Issu des collections d'Image'Est, ce film tourné en 16 mm par Paul Dohm complète parfaitement les bobines de MIRA tournées dans la période de l'après-guerre à Strasbourg, en faisant la lumière sur un symbole de cette période de reconstruction : le pont de Kehl et son voisin, le pont ferroviaire.
Les deux ponts filmés dans un plan panoramique par le cinéaste de passage dans la ville, constituent l'unique porte d'entrée menant directement à Strasbourg depuis l'Allemagne. Ces deux ouvrages d'art hautement stratégiques furent mis à mal pendant la Seconde Guerre mondiale. En partie détruits par les Français pour ralentir l'arrivée de l'armée allemande en 1940, ils furent reconstruits puis à nouveau démolis par les Allemands en 1944, à l'avènement de la Libération. C'est en avril 1945 que les troupes françaises et américaines construisent un pont et un pont-rail provisoires ici visibles, et dont la plaque explicative est d'ailleurs filmée par Paul Dohm. Kehl est à nouveau reliée à Strasbourg, l'Allemagne à la France.

Mais l'intérêt principal du film n'est pas tant le pont et l'histoire qu'il révèle, que le fleuve qu'il enjambe. Les habitants des deux villes, encore durement marqués par la guerre, doivent faire face à de nouvelles difficultés. Si le cinéaste filme d'abord le premier pont, sa caméra s'attarde sur le lit du fleuve dont les eaux semblent s'être retirées.
Durant l'été 1947, une vague de chaleur intense frappe une grande partie de l'Europe, dont la France : le Rhin, frappé de sécheresse, n'est plus navigable et atteint cette année là son plus bas débit jamais mesuré. On imagine sans peine l'effet qu'a du produire la vue de ce Rhin aride sur les promeneurs.

Quant à la charmante flânerie du couple au bord du lac du parc de l'Orangerie qui clôt le film, elle rejoint tout à fait les nombreuses séquences de MIRA tournées dans les années 1950 dans ce lieu de flânerie incontournable des Strasbourgeois.


Marion Brun.