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MiraMIRAMémoire des Images Réanimées d'AlsaceCinémathèque régionale numérique

Portraits de cinéastes
      • Portait de cinéaste : Gérard Fehr

      • Par Ondine Duché
      • Portait de cinéaste : Gérard Fehr
        • Gérard Fehr © Jean-Denis Fehr
      • Le fonds Fehr est composé de 14 bobines en Super 8 couleurs (dont deux sonores), tournées au long des années 1970 et jusqu’au début des années 1980. Il s’agit d’une collection qui illustre une période de démocratisation progressive des pratiques du film amateur et qui nous livre un regard depuis l’intérieur sur le quotidien et les modes de vie de la classe moyenne alsacienne, jusqu’alors relativement peu représentée à l’image.

        Gérard Fehr né en 1931 à Biblisheim, s’établit à Kindwiller, où il exerce la profession de chauffagiste sanitaire au sein de sa propre entreprise. Très engagé dans sa communauté, il fut conseiller municipal, puis maire du village durant deux mandats, menant de nombreux travaux de modernisation à Kindwiller, notamment au niveau de la voirie ; il a également offert au village un monument aux morts. La caméra lui sert à documenter ses activités de loisir, notamment liées à la pêche, ainsi que sa forte implication au sein de l’Association de pêche et pisciculture de Kindwiller, dont il fut pendant longtemps président. Père de cinq enfants, ses films documentent également des temps marquants de la vie du groupe familial, proche ou étendu, comme les communions ou bien les mariages et les fêtes, ainsi que les voyages de groupe dans la région de l’Est de la France ou à l’étranger. Jeune adolescent pendant la Seconde guerre mondiale, Gérard Fehr est également attiré par l’histoire, ce qui se traduit dans certains choix de ses destinations de voyages et dans ses films, portés sur des lieux emblématiques et de commémorations des deux grandes guerres.

        Vie associative autour de la pêche à Kindwiller
         

           

        Gérard Fehr, fonds Fehr © MIRA

        La prise de vue relève du « hobby » pour Gérard Fehr, passe-temps personnel qu’il combine avec une autre activité de loisir : la pêche. Gérard Fehr est en effet un membre très impliqué de l’association de pêche locale, dont il sera pendant de nombreuses années le président. Il enregistre les temps forts de l’association, comme lors d’un concours de pêche (voir le film Activités de l’Association de pêche et pisciculture de Kindwiller). À cette occasion, il retrace par exemple non seulement le déroulé du concours, ainsi que les moments de fêtes en famille ou entre amis à la guinguette, mais aussi l’ensemble des préparatifs du concours par les membres de l’association, qui se déroule dans la joie et la bonne humeur. On retrouve également cet esprit de camaraderie dans le film sonore Un repas de famille – Travaux à l’association de pêche et de pisciculture de Kindwiller, qui documente notamment des travaux de remplacement de la toiture d’un préau à proximité du bassin de pisciculture. Les membres de l’association se sont réunis pour prêter main forte, ou simplement pour suivre le déroulement des travaux, chacun y allant de son commentaire en alsacien. La bande-son permet tout particulièrement de rendre compte de l’ambiance animée et conviviale de ce moment où les membres de l’association, en grande partie des artisans, mettent leur savoir-faire professionnel au service de leur loisir. Au-delà de ces moments particuliers de la vie de l’association, on trouve plusieurs parties de pêche dans le premier film, signes d’une pratique quotidienne entre amis.

        Démocratisation des pratiques filmiques et nouvelles représentations dans le cinéma amateur

        Gérard Fehr porte son attention sur les temps forts de la vie de famille, mais aussi sur son quotidien. Ce faisant, il fait émerger une représentation de la classe moyenne produite depuis l’intérieur. Cette remarque peut sembler anodine, tant il existe une idée préconçue selon laquelle le film amateur, à la suite de la photographie, serait accessible à toutes les couches de la société depuis ses débuts, à savoir la commercialisation de la caméra 9,5mm en 1924. Dans les premières décennies de son existence, cette pratique de l’image animée reste toutefois coûteuse et possible uniquement pour les classes les plus aisées, bien qu’il existe des exceptions. Des innovations comme le format pellicule Super 8, lancé en 1965, font baisser le prix du matériel, proposant également des caméras toujours plus simples d’utilisation. Il faut donc attendre les années 1970 pour parler d’une véritable démocratisation de l’accès à l’image, ce dont témoigne la collection Fehr. 

