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      • Les Films à visée pédagogique en Allemagne nazie

      • Par Baptiste Burckel, étudiant en Histoire contemporaine
      • Dans ses fonds, l’association MIRA détient plus de deux cents films allemands à visée pédagogique datant des années 1930. Recueillis entre 2015 et 2022 à Molsheim, Thann puis Sélestat, ils constituent des objets singuliers qui témoignent du rôle important qu’ont joué les documentaires scolaires dans les écoles germaniques durant la période nazie, et alsaciennes durant la période d’annexion. 

        Le cinéma au service de l’idéologie national-socialiste

        Dès l’installation au pouvoir d’Hitler, la jeunesse et le cinéma sont perçus comme des enjeux majeurs pour la nation allemande. La première parce qu’elle est vouée à servir loyalement le Troisième Reich et à représenter une future génération qui doit mener à bien le projet de pérennisation de la grandeur allemande ; le second parce qu’il est perçu comme l’un des moyens de manipulation des masses les plus modernes. Progressivement, la production cinématographique est donc façonnée par le cadre politique et culturel imposé, ce qui donne des productions tout à fait influencées par l’État. Il est en fait devenu crucial, aux yeux des dirigeants allemands, que le cinéma « pénètre le sol national-socialiste avec ses racines en fabriquant des films aux contours nationaux bien distincts »[1].

        Sous le joug du ministre de la propagande Joseph Goebbels (1897-1945), l’industrie cinématographique tourne ainsi à plein régime. Cependant, elle laisse sur la touche les films purement destinés à la jeunesse. Seuls quinze sont tournés durant la période national-socialiste. C’est plutôt par le biais de la Jeunesse Hitlérienne, qui multiplie les projections de films grand public, que la propagande nazie imprègne la jeune garde allemande. Mais en plus de ces évènements, les jeunes sont confrontés à des films d’une autre sorte lorsqu’ils se trouvent en milieu scolaire.

        Le rôle du RfdU, producteur des films scolaires

        En effet, en parallèle de l’industrie cinématographique grand public, de plus en plus de moyens sont affectés à la production de films pédagogiques destinés à la projection dans les écoles allemandes. Dès 1934, c’est dans cette perspective que la Reichsstelle für den Unterrichtsfilm (RfdU) est créée, sous la tutelle du ministère de l’éducation dirigé par Bernhard Rust (1883-1945). Cet organe indépendant du ministère de la propagande a pour tâche de produire et distribuer différents films dans les écoles élémentaires, professionnelles et agricoles. En 1940, « le RfdU avait déjà assuré la production de 430 films[2] » pouvant être projetés dans les quarante mille écoles (sur les 62 000 qui quadrillent le territoire allemand) qui possèdent un écran. Malgré la guerre, plus de deux-cents sont encore produits jusqu’en 1945.

        Livret accompagnant la projection de film dans les écoles alsaciennes (Ici : « Das Anlernen junger Pferde »)

        Ils sont souvent exempts de propagande visible. Pourtant, même si le RfdU se situe en dehors de la sphère d’influence de Goebbels, ces supports d’enseignement remplissent souvent une fonction centrale dans l’éducation national-socialiste aux médias à cause de l’accent mis sur le terre-à-terre et l’origine allemande de chaque élément présenté[3]. Le visionnage de ces différents films laisse véritablement paraître aux spectateurs la prétendue supériorité des valeurs et du savoir-faire allemands sur tous les terrains.

        Plus de deux-cents bobines collectées

        Les films recueillis dans les écoles de Thann et Molsheim et aux Archives de la ville de Sélestat ne font pas exception. On constate effectivement qu’ils sont au service d’une vision particulièrement partiale du monde. Finalement, il s’agit dans le moindre de ces courts documentaires de donner conscience d’elle-même à la Nation et de faire prendre conscience aux jeunes spectateurs des devoirs qu’ils ont envers la communauté, présentée comme une entité formidable à laquelle la jeunesse est liée.

        Les feuillets de visionnage qui accompagnent les bobines déposées au fil des années démontrent qu’un grand nombre de ces films ont été projetés dans plusieurs écoles alsaciennes au temps de l’annexion de fait, ce qui explique leur présence dans des établissements scolaires de la région et dans les archives de la ville de Sélestat. Parfois contenues dans des boites scellées par la rouille, souvent dégradées, ces bobines restent en grande partie visionnables et dévoilent un caractère pédagogique certain, bien que toujours teinté idéologiquement.

        Boîte du film « Afrikanische Affen », passé à Molsheim

        Les thématiques abordées

        Ces productions, tournées en 16mm (format prépondérant à partir de 1935), sont pour la plupart des courts-métrages documentaires. Il y a bien quelques copies de films originellement tournés en 35mm, ce sont des films d’animation (Der Hase und der Igel – Le lièvre et le hérisson) ou d’exploration (Expedition Alfred Wegener 1930 – L’expédition d’Alfred Wegener en 1930) mais ce sont essentiellement des reportages sur des thèmes variés.

