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      • Étienne Bilger, fondateur du Musée paysan d'Oltingue

      • Par Rose Emonot
      • Étienne Bilger, fondateur du Musée paysan d'Oltingue
        • @ Fonds Musée Paysan d'Oltingue
      • Fondateur du Musée paysan d’Oltingue, le curé Étienne Bilger, préoccupé par les progrès industriels et la perte de vitesse des pratiques artisanales, s’est vigoureusement investi dans la sauvegarde du patrimoine matériel et immatériel du Sundgau. Dans les années 1960 et 1970, il fait appel au journaliste Jacques Biletta pour filmer les fêtes folkloriques de sa commune. Ses films en 16 mm appartiennent depuis au Musée paysan et quatre d’entre eux ont rejoint la cinémathèque MIRA en 2016.

        « Étienne Bilger interpelle chacun de nous à faire quelque chose pour que le patrimoine culturel de notre région ne soit pas mis sous le boisseau1 ».

        Étienne Bilger, né en 1901 à Sierentz, est curé à Oltingue de 1958 à 1976, après avoir été vicaire à Buhl et Pfastatt puis curé à Kiffis et Flaxlanden. Issu d’une famille sundgauvienne, il est fortement attaché au territoire du Sundgau et à ses habitants. Naturellement, son amour pour la région le mène à s’engager pour la protection de ses coutumes et traditions. De fait, durant la seconde moitié du XXème siècle, la France est en quête de progrès et instaure de nouvelles techniques de production et des matériaux dits « modernes ». Sous l’effet du libéralisme, les foyers s’intéressent aux objets de la maison à la mode : l’électroménager dernier cri et les meubles design y trouvent leur place. Étienne Bilger, craint alors que le patrimoine sundgauvien tombe dans l’oubli. C’est pourquoi il se met à collectionner des objets traditionnels (ustensiles de cuisine, outils de travails, éléments de costumes…) récupérés auprès de ses ouailles, se plongeant ainsi dans l’histoire et les coutumes sundgauviennes.

        Les fêtes de la moisson à Oltingue
         

        Tout au long de sa vie, il se consacre à plusieurs projets pour concrétiser son souhait de raviver l’esprit du Sundgau. Féru d’histoire, il rejoint la Société d’Histoire du Sundgau peu de temps après sa fondation en 1931 par Joseph Walch, avant d’en devenir président en 1966. L’objectif premier de l’association est la valorisation et la protection du Sundgau. Elle organise notamment des conférences ouvertes à tout public. Un article de Mulhouse-Campagne du 19 et 20 juillet 1953 mentionne l’une d’entre elles, à Flaxlanden, où Étienne Bilger aborde le thème de « La sorcellerie et les sorciers », le Sundgau ayant été le théâtre de violentes chasses aux sorcières.

        Parallèlement, il s’engage dans la mise en place des fêtes de la moisson à Oltingue dont la première édition a lieu en 1966. Annuelles, elles sont célébrées après les récoltes de céréales automnales. Ces fêtes sont des occasions propices à la mise en valeur des coutumes du Sundgau. Les chars qui y défilent présentent des scènes de vie et des métiers traditionnels d’antan. De nombreux groupes locaux et habitants vêtus de tenues typiquement sundgauviennes se joignent aussi au cortège, célébrant, ensemble, une ode à la région.

        En plus de remémorer leur culture commune à ses habitants, Étienne Bilger souhaite faire perdurer l’image d’un Sundgau en adéquation avec ses traditions populaires. Ainsi, dans les années 1970, il emploie un journaliste de l’ORTF, Jacques Biletta, pour filmer les journées festives où Oltingue redevient celle qu’elle était autrefois.

        Jacques Biletta se promène donc dans les rues d’Oltingue et documente la quinzaine de chars et de groupes qui défilent lors de fêtes animées. S’y succèdent meuniers, sapeurs-pompiers et ébénistes. Durant le cortège, l’opérateur assiste également à la présentation d’un moulin d’origine.

        Entre les chars, des musiciens et des danseurs en costume traditionnel paradent et présentent des airs et des vêtements oubliés. Après un important travail de confection des costumes sundgauviens, de nombreux hommes et femmes arborent la tenue – bonnets, tabliers en soie et en dentelle, pantalons et chapeaux noirs, gilets en velours. Ces costumes sont présentés pour la première fois lors de la fête de 1970, mise à l’honneur dans le film « Fêtes de la moisson à Oltingue ».
         

        Jacques Biletta, fonds Musée paysan d'Oltingue © MIRA


        Le jour de fête s’initie par une messe du curé lui-même et se conclut par des concerts populaires et un buffet sur la place des fêtes. Le journaliste filme les habitants de la commune préparant la nourriture, les tables, la scène, trouvant chacun une manière de s’impliquer dans ce rassemblement communal. Un investissement qui apparaît également dans le nombre de spectatrices et spectateurs présents à l’événement. Celui-ci semble majeur dans la région et témoigne du rayonnement d’Oltingue, y compris outre-Rhin, puisque des Suisses et des Allemands se déplacent pour assister au défilé.

        Toujours dans cette volonté précieuse du curé d’Oltingue de faire valoir la richesse patrimoniale du Sundgau, Jacques Biletta s’attarde sur les maisons traditionnelles de la commune. Il en filme l’architecture particulière, zoome sur les détails qui ornent les pans de bois, comme pour contrecarrer la construction de nouveaux bâtiments de plus en plus bétonnés dans le paysage urbain. C’est l’occasion de rappeler la singularité et l’ingéniosité alsaciennes dans la construction de l’habitat.

