Un projet de création audiovisuelle mené au sein du Quartier Mineurs de la Maison d'Arrêt de Strasbourg en 2024

 

«  Interroger le collectif depuis sa cellule individuelle, puiser dans le passé des archives et se projeter dans le futur. »

 

Le projet Archi-vives, des images pour se raconter prend la forme d’une série d'ateliers de création audiovisuelle au mois d'avril 2024 au sein du quartier mineurs de la Maison d'arrêt de Strasbourg. Le projet a été proposé à quatre groupes composés de deux à quatre personnes mineures, âgées entre 14 et 17 ans. En partant des collections de MIRA, ils ont produit ensemble une œuvre artistique singulière. Ils ont pu également s’initier aux pratiques de tournage et de montage dans le cadre de l’éducation aux médias et à l’information tout en développant leur sensibilité esthétique et leur esprit critique. 

Eléonore Cheynet, réalisatrice documentaire et artiste, a accompagné les séances de médiation et de création avec les participants du projet du 02 au 17 avril 2024 à la Maison d'arrêt de Strasbourg.

 

« Interroger le collectif depuis sa cellule individuelle, puiser dans le passé des archives et se projeter dans le futur.L’atelier de création Archi-vives s’est construit autour d’une archive datant de 1961 représentant un groupe d’adolescents alsaciens en colonie de vacances en Corse. L’archive a suscité de l’intérêt chez les jeunes détenus. Un premier travail d’écriture a permis de donner une forme aux réactions et d’ouvrir un champ plus vaste, évoquant le quotidien de l’enfermement et les espoirs qu’il suscite. 

 

Jean Barthomeuf, fonds AEP Chavannes-sur-l'Étang © MIRA

 

« Le soleil, les vacances, le camping, la plage, les sorties, la fête, la randonnée. En voyant ça, j'ai quelques souvenirs nostalgiques des vacances que j'ai passées. Les images sont difficiles à regarder car je suis enfermé. » 
D. 03/04/2024

« Dehors : Soleil, profiter de la liberté, manger ce que j'ai envie de manger, voyager, grasse matinée…
Ici : prise de tête, faire les 100 pas, parler à la fenêtre, aller au parloir, nuit trop courte, la fatigue. 
Et toujours répéter la même chose aux psychologues. 
Au début c'est dur, avec le temps on s'habitue. »
G. 05/04/2024

Les participants ont lu le texte de leurs camarades et par un procédé d’échanges et d’allers-retours, les textes ont été modifiés, complétés et enregistrés. Les textes ont trouvés échos dans les images d’archives et par des images fragmentaires tournées dans la maison d’arrêt. Une première phase de montage avec chaque jeune a permis de créer des associations textes-images et ainsi faire naître un film où des voix multiples naviguent entre les lieux et les époques. »
 

« On supporte pas l’enfermement ici en général, on dit « je veux sortir », moi j’attends patiemment. »
S. 05/04/2024

« Je ne sais même plus ce que c'est la vie dehors, je n'ai même plus d'image. »
D. 05/042024

 

Extraits de textes écrits dans le cadre de l’atelier.
Texte de présentation : Eléonore Cheynet, réalisatrice intervenante.
Une première version du montage sera visionnée avec les réalisateurs courant mai, après quoi l’administration pénitentiaire sera sollicitée pour donner son accord pour une diffusion plus large.

 

Intervenante audiovisuelle :
Réalisatrice documentaire et artiste, Eléonore Cheynet s'est formée en art vidéo à la Haute École des Arts du Rhin et en cinéma documentaire de création à Lussas. Elle est engagée depuis 2010 dans la transmission et la pratique collective du cinéma dans des contextes d’éducation populaire et participe notamment à la série documentaire « Le quartier par mes yeux ». Par ailleurs, elle participe au projet Mémoire et films anciens porté par MIRA,  pour glaner des récits de vie particuliers et tenter de saisir quelque chose de l’ensemble du territoire Alsacien. Elle accompagne les élèves sur le projet File ta bobine ! pour transmettre quelque chose de l’histoire et de la beauté des images d’archives et laisser parler les imaginaires. Et a réalisé deux portraits documentaires dans le cadre du projet Alsace-Algérie, histoires et images de l’intime.

 

Un projet soutenu par la DRAC Grand Est dans le cadre de l'appel à projets Culture & Justice, la Protection Judiciaire de la Jeunesse du Bas-Rhin et le dispositif Passeurs d'images.