Voyage de l'amitié Saint-Léonard-de-Noblat
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Après l’accueil des officiels, le verre de l’amitié et la fanfare, on assiste aux retrouvailles dans l’intimité de deux familles l’une alsacienne, l’autre limousine. On a vieilli, mais on se reconnaît bien, et on évoque les souvenirs communs. Le lendemain, des cérémonies officielles rendent hommage à trente ans d’amitié entre les deux villages.
Son film est un document historique aussi bien pour 1939 que pour 1970.
En filmant les échanges autour d’un bon dîner, le cinéaste enregistre l’évocation de l’hospitalité des Limousins : le maire de Saint-Léonard avait dû trouver des volontaires pour héberger les Alsaciens évacués, cela paraissait impossible, mais en 24 heures tout le monde était logé. Et les Alsaciens de leur côté ont aidé les villageois, ont travaillé dans les fermes. Mais ils voulaient rentrer, - même s’il y avait de beaux garçons sur place, se souvient-on en souriant.
C’est aussi un document sociologique sur 1970.
Au niveau familial, on voit les gestes de l’hospitalité : l’importance du repas partagé, et des verres de vin d’Alsace qui créent un climat de bonne humeur et scellent l’amitié. Des mois de vie commune ont tissé des liens très forts qu’on se plait à remémorer de concert.
Au niveau collectif, on peut lire aussi un fort attachement au passé, qui se manifeste par la présence des costumes et des danses folkloriques (alsaciens et limousins), ou le fleurissement en grande pompe du monument aux morts. On découvre le respect des autorités, massivement présentes : le préfet, le conseil municipal, la gendarmerie, la fanfare, les pompiers, les notables, - tous des hommes. Et pour assister aux cérémonies, la présence nombreuse de la population, tous âges confondus.
On découvre des traditions vestimentaires et gestuelles aujourd’hui en net recul, comme le foulard pour les dames, et la cigarette pour les messieurs. Et l’importance du football pour favoriser les rencontres, grâce au sport (masculin).
Enfin on retrouve, par la bouche du préfet, la politique extérieure de la France : volonté de paix par la création de « l’Europe nouvelle » qui « ne pourra se faire que sur la base de relations humaines plus intenses » et sur « la cohésion et la solidarité au sein d’une même nation ». La volonté d’échanges culturels et économiques entre les régions est aussi au cœur des discours officiels.
Ainsi, ce « Voyage de l’amitié » est un beau document sur une histoire ancienne qui fait bouger le présent, un passé douloureux qui se prolonge par une amitié chaleureuse. C’est bien sûr une vision très optimiste d’une histoire complexe. Mais il est destiné à témoigner de deux moments forts de l’histoire partagée de deux villages, et en cela est tout à fait hors du commun.
Odile Gozillon-Fronsacq.
- Réalisateur.ice.sAlain RODIER
- Année(s)1964 précisément
- Durée00:12:54
- ColorationNoir & Blanc
- FormatFilm 16 mm
- SonSonore
- Institution d'origine CINÉMATHÈQUE DE NOUVELLE-AQUITAINE