Mai 68 à Strasbourg
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Tourné dans le vif du mouvement social qui agite le mois de mai 1968 à Strasbourg, ce film particulièrement immersif constitue une archive d’une grande rareté. Il présente tour à tour les différents moments contestataires, plus ou moins violents, qui opposent les mouvements progressistes et réactionnaires dans la capitale européenne. Armé de sa caméra 16mm, Roman Pfeiffer, étudiant en pharmacie (disparu très peu de temps après), se fait le reporter très investi de cette séquence politique extraordinaire.
Il se rend d’abord le 24 mai sur le pont de l’Europe lors de la manifestation qui réunit des milliers d’étudiants franco-allemands en réaction à l’interdiction d’entrer sur le territoire de Daniel Cohn-Bendit, bloqué en Allemagne. Les barricades, banderoles syndicales militantes et slogans révolutionnaires inscrits sur les murs des universités sont tant de signes qui attestent de la présence des revendications sociales et morales à Strasbourg, insufflées par la lutte qui se déroule principalement à Paris. On reconnaît aussi l’influence du mouvement situationniste qui, bien que minoritaire, se traduit notamment dans le slogan « A bas la société spectaculaire et marchande » inscrit sur le Palais universitaire occupé par les étudiants depuis le 10 mai. Le film témoigne surtout de la forte opposition que suscite le mouvement social et étudiant, que ce soit venant des forces de l’ordre ou bien des mouvements gaullistes anti-insurrectionnels. En effet, les Alsacien.ne.s encore traumatisés par la Guerre soutiennent massivement le Général de Gaulle et se montrent très récalcitrants vis-à-vis de la révolte « rouge ». Roman Pfeiffer filme les manifestations organisées par l’OFAC et par l’UNR (Union pour la Nouvelle République) depuis l’intérieur de la foule en colère. En première ligne, on y voit notamment André Bord, leader du mouvement d’opposition et député UNR, entouré de ses compatriotes. C’est lui qui appelle à la création du comité d’Action Civique, qui organise le 1er juin une grande manifestation dans les rues de Strasbourg. Celle-ci se finit sur le parvis du Palais de l’Université occupé et constitue un moment violent de la confrontation idéologique entre étudiants et gaullistes. Vitres brisées, étudiants blessés, débats virulents… la séquence saccadée filmée dans le feu de l’action montre l’importance des tensions qui se clôturent par un incendie des caves de l’Université. Multipliant les points de vue, ce film au rythme effréné présente tous les acteurs d’une lutte sociale qui secoua la ville de Strasbourg pendant quelques semaines.
- Réalisateur.ice.sRoman PFEIFFER
- Année(s)1968 précisément
- Lieu(x)Strasbourg (67)
- Durée00:32:51
- ColorationNoir & Blanc
- FormatFilm 16 mm
- SonMuet
- CollectionChristian MAURER
- Numéro(s) de support(s)0246FS0001
Plusieurs cars et fourgons de police bloquent un pont. Une large foule de manifestants est rassemblée près de drapeaux au niveau du pont de l'Europe. Des voitures circulent, parmi lesquelles l'une qui porte une banderole "Solidarité dans la lutte pour la liberté et le progrès". Un groupe de gendarmes en képi filmés de dos, en contre-plongée [CP]. Un car bloque la route sur le pont. Plans successifs de la foule réunie sur le pont, filmée depuis plusieurs points de vue. Une fanfare circule, [PANO] sur les manifestants qui défilent sur le pont de l'Europe. [PANO] sur des voitures de police garées à l'extrémité du pont. Certains policiers courent, la tension semble monter, la caméra panote rapidement. Portrait d'un groupe de gendarmes debout devant un poste frontière (?), matraque à la main. Plusieurs plans des manifestants, photographes et gendarmes concentrés au même endroit, pas loin de l'office du tourisme. En contre-plongée [CP], vue sur des manifestants devant les drapeaux européens. En contre-plongée [CP] manifestants et voitures défilent sur les pavés. Vue depuis le sol: pieds et roues défilent devant l'opérateur. Toujours au niveau des drapeaux, des manifestants se tiennent en groupe, certains sont couchés dans l'herbe, d'autres discutent avec des policiers. L'immense foule se remet en marche. Point de vue proche sur la foule, parmi laquelle se trouvent de nombreuses manifestantes. Un autre opérateur filme avec une caméra 16mm. Plan raccord sur les mollets d’une femme. Focus sur plusieurs jeunes filles et couples en plan rapproché qui passent devant l’opérateur.
