Tourné en 1927, ce film de voyage de l’opérateur Nico Spiegel offre un bref aperçu de la richesse culturelle et naturelle de l’Alsace. Il n’échappe pas aux visages emblématiques de la région : la cathédrale, la Petite France, la Place Kléber et les maisons à colombages brossent le portrait pittoresque de Strasbourg. Le château du Haut-Koenigsbourg qui se dresse au loin et les collines coiffées de vignes complètent ce tableau bucolique.

Si le film se montre assez touristique, il offre quelques instants suspendus, comme la séquence d’un enfant qui ramasse un chocolat de Pâques dans le jardin. Dans un village alsacien, une femme portant un panier sur la tête compose une image empreinte d’un charme d’antan.

Cette parenthèse temporelle trouve écho dans l’ancien visage du centre-ville de Strasbourg, capturé à la fin du film. L’on reconnaît la rue animée des Grandes Arcades, adjacente à la place Kléber, où il est frappant de constater la métamorphose du paysage urbain. Si le lieu fourmille de petites boutiques, elles ont depuis été détrônées par les grandes chaînes, à l’instar de l’ancien magasin de chaussures visible à l’angle, désormais sous l’enseigne Minelli. Seul subsiste la brasserie Kohler-Rehm, qui avait temporairement fermé ses portes en 2020 avant de faire son grand retour en 2023. Au cœur de cette mutation d'un siècle, le cinéma Kléber, que l’on aperçoit au début du film, se dresse comme un témoin du passé. Cet établissement fut la fierté des Strasbourgeois pendant près de 80 ans, avant de fermer en 1987.

Antoine Mansier