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MiraMIRAMémoire des Images Réanimées d'AlsaceCinémathèque régionale numérique

Écrits sur images
      • Cinéma et films... quelles histoires !

      • Par Gilbert BREESE, propos recueillis par Odile Gozillon-Fronsacq, septembre 2023
      • Cinéma et films... quelles histoires !
        • Gilbert Breesé filmé en 9.5. Photogramme d’un film de son père Emile Breesé, années 30.
      • Le 9,5, toute une époque ! Souvenirs d’un cinéaste strasbourgeois

        La célébration par l’association MIRA du Centenaire du film 9.5 mm de Pathé, le 3 février 2023, est à l’origine de ce texte. Elle m’a donné envie de me replonger dans l’histoire du cinéma amateur telle que je l’ai vécue.

         

         

        (…) Charles PATHE lança pour Noël 1922 son révolutionnaire format de film amateur : le  9.5 mm. Il présentait une image de 6.05 x 5.87 mm, qu’on coupait en trois bandes dans du 35mm. Il sera reconnaissable à sa perforation centrale, permettant l’utilisation de toute la largeur de l’image. Et surtout, la nouvelle bande était ininflammable, et se présentait avec un coq comme logo. Le système se popularisera assez vite avec le petit projecteur « Pathé Baby » et la mise à disposition d’une bibliothèque de 200 films intitulée « Le Cinéma chez soi ». Une caméra de prise de vues fut commercialisée dès 1923 ; d’abord à manivelle, elle fut bientôt munie d’un moteur à ressort. Le tout était simple d’utilisation et de faible prix, pour connaître un succès retentissant.

         

         

        Mon père, cinéaste 9,5 de la première heure

        (…) Parmi les premiers utilisateurs de ce nouveau film 9.5 se trouvait mon papa, qui dès 1930 devint un fervent cinéaste en tournant la manivelle de sa caméra fixée sur trépied. Il achetait les films chez RAAB, petit magasin au début de la rue des Hallebardes. Je présume qu’il essaya de développer ses films, ce qui se confirmera lorsque je rassemblai par collage les bandes de 9.5 sur une bobine de 120m. Ces galettes étaient entassées dans un solide carton carré et se trouvaient entourées d’un bandeau sur lesquels maman avait noté date et sujet du contenu. Ce qui m’était très utile pour respecter leur chronologie. C’est alors que j’ai remarqué que sur les amorces figurait l’adresse du magasin.

        RAAB devait aussi lui louer des films comme Félix le chat, Mickey, Bœuf et grenouille, qui nous amusaient. Après l’acquisition d’un nouveau projecteur, on pouvait louer des longs métrages comme Laurel et Hardy, Charlot, et autres, présentés dans le catalogue de SCHOENFELDER, dont le commerce était situé dans la Rue des Juifs vers la Rue du Parchemin. Notre vicaire allait aussi y chercher les films (d’un autre genre) qu’il projetait dans la salle paroissiale pour les jeunes (…).

         

        Emile Breesé, précurseur du 9.5 en Alsace, était aussi photographe

         

        Des sujets très variés, une passion héréditaire

        Mon papa a filmé tout ce qui lui parut intéressant : fêtes et sorties en famille, divers événements locaux et autres. Équipés d’une caméra avec moteur à ressort, qu’ils pouvaient manier plus aisément, mes parents parcoururent l’Exposition Universelle à Paris en 1937. Pendant une visite au camp où papa était mobilisé en 1938, c’est maman qui tint la caméra. Pendant l’annexion nazie, alors que tout était interdit, papa s’enhardit à filmer notre groupe de jeunes HJ[1] à Cronenbourg, puis encore plus téméraire et chanceux, une section NSKK[2] lors d’un grandiose rassemblement Place Kléber.

        Après les hostilités, j’ai pris le relais en « tournant » lors des funérailles de l’évêque Mgr RUCH et du maire Charles FREY. Et pendant mon service militaire j’ai enregistré pas mal de pellicules lors d’excursions dans diverses régions. Des images irremplaçables m’ont été perdues par la curiosité d’un troufion qui ouvrit la cassette prête à l’expédition ! Je crois avoir filmé une première fois en couleurs l’été 1955, mais vu la dépense cela fut rare. Jugeant le moment venu de changer de caméra, j’ai acquis une CAMEX plus perfectionnée chez Photo WERNER, rue des Grandes-Arcades. Avec sa possibilité « image par image », j’ai réalisé un titrage mouvant : mais quel labeur ! Suivra bientôt un téléobjectif pour d’autre prouesses visuelles.

         

         

        Travaillant au Service de la Voirie de la Ville de Strasbourg, j’ai pu suivre divers chantiers intéressants entre 1953 et 1960. J’étais aussi présent pour le Congrès de Gymnastique en 1952, puis au Carnaval de 1957. J’ai pu projeter ces films aux intéressés, reconnaissants de voir immortalisées leurs actions. J’utilisais alors un projecteur plus moderne, ainsi qu’un écran enroulé dans un coffret. Pour chez nous, papa avait assemblé un écran un peu plus grand avec même un bandeau noir. De temps à autre on invitait famille, amis et copains qui s’extasiaient en se voyant. La projection était alors commentée de vive voix par mes parents, dont plus tard je pris le relais.