        Au cœur des rues formées par des maisons traditionnelles, il livre des portraits d’habitants, vêtus de vêtements folkloriques. Une femme âgée pose entourée de deux petites filles dans la rue. Elles sont rejointes par des jeunes gens. En discutant pendant leur promenade, le groupe ainsi constitué exauce le souhait de l’abbé Bilger de rassembler les générations autour du patrimoine local. Par ailleurs, les divers plans sur les individus permettent d’identifier les tenues sundgauviennes et leurs spécificités. Le jeune homme porte ici les beaux vêtements et non le chapeau de paille et la « Blüs » (blouse) du travail dans les champs.

        En comparant l’animation des rues d’Oltingue bondées de chars et de spectateurs et le calme de certaines ruelles où se promènent les habitants, ce film sur les fêtes de la moisson des années 1970 et 1971 dépeint un large tableau de la vie au Sundgau. Ses vêtements, ses maisons, ses métiers et son artisanat rayonnent à l’image.
         

        Jacques Biletta, fonds Musée paysan d'Oltingue © MIRA

        Le curé Bilger utilise aussi le format audiovisuel pour un projet documentaire au sein d’une menuiserie. Il se rend auprès de charrons (artisans du bois et du métal fabricant des véhicules non motorisés) et invite les artisans à présenter leur métier et leur savoir-faire. Dans ce film (« Une menuiserie du Sundgau »), dont la pellicule sonore n’est malheureusement pas utilisable, l’opérateur suit les entretiens du curé et documente l’atelier et les outils des menuisiers. Soucieux de l’industrialisation et de la motorisation des engins agricoles, Étienne Bilger témoigne de l’existence de ce pan patrimonial en en conservant une trace filmique.

        Si ce film documentaire vise tous les publics, peut-être s’adresse-t-il particulièrement aux plus jeunes. En effet, l’abbé Bilger se préoccupe des générations futures et de leur réception du patrimoine et du savoir-faire sundgauviens transmis. Il se charge lui-même de certaines visites de son musée, fait jouer et danser des jeunes groupes folkloriques et participe à la mise en place d’une petite industrie à proximité de la commune, visant à ce que celles et ceux qui le souhaitent puissent continuer à vivre à la campagne.
         

        Jacques Biletta, fonds Musée paysan d'Oltingue © MIRA


        Le musée paysan d'Oltingue


        Après avoir récupéré au fil des années de nombreux objets typiques de la région, Étienne Bilger souhaite exposer sa collection dans un musée. Son projet se concrétise le 25 septembre 1972, lorsque l’association « Maison du Sundgau – Oltingue – Musée paysan » est créée, avec l’aide de la Chambre d’agriculture du Haut-Rhin. L’association acquiert l’ancienne auberge Au lion en février 1973, le futur Musée paysan d’Oltingue. Celui-ci propose un témoignage de l’histoire de la région et de sa population rurale. La visite du musée fait ainsi revivre un quotidien, par ses outils et ustensiles de la maison ou de l’atelier de travail. Dans un article du S.U.A Tourisme et Propagande, le journaliste Raouel Brueder parle ainsi de la collection du musée : des « objets dont chacun pourrait raconter les joies et les peines de ceux auxquels ils ont appartenu2 ». Les visiteuses et visiteurs s’identifient à une histoire et des coutumes communes.

        De plus, Étienne Bilger s’engage dans plusieurs projets de rénovation du patrimoine et des monuments, entre les maisons, les chapelles ou encore l’orgue Callinet de l’église Saint-Martin. L’un de ses objectifs majeurs restant celui de sauvegarder la qualité de vie à la campagne.
         

        Jacques Biletta, fonds Musée paysan d'Oltingue @ MIRA

        L’œuvre d’Étienne Bilger est largement reconnue. Il reçoit deux prix qui récompensent son implication dans la conservation de la culture sundgauvienne. Le premier lui est attribué par la Fondation Johann Wolfgang von Goethe de Bâle en 1975. Il s’agit du « Oberrheinischer Kulturpeis » (Prix culturel du Rhin supérieur) qui vise à valoriser une personne ayant œuvré pour l’histoire locale ou la recherche culturelle de la région. Le second prix est le « Bretzel d’or », attribué par l’Institut des Arts et Traditions Populaires d’Alsace (IATPA), qu’il reçoit dans la catégorie « Muséologie aménagement d’un petit musée » en 1976, pour féliciter son projet de Musée paysan.

        Outre les récompenses matérielles, le curé est également remercié par les habitants de la région. Un article du DNA, « L’abbé Bilger : Rapprocher les hommes », paru le vendredi 27 juin 1980, après son décès, mentionne la « tristesse et reconnaissance » des habitants.

        Les films et la collection du Musée paysan qu’il laisse derrière lui permettent à la culture sundgauvienne de ne pas tomber dans l’oubli. Le travail historique et culturel opéré par Étienne Bilger permet à ses successeurs d’accéder à un savoir précieux de cette région de l’Alsace. Il ouvre la réflexion sur la manière dont nous pouvons puiser notre inspiration dans ce qui a été fait et nous invite à considérer l’artisanat local et ses techniques spécifiques dans la création d’ouvrages singuliers.

        Enfin, par son travail au sein de l’association « Maison du Sundgau – Musée paysan – Oltingue » et de la Société d’Histoire du Sundgau, il a réussi à exaucer son souhait d’apporter une meilleure connaissance sur le monde rural du Sundgau et à en immortaliser les traditions et l’art populaire. À nous de prendre le temps de les découvrir !

        Merci à Théophile Tschamber pour la documentation et les informations fournies.

        « Hommage à un créateur », Paysan du Haut-Rhin, 24 août 1976.
        Raouel Brueder, « Monsieur l’Abbé BILGER. Le curé "collectionneur" d’Oltingue », S.U.A Tourisme et Propagande.

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