MiraMIRAMémoire des Images Réanimées d'AlsaceCinémathèque régionale numérique
À la demande de la DRAC Grand Est, Beaux Arts Éditions raconte l’histoire du sport dans toute sa diversité depuis 1890 dans les cités de l’est.
Un article de Laurent Bogen, conseiller cinéma et multimédia Drac Grand Est
Joutes nautiques, courses cyclistes, démonstrations d'escrime et autres matchs et meetings d'athlétisme... L'important travail mené pour numériser les archives sportives amateurs révèle un panorama réjouissant des pratiques au fil du temps. Séquence nostalgie !
L’image a ce don extraordinaire de permettre de raconter, montrer, revisiter, revoir, convoquer, célébrer le passé. Depuis l’origine du cinéma, un vif débat oppose les partisans du cinéma du réel, que la caméra permettrait d’enregistrer de façon objective, à ceux pour qui il faut intégrer et jouer de la présence de la caméra, qui induit forcément jeu et mise en scène des personnes filmées. Les images dites de patrimoine (comme constitutives de notre mémoire) sont-elles dès lors le reflet de la réalité, ou d’une certaine réalité ? Dès l’origine, image de fiction et documentaires s’entremêlent. Aujourd’hui, beaucoup de films jouent sur une extrême porosité entre elles.
Témoignage d'un fait social
Les images ici reproduites, tirées de films amateurs, familiaux ou d’entreprises, ont été collectées, sauvegardées, numérisées et sont valorisées lors de projections publiques et sur le site de la cinémathèque régionale MIRA* (Mémoire des images réanimées d’Alsace).
Grâce à ce travail extraordinaire de conservation et de valorisation fait par des structures comme MIRA, c’est tout un pan de notre mémoire collective qui peut refaire surface. L’image sportive est ici témoin d’un fait social ; en convoquant une mémoire collective, elle est aussi vectrice de lien social, au sein d’une famille, mais également entre spectateurs de différentes générations. L’image d‘archive familiale dresse une passerelle entre mémoire individuelle et mémoire collective, entre l’intime et l’universel.
Des films de cinéma peuvent per- mettre de convoquer une réalité vécue, une mémoire et une histoire familiale, qui peuvent parfois rejoindre l’histoire avec un grand H.
Un trait d'union entre passé et présent
Ainsi en 2023, le film Little Girl Blue, de Mona Achache, nous raconte une histoire familiale, en déployant de nom- breuses et riches archives ; cependant, c’est le jeu d’une actrice (Marion Cotillard), incarnant sa mère, qui per- mettra de pallier certaines images manquantes.
Dans Les Années super-8, film qu’Annie Ernaux coréalise en 2022 avec son fils, David Ernaux-Briot, les images d’archives, familiales, intimes, sont accompagnées de commentaires en voix off d’une indéniable puissance littéraire, permettant de mettre à distance les événements, de les analyser, de lier la petite et la grande histoire. Le regard, porté ici sur la condition féminine et les rapports de domination masculine dans nos sociétés, est à la fois profondément introspectif et d’une actualité brûlante. Il revêt, alors, de fait, une portée universelle.
Les images sportives ici présentes ne relèvent sans doute pas des mêmes démarches, mais elles forment un trait d’union entre passé et présent, entre générations, et convoquent une mémoire collective. Chacun peut avoir le sentiment que ces images évoquent son propre passé, à commencer par son passé de téléspectateur d’événements sportifs ou d’habitant d’une ville.
Sans aller jusqu’à affirmer comme Ferdinand Foch « qu’un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir », il est indéniable (comme l’affirme Patricio Guzmán), « qu’un pays sans cinéma est un comme une famille sans album de photos ». Ces belles images sportives, comme les images issues des Jeux olympiques (l’événement le plus médiatisé au monde), nous permettent donc d’affirmer une mémoire collective, de célébrer notre héritage commun et notre humanité.
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