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MiraMIRAMémoire des Images Réanimées d'AlsaceCinémathèque régionale numérique

Images à la une
      • Les Jeux olympiques de Munich en Super 8

      • Par Marion Brun, responsable des collections.

        Troisième édition organisée par l’Allemagne, les Jeux olympiques de 1972 se déroulent à Munich du 26 août au 11 septembre. Après le terrible souvenir de Berlin sous l’égide nazie en 1936, la République fédérale allemande avait à cœur de mettre l’accent sur les valeurs positives portées par le sport, dans une Allemagne divisée politiquement et physiquement. Si ces Jeux ont été bouleversés par la dramatique prise d’otage de Septembre noir, ayant notamment coûté la vie à onze athlètes israéliens, ils sont aussi restés dans la mémoire collective comme résolument modernes, axés sur un esprit d’ouverture et de liberté.

        Un témoin alsacien anonyme, sur lequel peu d’informations subsistent, a eu l’opportunité de se rendre sur place durant quelques jours. En Super 8, il a rapporté de son voyage des images de Munich en liesse et d’une partie des compétitions, avant cette funeste date du 5 septembre 1972.
      • Les Jeux olympiques de Munich en Super 8
        • Stade de Munich lors des épreuves d'athlétisme. Anonyme, fonds W.
      • Des constructions avant-gardistes tournés vers l’ouverture

        Le film s’ouvre sur le Nouvel Hôtel de Ville de Munich, dont l'architecture néogothique est magnifiée par une multitude de drapeaux arborant les couleurs de la ville allemande, de l'Allemagne et de la Bavière. En s'attardant sur la majestueuse façade de l'édifice, le cinéaste immortalise l'effervescence qui règne sur la Marienplatz, où les passants affluent en grand nombre. Et pour cause ! Ces Jeux ont attiré environ sept millions de spectateurs, soit trois millions de plus que les Jeux d'été précédents, tenus à Mexico en 1968. Ils font partis des éditions les plus suivies, ce qui indique l’engouement grandissant pour cette compétition internationale.

        Si l'opérateur est séduit par la splendeur de l’édifice historique, une partie significative de son film est dédiée aux infrastructures érigées pour ces Jeux olympiques.

        Le cinéaste se concentre essentiellement sur le fameux stade olympique de Munich, soulignant sa toiture emblématique audacieuse et ondoyante. Conçu par l'architecte allemand Günther Behnisch, ce bâtiment a eu une influence marquée sur de nombreux projets architecturaux ultérieurs. Par ce film, on peut admirer régulièrement les structures du toit en verre acrylique conçu par l’ingénieur allemand Otto Frei qui recouvrent non seulement le stade mais également tout le parc olympique. Conscient de l’exploit architectural du site, le cinéaste zoome à la fin du film sur les articulations des câbles tendus qui soutiennent la toiture. Les formes arrondies, aériennes et transparentes de la toiture s’intègrent harmonieusement au paysage environnant, donnant une impression de nature et de légèreté. Cette construction avant-gardiste rompt avec les imposants stades construits par le passé, comme celui de Berlin en 1936 avec son architecture écrasante et autoritaire. Ici, c’est l’ouverture sur le monde que le stade symbolise, reflétant l’esprit de cette édition des Jeux olympiques[1].

        La toiture du parc olympique d'Otto Frei. Anonyme, fonds W. © MIRA

         

        L'architecture contemporaine du village olympique est mise en évidence par des prises de vue larges et des détails précis effectués par le caméraman. Conçu pour accueillir près de 10 000 athlètes et officiels, ce complexe comprenait des bâtiments résidentiels dotés d'équipements d'entraînement, des espaces de restauration et de grands jardins. Il est aussi tristement célèbre pour avoir été le site de la prise d’otage perpétrée par le groupe terroriste Septembre noir, seulement quelques jours après que ces images aient été capturées par le cinéaste.

        Village olympique. Anonyme, fonds W. © MIRA

        Enfin, grâce à un habile panoramique de la caméra, on peut observer les collines qui entourent le stade, où de nombreux spectateurs sont installés. Ces collines sont connues sous le nom d'Olympiaberg, des élévations artificielles créées en utilisant notamment des débris des bombardements alliés sur Munich pendant la Seconde Guerre mondiale, ainsi que des matériaux de construction du stade. Elles offrent des points de vue en hauteur, atteignant jusqu'à 600 mètres, sur le parc olympique.

        Les divers lieux capturés par notre cinéaste illustrent la volonté de Munich d'accueillir les Jeux olympiques comme symbole d'une Allemagne revitalisée et orientée vers l'avenir.