           

        Gérard Fehr, fonds Fehr © MIRA

        Les thèmes principaux du film de famille demeurent quasiment les mêmes à travers les classes sociales : on retrouve à l’image les mêmes cérémonies de mariage et de communion, les grands repas de fête ou encore les voyages de groupe, emblématiques du genre. La caméra tient dans tous les cas son rôle d’agent de riutalisation de ces moments symboliques et sa présence donne l’occasion de mettre en scène de nombreuses plaisanteries, seul ou à plusieurs. Mais on découvre aussi dans cette collection des séquences plus rarement vues autour de ces moments de liesse, comme les voisins et les voisines du village qui s’arrêtent de travailler un instant pour voir passer une noce, ou la célébration de l’arrivée des jeunes mariés à leur domicile dans les volutes des pétards et de fumigènes. Certaines fêtes de communion se tiennent dans les cours des maisons, ce qui donne à voir depuis l’intérieur la vie de ces villages, souvent filmés d’un point de vue extérieur touristique.

        En filmant sa communauté, Gérard Fehr capte des temps collectifs qui comportent parfois une dimension politique plus ou moins explicite. C’est le cas, par exemple, lors de la fête du Travail de 1972, que les hommes du village passent sur le site de l’Association de pêche de Kindwiller, à se détendre, à pêcher, à partager des bières et à jouer aux cartes en compagnie de leurs enfants. Fruit des luttes et des victoires sociales depuis la fin du XIXe siècle, le 1er mai n’est pas un jour férié comme les autres, qui permet notamment à ces travailleurs de passer la journée en famille, mais également de se retrouver collectivement pour en perpétuer la tradition militante. Le rassemblement devant le Musée des travailleurs occupé en 1977, sur le site de la filature HKC à Mulhouse, est une autre séquence marquante de la collection, qui documente une occupation d’usine faisant suite à un mouvement social porté par les ouvriers et ouvrières de la firme Schlumpf et notamment le syndicat de la CFDT, en protestation à des plans massifs de licenciements. Le Musée attire pour les modèles de voitures de luxe exposés, mais il s’agit aussi à travers ces visites de soutenir la lutte, notamment par les dons au moment de la visite du musée, mais aussi en donnant de l’ampleur au mouvement de protestation, comme le montre le grand nombre de personnes réunies devant l’usine.

         

        Gérard Fehr, fonds Fehr © MIRA

        Des films qui témoignent d’une passion pour l’histoire

        Gérard Fehr est adolescent durant la Seconde guerre mondiale : il vit l’occupation allemande de la région alsacienne, ainsi que la destruction, puis la Libération de son village. Cette expérience le marque durablement et lui donne le sentiment d’avoir « participé à l’Histoire », comme le rappelle son petit-fils. On perçoit à travers ses films cette passion qui l’anime pour les grands évènements du XXe siècle et notamment les deux grands conflits mondiaux. En France, il documente par exemple à plusieurs reprises le monument départemental du maquisard inconnu dédié aux Maquis de l'Ain et du Haut-Jura à Cerdon et notamment le 40e anniversaire commémoratif de sa mort, en 1944. A l’occasion d’un voyage l’Est de la France et après un arrêt à Nancy, le groupe s’arrête au Fort de Vaux, site commémoratif bien connu de la Première guerre mondiale, qui fut un haut lieu de résistance durant la bataille de Verdun. Au cours d’un voyage en Allemagne, la famille se rend sur les vestiges du nazisme, en allant visiter la résidence de représentation et de réception d'Adolf Hitler, le Kehlsteinhaus, connu sous le nom de Nid d’Aigle en français. À Berlin, Gérard Fehr tourne également son regard vers l’Histoire plus contemporaine, en documentant dans le secteur français le mur de Berlin. Les plaques commémoratives des personnes décédées en tentant de franchir le No-Men’s Land et les tags sur les palissades permettent de saisir à quel point la population est opposée à la division brutale de la capitale allemande.

           

        Gérard Fehr, fonds Fehr © MIRA

        Gérard Fehr a filmé en ayant à cœur de laisser une trace pour les générations suivantes. Cette collection comporte à la fois une dimension intime, liée à la production par l’image d’une histoire familiale personnelle, mais aussi une dimension plus collective, au niveau de la communauté du village de Kindwiller dans laquelle le filmeur était très investi. Enfin, on peut également inscrire cette collection dans une histoire plus globale du XXe siècle et de ses transformations. En filmant sa famille et ses proches, c’est également la vie de la classe moyenne que Gérard Fehr documente, ses modes ainsi que ses mœurs. Ce fonds vient ainsi grandement enrichir les collections de MIRA et permet de saisir l’évolution des pratiques filmiques amateurs dans le temps.

         

        L'autrice tient à remercier Jean-Denis Fehr, petit fils du cinéaste, pour avoir bien voulu répondre à ses questions.

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