Vues sur le quai des Bateliers et la Place du Corbeau où se trouvent fourgons et barricades. Avant le Pont du Corbeau, [zoom] sur une barricade faite de chaises. Quelques personnes circulent à vélo, traversent le pont menant à l’ancienne douane. Focus sur des inscriptions sur les murs de la faculté de sciences de Strasbourg : « prof = flic », « chimistes: particules atomisées de la société capitaliste » « Refusons l’Université bourgeoise! Menons notre combat hors du champ clos de l’Université! » [zoom] sur une inscription sur les vitres de la faculté. Un cortège de manifestants défile avec une grande banderole « plein emploi », rue de la 1ère armée. [zoom] sur les banderoles de revendications « papèterie de France en grève ». Ils sont suivis par le cortège syndical, dont celui des cheminots de Bischheim. Ils portent des banderoles réclamant une augmentation. Les manifestants sont des hommes et des femmes de tous âges. Certains d’entre eux marchent à côté de leur vélo. Plans du cortège vu depuis l’arrière, qui continue d’avancer.
Plusieurs cars et fourgons de police bloquent un pont. Une large foule de manifestants est rassemblée près de drapeaux au niveau du pont de l'Europe. Des voitures circulent, parmi lesquelles l'une qui porte une banderole "Solidarité dans la lutte pour la liberté et le progrès". Un groupe de gendarmes en képi filmés de dos, en contre-plongée [CP]. Un car bloque la route sur le pont. Plans successifs de la foule réunie sur le pont, filmée depuis plusieurs points de vue. Une fanfare circule, [PANO] sur les manifestants qui défilent sur le pont de l'Europe. [PANO] sur des voitures de police garées à l'extrémité du pont. Certains policiers courent, la tension semble monter, la caméra panote rapidement. Portrait d'un groupe de gendarmes debout devant un poste frontière (?), matraque à la main. Plusieurs plans des manifestants, photographes et gendarmes concentrés au même endroit, pas loin de l'office du tourisme. En contre-plongée [CP], vue sur des manifestants devant les drapeaux européens. En contre-plongée [CP] manifestants et voitures défilent sur les pavés. Vue depuis le sol: pieds et roues défilent devant l'opérateur. Toujours au niveau des drapeaux, des manifestants se tiennent en groupe, certains sont couchés dans l'herbe, d'autres discutent avec des policiers. L'immense foule se remet en marche. Point de vue proche sur la foule, parmi laquelle se trouvent de nombreuses manifestantes. Un autre opérateur filme avec une caméra 16mm. Plan raccord sur les mollets d’une femme. Focus sur plusieurs jeunes filles et couples en plan rapproché qui passent devant l’opérateur.
Vues sur le quai des Bateliers et la Place du Corbeau où se trouvent fourgons et barricades. Avant le Pont du Corbeau, [zoom] sur une barricade faite de chaises. Quelques personnes circulent à vélo, traversent le pont menant à l’ancienne douane. Focus sur des inscriptions sur les murs de la faculté de sciences de Strasbourg : « prof = flic », « chimistes: particules atomisées de la société capitaliste » « Refusons l’Université bourgeoise! Menons notre combat hors du champ clos de l’Université! » [zoom] sur une inscription sur les vitres de la faculté. Un cortège de manifestants défile avec une grande banderole « plein emploi », rue de la 1ère armée. [zoom] sur les banderoles de revendications « papèterie de France en grève ». Ils sont suivis par le cortège syndical, dont celui des cheminots de Bischheim. Ils portent des banderoles réclamant une augmentation. Les manifestants sont des hommes et des femmes de tous âges. Certains d’entre eux marchent à côté de leur vélo. Plans du cortège vu depuis l’arrière, qui continue d’avancer.
