Reichsarbeitsdienst à Strasbourg
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Issu des collections du Landesfilmsammlung de Stuttgart, ce film 16 mm tourné par l’opérateur Heinz Schünemann suit les activités des membres du Reichsarbeitsdienst, un service de travail destiné aux jeunes Allemands, étendu aux jeunes habitants de l'Alsace-Moselle en mai 1941 puis rendu obligatoire l'année suivante, instaurant ainsi l'incorporation de force, considéré aujourd'hui comme un crime contre l'humanité, de nombreux Alsacien·nes dans la Wehrmacht allemande.
Tourné en 1941 par Heinz Chünemann, médecin-chef d’un hôpital de campagne près de Dresde, ce film s’ouvre par une visite de la cathédrale de Strasbourg, une vue de son clocher et de la ville depuis la plateforme après l'annexion de fait du territoire au Troisième Reich.
Il est frappant de constater la quiétude des rues de Strasbourg. Ses habitants ont effectivement été majoritairement évacués en Dordogne, dans les Landes, le Lot-et-Garonne et le Gers dès 1939. D'autres ont quant à eux choisi de rester chez eux. Les troupes de la Wehrmacht, occupant villes et campagnes alsaciennes dès l'été 1940, contrôlent ainsi la population restante. Le film suit des membres de la Reichsarbeitsdienst (RAD), un service de travail à destination des jeunes Allemands, instauré sur la base du volontariat en 1933 puis devenu obligatoire à partir de 1935. Le film montre des conscrits allemands car ce service a été étendu à l’Alsace-Moselle en mai 1941. Cette administration prévoit que tous les jeunes gens âgés de 17 à 25 ans soient mobilisés au service du Reich pour une durée de six mois. Si ce dispositif cherche d’abord à lutter contre le chômage par l’insertion, il devient un véritable outil d’éducation morale et physique au service d’un pouvoir qui cherche à militariser sa main-d’œuvre.
Cette main-d'œuvre se matérialise à l'écran à travers les nombreux jeunes hommes filmés, occupés à leurs tâches de manutention. En instaurant une proximité avec les personnes filmées et en capturant les lieux de travail (entrepôt, cour) et d’intimité (chambre), le cinéaste donne à son film un double visage, celui d’un documentaire et celui d’un film de propagande.
En 1942, avec l'instauration du service militaire obligatoire pour pallier les pertes allemandes sur le front de l'Est, l'Allemagne nazie franchit en réalité une étape décisive : elle contraint de jeunes Alsaciens et Mosellans, les Malgré-nous, à rejoindre les rangs de l'armée allemande, la Wehrmacht, pour lutter contre les siens, relevant ainsi du crime contre l'humanité. De nombreux et nombreuses Alsacien·nes ont perdu un fils, un frère, un père ou un cousin à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. Après la chute du Troisième Reich, certain·es ont dû attendre des années avant de revoir ces mobilisés de force, enfermés ou retenus sur place pour être jugés, tandis que d'autres ont dû longuement démarcher et enquêter avant d'apprendre la disparition de l'être recherché. L'Annexion de l'Alsace et l'incorporation de force ont été vécues comme des traumatismes pour une grande majorité de familles alsaciennes.
Antoine Mansier
- Réalisateur.ice.sHans SCHÜNEMANN
- Année(s)1940 précisément
- Lieu(x)Strasbourg (67)
- Durée00:05:56
- ColorationNoir & Blanc
- FormatFilm 16 mm
- SonMuet
- Institution d'origineLANDESFILMSAMMLUNG BADEN-WÜRTTEMBERG