Les croisières sur le Rhin se développent progressivement au sortir de la Seconde Guerre mondiale. MIRA possède ainsi de nombreuses archives des premiers balbutiements puis de la démocratisation de cette pratique. Conservé par la Cinémathèque Image’Est et réalisé en 1975, le film de Lucien Perrot atteste de la puissance économique du fleuve transfrontalier ainsi que de sa récente qualité touristique.

Au cours de cette croisière sur le fleuve rhénan, Lucien Perrot rencontre de nombreuses barges, ces bateaux à fond plat acheminant des produits solides, des vraquiers reconnaissables à leurs cales, des chalands ainsi qu’un hors-bord. Depuis le port de Strasbourg, le bateau de plaisance, baladant des dizaines de visiteurs y compris la femme du cinéaste, navigue à proximité de Bâle et de quelques rives allemandes avant de terminer sa boucle.

Dès les années 1950-60, comme en témoigne le film, les échanges de marchandises croissent sur le Rhin supérieur. Plusieurs plans montrent différentes embarcations ayant chacune un usage précis. Elles proviennent sans doute des neufs pays dans lesquels le Rhin se déploie : l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, la France, l’Italie, le Liechtenstein, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Suisse. Franchissant plusieurs États, la dimension transfrontalière du fleuve est symbolisée par le pavillon officieux d’un navire marchand alors captée par la caméra du cinéaste. Il combine en effet cinq drapeaux en un seul étendard. Avec un trafic estimé à plus de 300 millions de tonnes par an, le Rhin est la voie fluviale la plus fluctuante de l’Union Européenne et de la France. Parmi les marchandises y circulant, on recense des produits pétroliers, des matériaux de construction, des céréales ou encore des conteneurs. Dans une des dernières séquences de l’extrait, près du quartier Port du Rhin et de son ancienne capitainerie, un navire transporte ainsi des tas de sable sur son pont supérieur.

Thomas Bernolin