         

        Gilbert Breesé à son bureau à la Ville, en 1957

         

        Les films 9,5

        (..) Les films qu’on achetait se présentaient comme 3 galettes de 9 mètres, enveloppées dans du papier noir dans un boîtier métallique. Le rouleau devait être posé à l’abri de la lumière dans une cassette à double compartiment qu’on insérait dans la caméra. Au retour de leur développement, au magasin ou plus tard par la poste, les anciens films étaient enroulés dans une cassette circulaire à fixer sur le projecteur : notre petit « Pathé Baby ». Après assemblage, la bobine de 120 m se mettait sur la bobine supérieure du nouvel appareil, laissant défiler la bande dans un couloir devant l’objectif, pour s’enrouler sur la bobine du bas, qu’il fallait rembobiner après la séance.

        Toute une mise en scène

        Nous avons déménagé en 1948 dans une maison mono famille, avec un grenier qu’on jugea idéal pour servir de local de projection, en y posant des chaises de jardin et un banc. Avec un grand panneau en contreplaqué muni d’orifices bien calculés, on sépara la salle et le réduit technique. Papa s’ingénia ensuite à réaliser un parfait écran, pour lequel grand-mère confectionna 2 pans de tissu vert qui s’ouvriront et se fermeront, mus par un petit moteur. On fixa un haut-parleur ainsi que des appliques, tout en cachant la sous-pente raide de la toiture par une bande de jute. Celle-ci a bientôt été agrémentée par des affiches et photos de films, que j’avais convoitées chez un client de papa lors d’une visite au Foyer du soldat, dans un village près de Kehl où il était gérant et recevait cette documentation avec les films 35 mm qu’il louait. Dans la cabine j’avais installé notre projecteur 9.5 et un magnéto pour la sonorisation. D’un tableau de commande, je pouvais actionner le rideau de l’écran et régler la lumière. La séance inaugurale eut lieu devant un parterre d’invités : collègues et amis, ainsi qu’en témoigne un « parchemin » du 21 novembre 1952 !

         

         

        Le carnet où Gilbert Breesé notait toutes les projections qu’il organisait

         

        MIRA et moi

        Pour terminer avec nos films 9.5, je dois rapporter qu’en 1997 la société Carmin a réussi à me soutirer, pour réenregistrement en vidéo, quelques-uns de mes anciens films, au grand dam de mon frère. On m’a même interviewé, en accompagnement de certaines séquences qui sont passées à la télévision locale. Par la suite, Carmin m’a remis une douzaine de cassettes avec les séquences diffusées, qu’en 2015 j’ai léguées à la nouvelle association MIRA qui venait de se constituer en 2006. Sa cofondatrice Mme Gozillon-Fronsacq, auteur d’un livre sur le cinéma en Alsace et cinéphile passionnée, veut préserver cette mémoire vivante des débuts de l’image animée à nos jours. Avec sa comparse Mme Sibieude, elles ont déjà réussi à collecter des centaines de films amateurs 9.5, oubliés dans des valises, qu’elles sauvegardent par numérisation et diffusent en les mettant sur leur site Internet. En possession de certains extraits, des collaborateurs de MIRA, dont je retiendrai surtout Sophie Desgeorge (qui m’a créé un DVD personnel), m’ont plusieurs fois rendu visite et aussi filmé et interviewé, pour commenter certaines séquences.

        Par un collègue j‘ai été mis en relation en 2013 avec la directrice des Archives Municipales Mme Perry qui est malheureusement décédée récemment. S’étant intéressée en premier lieu à mes anciens documents papier datant de l’Occupation, mais aussi à des documents familiaux, elle m’a proposé de confier mes films à son service pour faire partie de mon fonds. J’ai donc légué tous les anciens films, jusqu’à notre mariage, à la Ville de Strasbourg, avec ceux en format 16mm (…). Ayant fait connaissance de MIRA après coup, j’aurais bien sûr préféré confier ces films à cette association, pour son travail de sauvegarde méritant. MIRA et moi avons la même passion du cinéma amateur et la même volonté de partager ce patrimoine.

         

         

        [1] HJ pour Hitler Jugend : il s’agit des Jeunesses Hitlériennes, organismes de jeunesse nazis, obligatoires à partir de 1942 pour tous les jeunes Alsaciens de 10 à 18 ans, comme pour les jeunes Allemands du Troisième Reich. Cf https://rhinedits.u-strasbg.fr/w/index.php/Jeunesses_hitl%C3%A9riennes_(0021FN0003).

        [2] Le NSKK était une organisation paramilitaire nazie en charge des transports.

      • Publié le 04/09/2023

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