[PANO] sur la place de la République, à côté de laquelle se tiennent des policiers. Une foule se réunit dans le jardin central, devant le monument aux morts. Des personnes âgées en costume se sont réunies pour une commémoration. Un homme porte une gerbe de fleurs. Des vétérans vêtus d’un béret et de médailles portent de grands drapeaux français et montent sur l’esplanade du monument aux morts. Plan frontal de la façade du palais du Rhin. De nombreuses personnes se tiennent sur les marches du bâtiment. Des personnalités politiques marchent au milieu de la foule et des drapeaux et semblent faire un discours. [On reconnaît le maire de Strasbourg Pierre Pflimlin ainsi que son ami Germain Muller, acteur bien connu, alors conseiller municipal] Parmi la foule se trouvent de nombreux officiers à képi. Plusieurs plans rapprochés depuis l’intérieur de la foule: des hommes discutent entre eux. Plan d’ensemble d’une contre-manifestation gaulliste [au niveau de l’ancienne Gare / marché couvert, aujourd’hui les Halles]. Plans sur des manifestants réunis non loin d'un bâtiment portant une enseigne « la solidarité paysanne d’Alsace ». Une banderole portant une croix de Lorraine et l’inscription « Jeune groupe UNR Wissembourg » s’élève au dessus d’un cortège. [zoom] sur une banderole « Oui à De Gaulle » au milieu d’une foule majoritairement masculine. On voit aussi la banderole « union des jeunes pour le progrès ». Plusieurs plans au même endroit, devant l’ancienne Gare. Portrait d’une femme de dos. De face, on la voit montrer quelque chose du doigt. Sur une avenue, des hommes se tiennent debout et assis sur le capot d’une voiture en mouvement et agitent des drapeaux gaullistes. Ils sont suivis d’un cortège de gradés agitant leurs drapeaux et de rangées d’hommes en costume. Plan frontal du cortège gaulliste avec en première ligne les personnalités politiques bras dessus bras dessous, suivis d’une foule et des banderoles pro-de Gaulle. Plans du défilé du cortège depuis l’intérieur. Ceux qui se tiennent près de la banderole « Oui à de Gaulle » défilent devant la caméra en chantant. Plans successifs très brefs de la manifestation gaulliste dans la rue du 22 novembre. En plan rapproché, portrait des manifestants gaullistes qui défilent en chantant, certains agitant de petits drapeaux français. On voit d'autres banderoles : « Hommage au Commissaire Lacroix », « Réforme: oui Anarchie: non ». [zoom] sur le mollet d’une femme au milieu de la foule.
[Zoom] sur le frontispice du Palais universitaire de Strasbourg, « Litteris et patriae ». Plans brefs de manifestants et de voitures arrivant sur la place de l’université. La caméra bouge beaucoup, il y a de l’agitation. Plusieurs plans de confrontation entre la police et des manifestants. Un homme vocifère contre les gendarmes. [PANO] sur la foule munie de drapeaux français et les gendarmes tentant de les contenir. Les plans sont brefs et non cadrés car l’opérateur est dans le feu de l’action. La foule se met à courir sur la place de l’Université. Un grand nombre d’opposants à l’occupation de l’Université se tient sur les marches et tentent d’entrer. Les policiers leur font rempart. Il y a de l’agitation, des altercations. La foule crie et lance des pavés en direction de l’Université. Succession de plans très brefs de cette scène mouvementée. Portrait d’une femme agitant fièrement un grand drapeau gaulliste sur le parvis de l’Université. On aperçoit des étudiants derrière une vitre brisée du bâtiment. Un mouvement de foule hors de la place. Portrait des manifestants gaullistes vociférant en direction de l’entrée de l’Université. L’un d’entre eux est blessé à la tête. Plusieurs plans très brefs sur la foule en colère. Toujours sur la place, les gendarmes font une chaîne pour faire barrage aux opposants. Quelques personnes jettent des pierres sur l’Université. Plans depuis l’intérieur de la foule. Des hommes sont montés sur le bâtiment et tentent probablement d’entrer par une fenêtre brisée. D’autres poussent à l’entrée. La foule est toujours aussi compacte. [Zoom] sur la main d’un homme, remplie de cailloux. On retrouve la femme qui agite son grand drapeau gaulliste devant une ligne de policiers, sur les marches de l’Université. Quelques jeunes hommes grimpent sur le bâtiment. Des plans très brefs de l’agitation dans la foule. Un homme blessé quitte les lieux, accompagné par des secouristes casqués. Vue sur le toit de l’Université occupée, sur lequel se dressent un drapeau rouge et un drapeau français superposés. Les fourgons et les voitures stationnées en file indienne. Des étudiants regardent la foule depuis les fenêtres ouvertes de l’Université. Des secouristes évacuent des individus dans une ambulance, devant la foule et les policiers. Plans dans la foule, des manifestants débattent et attendent en regardant au-dessus d’eux. Focus en contre-plongée sur le toit de l’Université, où des étudiants se tiennent derrière les statues du frontispice. Contre-champ en plongée depuis le point de vue du toit, où des étudiants sont assis. Depuis le toit de l’Université, [PANO] en plan large sur la foule réunie sur le parvis. Retour en bas du bâtiment, où la foule des manifestants gaullistes est encore