Issu des collections de la cinémathèque suisse Autrefois Genève, ce court film de voyage a été tourné en super 8 mm par le cinéaste Guy Desbaillet. Celui-ci fait partie du groupe des Traîne-Patins, composé par une vingtaine de personnes du village suisse de Russin dont il est originaire et qui se situe dans le canton de Genève. Ce film documente la sortie annuelle de l’association et témoigne de l’attractivité touristique de la région alsacienne à l’aube des années 1970.

En effet, tandis que la période de la décennie 1970 inaugure l’essor du tourisme de masse mondial, nos joyeux « Traine-patins » suisses sillonnent la région alsacienne en autocar, à la découverte des villages viticoles typiques et de leurs architectures à colombages. Ces bourgs autrefois ruraux semblent alors déjà bien adaptés à cette fréquentation touristique, comme le signalent par exemple les panneaux balisant le circuit touristique conseillé pour découvrir la ville de Riquewihr. De fait, ce film fait largement écho à de nombreux autres conservés par la cinémathèque MIRA. 

Les villages de la Route des Vins ainsi que les hauts lieux emblématiques touristiques de la région, comme la Montagne des Singes ou le château du Haut-Koenigsbourg, sont des destinations prisées par les Alsacien·nes pour les sorties en famille ou entre ami·es. Les deux parcs animaliers – la Volerie des Aigles ouvre en 1968 et la Montagne des Singes en 1969 –  et les sites incontournables comme le château du Haut-Koenigsbourg s’imposent comme des thèmes récurrents de l’imagerie touristique alsacienne. Pouvoir admirer des espèces protégées de singes et de rapaces dans des parcs, plus particulièrement des animaux habitués au contact humain, s’avère une occasion toute trouvée pour faire tourner la caméra et capter des rencontres qui sortent de l’ordinaire. Mais il est amusant de relever que dans ce film de Guy Desbaillet, son regard semble presque davantage tourné vers ses compagnon·nes de voyage que vers les beautés de l’Alsace, dont il ne nous donne parfois à voir que des aperçus très succincts. Au-delà de la découverte de la culture de la région frontalière, il semblerait que le filmeur ait également à cœur de garder une trace de ce rituel annuel qui, certainement, entretient et renforce les liens amicaux des membres du groupe des Traîne-Patins.

Ondine Duché