        S’il y a d’ailleurs un élément frappant sur le film, c’est l’absence totale de toute mesure de sécurité, ce qui contraste fortement avec les standards des Jeux que nous connaissons au XXIe siècle. Aucune présence policière n'est visible malgré la foule dense. Effectivement, c'est l'incident tragique de prise d'otages et les décès durant ces Jeux qui ont mené à renforcer la sécurité pour les éditions futures.

        Le décryptage des compétitions filmées

        Au total, 121 nations représentées par 7134 athlètes, dont seulement un septième sont des femmes, ont concourus à ces Jeux, répartis sur 195 épreuves et 21 sports différents. Pendant la brève période qu'il passe à Munich, le cinéaste a eu l'opportunité d'assister et de filmer certaines compétitions, qui suggèrent sa présence aux Jeux olympiques dès le début du mois de septembre. Mais il fut difficile de déterminer lesquelles.

        Il arrive parfois qu’un fonds de films soit déposé sans que la famille du filmeur n’en connaisse le contenu ou les détails ou ne souhaite les divulguer. C’est le cas de la collection dont est issu cette pellicule tournée à Munich. Aussi, documenter les lieux et les scènes filmées peut relever d’un travail d’enquête, comme ici : les différentes compétitions filmées par le cinéaste font l’objet de suppositions, en l’absence d’indications lisibles. Mais à force de recherches, il est possible de rassembler quelques indices permettant d’éclairer ce qui se joue à l’écran.

        Le 200 mètres masculin, épreuve-phare de l’athlétisme

        Le cinéaste commence sa journée au stade en filmant un athlète en maillot bleu et blanc s'illustrant dans le triple saut, probablement le Japonais Toshiaki Inoue, qui termine à la 12ème place. À cette occasion, on se rend compte de l’attrait de l’athlétisme. Le stade olympique de Munich est entièrement rempli, ce dont témoigne notre anonyme avec un beau panoramique par une journée ensoleillée. Ce qui retient l'objectif de notre cinéaste est incontestablement le 200 mètres masculin, où il nous offre une perspective saisissante depuis l'alignement des starting-blocks.

        L'épreuve du 200 mètres masculin a été introduite aux Jeux olympiques de Paris en 1900 pour les hommes, et il faudra attendre les Jeux de Londres en 1948 pour que cette discipline soit ouverte aux femmes. Les États-Unis ont une riche tradition de domination dans ce sport, avec des athlètes tels que Carl Lewis, Michael Johnson, et le légendaire Jesse Owens, qui a marqué les Jeux de Berlin en 1936. La Jamaïque, quant à elle, a également produit des champions notables comme Usain Bolt, détenteur du record du monde actuel et une figure emblématique du sport.

         

        Le sprinteur Don Quarrie, après avoir couru une épreuve du 200m. Anonyme, fonds W. © MIRA

        La caméra du filmeur se concentre d’ailleurs sur le grand favori de l'époque, le Jamaïcain Don Quarrie, l'une des stars des années 1970. On le voit rattraper ses concurrents vers la fin de la course, puis le film le montre en survêtement, marchant sur la piste aux côtés d'autres compétiteurs. Malheureusement, Don Quarrie ne connaît pas le succès en Allemagne : une blessure l'oblige à abandonner avant les demi-finales. Cependant, il laissera une marque indélébile dans l'histoire de ce sport en devenant détenteur des records mondiaux du 100 mètres et du 200 mètres quelques années plus tard.

        C’est le coureur soviétique Valeriy Borzov qui remporte l’or à Munich sur le 200m et le 100m, battant les sprinteurs américains, pourtant favoris après l’abandon de Don Quarrie. L’Ukrainien est considéré comme un des plus grands coureurs européens des années 1970 et c’est donc non sans surprise que le cinéaste le filme courant certainement un huitième de finale des 200 mètres.

        Valeriy Borzov dans une course du 200m, en rouge (dossard 932). Anonyme, fonds W. © MIRA

        Ces différents zooms sur les plus grands athlètes d’alors laissent à penser que le cinéaste est au minimum connaisseur du sport, si ce n’est grand amateur.

        Il filme également une épreuve de 110 mètres haies masculine de dos, rendant les athlètes difficiles à reconnaître, mais on y devine un participant français. Il ne semble pas s’agir de Guy Drut, qui devint sur cette épreuve vice-champion olympique derrière l’américain Rod Milburn.

        Les sports de balle, entre dynamiques de féminisation et répercussions géopolitiques

        Après avoir œuvré en extérieur, l’opérateur filme ensuite différents matchs de sports de ballons, à commencer par le basket-ball.