plus compacte. Une foule de jeunes gens regarde les étudiants qui se tiennent sur le toit. [Zoom] et [PANO] dans la masse d’individus statiques. Vue sur le frontispice, où se dresse un drapeau (déchiré ?). Plan sur l’événement depuis un point de vue périphérique : au premier plan, une femme berce un bébé dans un petit square de la place de l’Université, un peu à l’écart. En plan serré, plusieurs personnes discutent/ négocient au niveau de l’entrée de l’université, devant les policiers. Une femme débat avec un homme plus âgé. Vue sur le balcon de l’Université, où se tiennent les responsables administratifs (probablement le recteur et le doyen) de l’Université, en plein discours. Une grande banderole « Université autonome » est accrochée sur le balcon. [PANO] sur la foule attentive. Plans sous-exposés sur la place, la nuit tombe. Vue sur la façade de l’Université puis sur le toit où se tient une quinzaine d’étudiants, aux côtés de leur drapeau. [00 :23 :39 :02 ] Probablement le jour suivant. [Zoom] sur la place de l’Université depuis l’intérieur du bâtiment, au travers d’une vitre brisée. Dans la cour de l’Université, une inscription à la craie sur un tableau noir indique : « Bureau du Doyen de Théologie Pro : Visite guidée du bureau saccagé par le Comité d’Action Civique Alsacien ». (Quelques défauts de développement obstruent l’image de traînées noires). Un tract du Comité d’Action Civique appelle au rassemblement le 1er juin à 16h30 Place des Halles. Des immeubles du centre-ville puis la plaque de la rue du Marché aux Vieux Grains. [Dézoom] sur l’Université occupée, sur laquelle sont affichées de nouvelles banderoles et revendications : « Flins on tue les ouvriers , Strasbourg on remonte le drapeau rouge », « Révolution culturelle et structurelle » « occupation des usines », « fin de l’Université », « vive les conseils ouvriers », « à bas les chefs » puis [PANO] vertical sur le toit de l’université, où flotte le drapeau rouge. La caméra suit une femme avec son chien sur le parvis de l’Université, où sont garées des voitures. Plans flous d’étudiants qui sortent de l’Université. Des slogans y sont inscrits : « Ne dites plus ‘université’, dites ‘racket’ » , « Prenez vos désirs pour la réalité », « A bas la société spectaculaire et marchande », « Abolition de la société des classes ». [PANO] sur la façade l’Université avec ses inscriptions. Quelques personnes sont réunies devant le bâtiment. [Zoom] sur le balcon où est affiché une nouvelle banderole informant d’une manifestation de solidarité avec les métallos. [Zoom] sur le drapeau rouge, sur le toit de l’Université. Des étudiants sont réunis dans la cour du Palais de l’Université pour une assemblée. Ils sont assis en cercle par terre et écoutent un homme parler. On distingue de grandes inscriptions directement sur les pavés de la cour. Plan rapproché de l’homme qui s’adresse aux étudiants. Ils se lèvent et se dispersent. Plans au dehors, sur la place de l’Université où une foule est réunie. De nombreuses personnes quittent la place. [PANO] Des groupes d’étudiants sont assis sur le pavé, sur la place de l’Université. Plusieurs plans de la circulation, les voitures sont bloquées par des étudiants assis sur le carrefour de la place. Les forces de l’ordre arrivent par le pont de l’Auvergne et se dirigent vers le sit-in. Séquence d’altercation violente entre les forces de l’ordre et les manifestants, qui sont soulevés de force et traînés sur le pavé. La foule et les policiers sur la place, vus depuis l’arrière. Les bus et les voitures circulent à nouveau sur le quai du Maire Dietrich. Plan rapproché d’un gendarme qui rit avec ses collègues. Les gendarmes à képi surveillent la foule depuis l’arrière. Un groupe de policiers emmène un manifestant. Plans sous-exposés depuis l’intérieur de l’Université, où des étudiants regardent au dehors. Plusieurs vues sous-exposées de la place. Vue sur le Palais de l’Université, à la nuit tombée, avec des occupants au balcon. Des personnes circulent toujours sur la place. L’université est éclairée de l’intérieur. Les phares des voitures et des cars illuminent le pavé mais le reste est illisible. [Zoom] sur un incendie à l’intérieur de l’Université. De la fumée sort des arches, devant les grilles. Un camion de pompiers est garé, son gyrophare allumé. [zoom] sur le feu à l’intérieur du palais de l’Université. [00 :31 :14 :18] De jour : Focus sur les pieds nus d’un homme allongé sur une pelouse. [Zoom] sur la façade du Palais de l’Université, où des occupants ont accroché une nouvelle bannière : « Nous étudiants de l’U.A.S considérons que le drapeau tricolore n’est pas l’apanage d’un groupuscule fasciste mais l’emblème de la révolution française ». [Zoom] sur la façade puis [PANO vertical] sur le toit, où se dresse le drapeau tricolore. En plongée depuis le toit, vue sur la place de l’Université et l’avenue de la Liberté, vidées de la foule. Les voitures circulent, on voit des fourgons de police, [zoom] sur le Palais du Rhin. Sur le balcon, des jeunes gens retirent la banderole. Ils semblent être en compagnie des instances de l’Université. Ils sortent sur le parvis. Un homme sert la main d’une femme. Le drapeau tricolore est redescendu.