Issue des collections de la Cinémathèque de Nouvelle Aquitaine, cette très belle séquence tournée en 16 mm se révèle être un témoignage subtil de la capitale Alsacienne dans les années 1960.

Tout au long de ce voyage touristique se découvrent en effet, de part et d'autre, des signes du temps.
Place de la Cathédrale, alors toujours ouverte à la circulation routière, le passage d'une camionnette publicitaire Vérigoud nous renvoie au passé colonial de la France. Créée en 1954 en Algérie, cette marque de soda disparaîtra progressivement du territoire national après l'indépendance, survenue deux ans plus tôt.
De même, Place Gutenberg, un panneau d'affichage annonce la Foire européenne de Strasbourg : un événement commercial incontournable de l'époque en perte de fréquentation aujourd'hui.
Au Port du Rhin, c'est le souvenir de la guerre qui se rappelle à nous, à travers le char Zimmer, un des premiers monuments de mémoire de la Seconde Guerre mondiale et symbole de la Libération dès 1945.

Enfin, quelques prises du vues du Pont de l'Europe et de l'ancien Poste de Douane de Strasbourg constituent sans doute les éléments les plus marquants de cette séquence. Reliant Strasbourg et Kehl, le pont d'origine fût détruit pendant la guerre. Remplacé par une structure provisoire, il sera reconstruit et inauguré en 1960. Baptisé Pont de l'Europe, il incarne la paix et la réconciliation.
À quelques pas de là, le cinéaste filme ensuite l'ancien Poste de Douane de Strasbourg. Aujourd'hui disparu, celui-ci fût incendié en 2009, en marge du 21e sommet de l'OTAN Strasbourg-Kehl.

Ainsi, bien plus qu'un film de vacances à l'atmosphère douce et estivale, ce film dévoile un instantané de Strasbourg et de la France. À travers l'attention aux détails se dessine en creux de nombreux basculements de l'histoire, comme la fin de l'empire colonial, la réconciliation franco-allemande ou encore les récentes contestations de l'organisation internationale de l'OTAN.

Sybille d'Hardemare.