        Introduit aux Jeux olympiques de Berlin en 1936, le basket-ball masculin a été dominé par les Etats-Unis pendant 36 ans, jusqu’à ces Jeux olympiques de Munich. Considérés comme favoris de cette édition, les Américains du nord ont perdu leur titre en faveur de l’URSS, lors d’une finale d’anthologie et extrêmement controversée encore aujourd’hui. Les arbitres furent soupçonnés par des champions sortant d’avoir favorisés les Soviétiques en leur accordant à deux reprises une seconde possession de balles, dans une grande confusion. Cette finale a exacerbé les tensions sportives entre les Etats-Unis et l’URSS, deux pays déjà divisés dans le contexte de la guerre froide. Cela confirme que le sport est également influencé par la géopolitique, malgré les espoirs des organisateurs.

        Bien que le cinéaste n'ait pas été présent lors de cette finale disputée le 9 septembre, il a néanmoins été témoin des prouesses de l’équipe de l’URSS, dans un match préliminaire opposant l’équipe vêtue de rouge à une équipe difficile à identifier depuis les gradins, mais qui pourrait être les Philippines, puisque cette rencontre eut lieu le 2 septembre[2]. Après ce match, il en profite pour filmer l’entraînement des basketteurs portoricains et italiens, qui se rencontrent également le même jour et se placeront respectivement à la sixième et à la quatrième place de ces Jeux.

        Match de basket Union Soviétique contre Philippines. Anonyme, fonds W. © MIRA

        Le cinéaste prend également plaisir à assister à des matchs de volley-ball qui mettent en scène les équipes japonaises, qui sont alors des champions de la discipline. Un premier match de volley-ball masculin oppose l’équipe japonaise, reconnaissable au mot « Nippon » floqué sur son maillot[3], probablement face à l’équipe de l’Allemagne de l’Est dans un habit rayé de jaune et de noir (rappelons que l’Allemagne présente deux délégations depuis 1968). Ces matchs se sont déroulés le 1er septembre[4], ce qui indique que le film du cinéaste n'est pas monté dans l'ordre chronologique, car les compétitions d'athlétisme présentées en premier ont eu lieu plus tard. Si les hommes remportent le titre olympique cette année, les femmes arrivent deuxième derrière l’URSS.

        Dans la même journée, sur le même terrain et depuis la même place, le spectateur est témoin d'un match de volley-ball féminin opposant le Japon en noir et probablement la Corée du Nord. Le volley-ball féminin est alors une discipline relativement jeune dans cette compétition, puisqu’elle fut introduite aux Jeux olympiques de Tokyo en 1964, en même temps que son pendant masculin. Ce sont surtout les équipes féminines de l'URSS et du Japon qui tirent leur épingle du jeu, se disputant régulièrement les deux premières places du podium olympique jusqu'aux années 1980. Cette édition ne fait pas exception : les soviétiques ont décroché l’or, suivi par les nippones qui obtinrent l’argent. Le volley-ball féminin eu d’ailleurs un impact significatif au Japon dans les années 1960 et 1970, depuis la victoire de l’équipe japonaise aux Jeux de Tokyo en 1964, faisant entrer ce sport dans la culture populaire[5].

        Match de volley-ball féminin : Japon (en noir) contre Corée du Nord. Anonyme, fonds W. © MIRA

        Les Jeux olympiques de Munich ont été conçus comme une édition imprégnée de liberté et d'ouverture sur le monde, se voulant exempte de toute manipulation politique, contrairement aux Jeux de Berlin en 1936, seule autre édition allemande. Le filmeur l’a certainement ressenti dans les complexes sportifs qu’il filme dans de larges plans et par la foule bigarrée qui déambule. Cette insouciance vit pourtant ses dernières heures, car les Jeux olympiques iront vers une sécurisation renforcée suite aux attentats de Munich. Ces Jeux sont aussi la preuve qu’il est difficile d’imaginer les compétitions sportives comme dénué des tensions géopolitiques qui leur sont contemporaines.

         

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        SOURCES

        Archambault, Fabien. La finale olympique de basket-ball URSS/États-Unis (1972)
        https://transatlantic-cultures.org/es/catalog/la-finale-olympique-de-basket-ball-urss-etats-unis-1972

        Lacouture, Jean. Aux yeux du Souvenir. Huit mille cinq cents athlètes participent à Munich à l'ouverture des Jeux olympiques. 28 août 1972. Archives du Monde. 
        https://www.lemonde.fr/archives/article/1972/08/28/huit-mille-cinq-cents-athletes-participent-a-munich-a-l-ouverture-des-jeux-olympiques-aux-yeux-du-souvenir_3035430_1819218.html

        Tondre, Agnès. Les Jeux Olympiques de 1972 à Munich.
        https://vivreamunich.com/les-jeux-olympiques-de-1972-a-munich/

        Site officiel des Jeux olympiques. Les jeux de Munich 1972, entre joie et tragédie. 
        https://olympics.com/cio/news/les-jeux-de-munich-1972-entre-joie-et-tragedie-des-jeux-qui-ont-marque-toute-une-epoque

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