-Louis”, réalisé par son beau-frère, Lucien Ley, Charles Messmer présente l'équipe et les étapes de production des tissus. Les images retranscrivent parfaitement le travail des ouvrières. Des gros plans sur les mains font découvrir le travail d'assemblage des tissus à l'aide de machines à coudre électroniques, qui font leur apparition en 1921 avec l'arrivée de l'électricité dans les foyers. Des intertitres expliquent chaque étape et lieu du fonctionnement de l'entreprise : découpage ; triage ; couture et repassage. La main-d'oeuvre est essentiellement féminine et les conditions de travail sont difficiles physiquement. 

 

Lucien Ley - Fonds Gower © MIRA

Excursion alsacienne 

L'entreprise de Charles Messmer a également la particularité d'organiser des sorties culturelles pour ses employées. Dans le film « Excursion "Manutab" au Haut-Koenigsbourg » (sans doute l'abréviation de Manufacture des Tabliers), il visite avec ses ouvrières le château le plus connu d'Alsace. Une séquence où il porte son attention autant sur les détails architecturaux de la porte du château que sur les visages des femmes qui l'accompagnent. 

Filmer les personnes qui l'entourent, le cinéaste le fait également lors de la foire aux vins, en compagnie de l'association du club des quilles de Saint-Louis (Kegelclub). Entre rires et boissons, Charles Messmer met en avant la diversité du terroir alsacien et la convivialité. 
En sillonnant sa région, le cinéaste dévoile aussi les modes de l'époque. Le passage du Tour de France en 1955 à Saint-Louis, lors de l'étape Colmar-Zürich, montre ainsi un mélange de tradition et de modernité entre les tenues alsaciennes et l'accroissement des publicités lors des événements.

 

Charles Messmer - Fonds Gower © MIRA

Retrouvailles 

Charles Messmer profite des moments en famille ou entre ami.e.s pour filmer ses proches. Des images qui deviennent un parfait témoignage du quotidien d'une famille française aisée, dans les années 1950. À l'occasion d'une communion, un repas s'organise : colliers en perles pour les dames et cravates pour les hommes. Des détails vestimentaires que le cinéaste sait mettre en avant grâce à de longs travellings. Dans le film "Vacances en famille près de la Méditerrannée", un voyage en famille à Nice installe une atmosphère légère en bord de mer. 

 

Charles Messmer - Fonds Gower © MIRA

 

À travers ses sujets variés, le fonds Gower révèle de sublimes images et un contenu d'une grande richesse, tant sur le plan intime que social. 

 

PORTRAIT DE CHARLES MESSMER