Au cours de ce voyage, le cinéaste amateur Raphaël Parrot met à l'honneur le patrimoine rural de l'Alsace de l'entre-deux-guerres. Par ses rares images d'archives se déroulant dans la campagne alsacienne en 1938, ce film issu de la Cinémathèque de Bretagne étoffe précieusement les collections de MIRA.

Après un rapide coup d'oeil sur l'architecture si particulière de la Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, la famille Parrot parcourt plusieurs communes emblématiques de la région alsacienne comme Wissembourg, Molsheim ou encore le château du Haut-Koenigsbourg. Accoutumé aux coutumes et paysages bretons, le journaliste pose un regard admiratif sur la ruralité locale, bien différente de sa Bretagne de coeur. Fortement présentes en ce début de siècle, les activités paysannes rythment le quotidien des villageois, les automobiles vivant encore leur essor. Attelée à deux bovins, une charrette transporte une femme au coeur du village. Dans un panier à l'arrière de l'engin, les enfants participent à la tâche en régulant la vitesse des montures grâce à une manivelle. À Munster, passage phare de la célèbre Route des Vins, un boeuf conduit un tonneau qui stocke le vin issu des récoltes.

Fin connaisseur des Alpes, des Pyrénées ou des Cévennes, Raphaël Parrot se prend de passion pour les Vosges, qu'il magnifie grâce à une maîtrise assurée de la caméra 9,5 mm. Sous la brume, qui accentue le contraste du noir et blanc des images, le Grand Ballon, le col de la Schlucht et le Vieil Armand figurent parmi les destinations privilégiées. Dans le cimetière militaire du Hartmannswillerkopf, lieu de mémoire rendant hommage aux Poilus alsaciens, les enfants du réalisateur marchent face aux nombreuses rangées de croix funéraires. Incluant 45 kilomètres de tranchées ainsi que des sentiers permettant de visiter le site, le film montre déjà l'intérêt touristique de cet ancien champ de bataille.

Thomas Bernolin