        Image issue du film Deutsche Grönland-Expedition d‘Alfred Wegener (1930)

        Des thématiques diverses, certes, mais qui rejoignent toujours d’une manière ou d’une autre, plus ou moins explicitement, l’idéologie nazie. Lorsqu’on cite pêle-mêle des thèmes comme l’agriculture, l’industrie, l’artisanat, la médecine ou encore le sport, on découvre que ce sont  les idées de planification et surtout d’autarcie qui ressortent. Ces films doivent faire connaître à la jeunesse la vision d’une Allemagne capable d’être un territoire parfaitement autarcique grâce aux capacités supérieures de sa population et à la richesse inégalée de son territoire.

        Entre des scènes de dentellerie en Erzgebirge (Spitzenklöppeln – Dentellerie), de bûcheronnage en Bavière (Holzfällen in den bayerischen Bergen – Abattage d’arbres dans les montagnes bavaroises) et des cours de boxe en Saxe (Boxen der Jugend – De jeunes boxeurs), l’Allemand, particulièrement quand il est jeune, est délibérément dépeint comme le membre d’une communauté soudée, forte physiquement et riche d’un savoir-faire traditionnel à préserver. Plus prosaïquement, ces thèmes correspondent surtout trait pour trait à l’idéologie nazie : aux valeurs humanistes et intellectuelles héritées des Lumières sont substitués des idéaux sportifs, artisanaux et agricoles.

        Image issue du film Der Werdegang einer Pfropfrebe, Hellmut Bousset (1936)

        L’importance du film industriel

        Outre l’agriculture, c’est également l’industrie allemande qui est très largement étudiée à travers les productions documentaires retrouvées. Véritables immersions au sein d’usines métallurgiques ou chimiques, ces films renvoient toujours à la doctrine économique allemande de reconstruction industrielle basée sur l’interventionnisme d’État. Car le pays accuse un vrai retard depuis la fin de la Première Guerre mondiale sur les États-Unis, la Grande-Bretagne ou même la France[4]. À travers ces films, il est question de célébrer le retour en force d’une Allemagne industrialisée, moderne et en capacité de se reconstruire – voire déjà reconstruite – après la débâcle de 1918 et la terrible crise des années 20 Les parents vivent avec le traumatisme de la défaite, les enfants doivent grandir avec le spectre d’une Allemagne industrielle moderne.

        Les images de ces usines colossales doivent montrer aux élèves les actions menées par le régime pour faire revenir la Nation allemande au rang de puissance mondiale. De plus, ils permettent de montrer des travailleurs en action, aspect non négligeable lorsque l’on sait que le régime nazi mise sur un taux de chômage extrêmement bas pour accroitre sa popularité auprès de la population. Ces travailleurs apparaissent comme des employés modèles qui servent la Nation à travers leurs compétences de mineurs (Abbau und Förderung von Steinkohle – Extraction du charbon) ou de sidérurgistes (Stahlwerk – Travail de l’acier).

        Image issue du film Abbau und Förderung von Steinkohle de Reinold Schmidt (1935)

        Parfois, cette bonne santé de l’industrie allemande est même visible dans des films en apparence éloignés de ce thème. Dans le court documentaire Fährschiffverkher Deutschland-Schweden (Circulation d'un traversier entre l'Allemagne et la Suède), la traversée d’un ferry entre les deux pays devient matière à insister sur l’exportation des voitures de marque Opel en Suède, témoignage de la qualité de l’industrie automobile allemande qui a vocation à s’exporter au sein d’un bloc économique dont le pays serait évidemment prééminent.

        En définitive, qu’il s’agisse d’examiner des thématiques comme l’industrie, l’agriculture ou encore la santé, le traitement de l’information est perpétuellement biaisé dans ces productions documentaires. Même si elles ne relèvent pas d’une propagande ostensible, elles sont toujours plus ou moins subtilement au service de l’idéologie national-socialiste et ont contribué à en imprégner, durant ces années 1930, toutes les strates de la société allemande.

         

        [1] JEANNE, René et FORD, Charles, Histoire encyclopédique du cinéma IV, Paris, S.E.D.E., 1958, p.139.

        [2] CADARS, Pierre et COURTRADE, Francis, Le cinéma nazi, Paris, E. Losfeld, 1972, p.34.

        [3] GALLO, David, « L’éducation au service de l’idéologie nazie. L’appareil d´instruction de la SS (1933-1945) », in CONDETTE, Jean-François (dir.), Les écoles dans la guerre, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2014, p.349-366.

        [4] TOOZE, Adam, Le salaire de la destruction : formation et ruine de l’économie nazie, Paris, Les Belles Lettres, 2012, 806p.

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